Cette année, deux albums sont particulièrement attendus par les amateurs de brutal death.
Illud Divinum Insanus de Morbid Angel et
Orgy Of Murder de Gorgasm. Si les commentaires sur le premier n'en finissent plus de faire craindre le pire, le suspens est terminé depuis le 15 mars dernier en ce qui concerne le nouvel album de l'ex-combo de Chicago. Tout le monde se rappelle de la discographie exemplaire des Américains qui nous laissaient en plan sur un promo 2 titres annonçant un album encore plus ultime que
Masticate To Dominate. Finalement, il n'y aura pas d'album mais un split qui laisse une scène orpheline d'un de ses plus glorieux représentants. Un an plus tard, l'annonce d'une reformation redonne le sourire à tous les fans. On va enfin pouvoir l'écouter cet album! Gorgasm, désormais composé de trois membres de Human Filleted (enfin deux ex plus le chanteur/guitariste Kyle Christman à la batterie) aux côtés de Damian "Tom" Leski, signe dans la foulée chez Brutal Bands.
Orgy Of Murder sortira donc en mars mais ne contiendra aucun morceau composé pour l'album qui n'a jamais vu le jour.
Passée la déception de ne pas avoir
"Destined To Violate" et "Visceral Discharge" dans la tracklist, une question existentielle se pose. Gorgasm est-il encore vraiment Gorgasm alors que le line-up a été chamboulé à 75%, ne laissant que Leski comme seul survivant, surtout qu'à côté Peshmerga rassemble trois quarts du line-up de
Stabwound Intercourse et n'a pas démérité avec le fort sympathique
Murderous Acts Of Cruelty? Les remplaçants venant tous de Human Filleted, groupe qui a sorti l'année dernière le très bon
Blunt Force Embludgeonment à la saveur gorgasmique justement, on pouvait penser le contraire. Qu'en est-il réellement? Thrashocore vous dit tout!
Pour tout vous avouer, les premières écoutes furent délicates. Au-delà de la pochette nullissime, la pire qu'ait jamais proposée Gorgasm (il y avait du niveau pourtant!), c'est d'abord l'évolution musicale du groupe qui me tarabuste. Car oui, évolution il y a. Rien de fondamentalement différent mais c'est suffisant pour me faire grincer des dents, surtout au début. Le brutal death de la formation, jadis habile combinaison de brutalité, de groove, de mélodie et de technicité, s'oriente désormais nettement du côté groove/slam de la Force. Une direction plus simpliste qui rend du coup la musique de Gorgasm plus classique. Limite banale j'ai envie de dire. Un comble pour un groupe qui se détachait clairement de la masse grâce à un sens du riff et de la composition très supérieur à la moyenne. Voilà le gros point noir d'
Orgy Of Murder. Où sont passées ces mélodies vicieuses qui accompagnaient les riffs véloces et les blasts? Elles ont pratiquement disparu pour laisser la place à une musique moins recherchée, plus basique. Le fait que l'album n'atteigne même pas la demi-heure et que seuls deux titres sur onze dépassent les trois minutes vont dans le même sens: l'impression que Gorgasm ne s'est pas trop foulé. Le combo a toujours pondu des titres très courts (rappelez-vous de
Bleeding Profusely notamment) mais l'inspiration était suffisante pour ne pas y prêter trop attention. Ici, ça fait plus mal aux fesses, surtout sept ans après le dernier album! Et les rares "loupés" de
Masticate To Dominate, à savoir la basse moins proéminente et le chant à deux seulement n'ont pas non plus été rattrapés. La quatre-cordes est d'ailleurs encore moins audible (on l'entend un peu au début d'"Exhibit of Repugnance" mais c'est à peu près tout) et le chant est à nouveau pris en charge par un duo, ici Damian Leski/Anthony Voight. On regrette encore un peu plus la triplette Tangalos/Leski/Powell qui faisait un tel malheur!
Amer le Keyser? Oui, mais l'amertume a peu à peu fait place à un constat contre lequel ma mauvaise foi ne pouvait rien. Malgré toutes les saloperies que je viens de dire,
Orgy Of Murder bute des culs! Déjà, rien à redire sur la production, parfaite en tout point. On appréciera en particulier le son de batterie non artificiel qui pète bien, rendant les blast-beats d'autant plus jouissifs. Hé oui, des blast-beats, il y en a encore, plein même. Si Gorgasm a décidé de groover plus qu'à l'accoutumée sur ce troisième full-length, il n'en a pas pour autant oublié certains fondamentaux. Blasts ou semi-blasts super fast (contrairement à la plupart des groupes de brutal death US chez lesquels ceux-ci sont plus lourdauds qu'autre chose) à presque tous les coins de riffs, rythmiques thrashies accélérées entraînantes, les Américains ont gardé une vitesse de jeu conséquente et n'ont pas trop perdu en brutalité/intensité malgré la présence plus marquée de mid-tempi slammisants gras et lourds. Des slam parts qui passent de toute façon très bien pour peu qu'on apprécie l'exercice, d'autant qu'elles ne sont pas non plus sur-utilisées. Idem pour les vocaux. Terminé le chant à trois mais le duo Leski/Voight s'en sort très honorablement, avec un débit souvent bien rapide (le début de "Dirty Cunt Beatdown" vous laissera pantois). A noter par ailleurs les guest vocals de Pascal d'Amagortis ("Dirty Cunt Beatdown") et Shaun de Putrid Pile ("Scourge Of The Christians"). Concernant le côté mélodique, il a bien été mis de côté mais n'a pas été totalement abandonné. Ce qui reste s'avère d'ailleurs de très bon niveau: le riff mélodique de "Dirty Cunt Beatdown" à 1'16, le tremolo d'"Infection Induced Erection" à 0'52, la petite touche sombre sur "Exhibit Of Repugnance" à 0'36 ainsi que son riff énorme à 3'12 (l'un des temps forts de l'opus), le break lent et calme de "Scourge Of The Christians" sur le "refrain", la lead sombre de "Silence Follows Dismemberment" sur la slam part...on retrouve même quelques traces de solos comme sur le titre d'ouverture "Bloodlust". Gorgasm n'a ainsi pas complètement perdu son identité et sa patte reste reconnaissable sur chaque riff, chaque changement de rythme, chaque partie de chant. On a aussi le droit à quelques samples mettant à nouveau à mal de pauvres femmes, samples qui vont de paire avec des paroles toujours aussi misogynes (après tout, elles n'ont que ce qu'elles méritent ces salopes!) et des titres de morceau particulièrement savoureux dont "Dirty Cunt Beatdown" "Decapitation Sodomy", "Cum Inside The Carcass", "Erotic Dislimbing", "Silence Follows Dismemberment" ou mon préféré "Axe To Mouth".
Du coup, il n'est pas si mauvais ce
Orgy Of Murder. Il est même très bon. S'il n'y avait pas marqué Gorgasm dessus, nul doute que j'aurais applaudi des deux mains. Titres courts plein de changements de rythme, riffs canons, légère trace mélodique appréciable, groove omniprésent, double chant au flow impressionnant, slam parts huileuses, blast-beats à foison, production irréprochable, l'album de reformation d'un des groupes les plus séduisants de la scène brutal death US est indéniablement une réussite, une démonstration d'efficacité par une brutalité inspirée. Néanmoins, cette chronique contrastée reflète mon état d'esprit encore tiraillé entre ces deux constats. D'un côté l'album démonte sévère mais de l'autre, Gorgasm a perdu de son charme en choisissant une direction plus générique. Aucun des titres d'
Orgy Of Murder n'arrive ainsi à la cheville de
"Destined To Violate" et "Visceral Discharge". Moi qui m'attendais à un niveau d'excellence similaire, j'en prends pour mon grade. Après avoir pesé le pour et le contre toutefois, j'ai choisi l'optimisme.
Orgy Of Murder sera sans aucun doute l'un des albums de brutal death de l'année, parce que même du Gorgasm un peu facile, ça reste bien au-dessus de toutes les merdes qui pullulent sur le marché. Welcome back!
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