Après trois démos parues quasiment coup sur coup (la première fin 2021, les deux suivantes en 2022) et une compilation les regroupant sortie dans la foulée (
An Exploration Of Burial Perversions sortie en janvier 2023), on aurait pu penser que les Allemands de Putridarium chercheraient un petit peu à calmer le jeu... C’était mal les connaitre puisqu’après un split en compagnie des Américains d’Ancient Death paru l’année dernière sur Necroharmonic Productions, le groupe originaire de Marburg a sorti ces dernières semaines un second split cette fois-ci aux côté des Espagnols de Trollcave mais aussi et surtout un premier album sous les couleurs de Night Terrors Records et Headsplit Records.
Intitulé
Necrologia Del Sadismo: Excerpts From A Deranged Mind, celui-ci est illustré par l’artiste espagnole María Panizo dont on a déjà parlé ici à l’occasion du EP
Carne Umana des Italiens de Tenebro. La dame signe à cette occasion une oeuvre colorée particulièrement plaisante qui là encore pue les séries B horrifiques de la fin des années 70. Un charme rance et désuet qui colle à merveille à ce genre de Death / Doom putride et dégoulinant dont se délecte la formation allemande. Pour ce qui est de la production, Putridarium a fait appel aux talents de leur compatriote Christian Erkens (Atlas Ablaze, Cambion, Into Coffin, Nekus, Reckless Manslaughter...). Un choix qui va s’avérer pertinent à l’écoute de ces dix nouvelles compositions puisqu’effectivement les Allemands font ici un véritable pas en avant sur le sujet (en tout cas comparativement aux productions de leurs trois premières démos bien plus granuleuses et rudimentaires).
D’un point de vue purement musical,
Necrologia Del Sadismo: Excerpts From A Deranged Mind n’est fondamentalement pas bien différent des quelques démos auxquelles il succède. Cependant, si vous êtes du genre à prêter attention aux moindres petits détails, peut-être aurez-vous remarqué qu’avec seulement deux titres en moins (dix morceaux ici contre douze pour
An Exploration Of Burial Perversions), ce premier album affiche une durée de seulement quarante minutes contre soixante pour cette fameuse compilation. Vingt minutes d’écart qui s’explique par des compositions sensiblement plus directes (un seul titre au-dessus de la barre des six minutes) ainsi que par deux compositions instrumentales ("Ossario Nelle Grida" et "L’Ultima Processione") faisant respectivement office d’interlude et de conclusion dans un esprit giallo tout à fait sympathique (notamment "Ossario Nelle Grida" que je trouve très réussi).
Doté d’une production plus propre et composé de morceaux globalement un petit peu plus courts,
Necrologia Del Sadismo: Excerpts From A Deranged Mind pourrait légitimement laisser croire que Putridarium a perdu une grande partie de ce qui faisait son charme jusque-là... Certes, le son est effectivement moins croustillant qu’il ne l’a été mais rassurez-vous, l’ambiance n’en est pas moins délétère et faisandée pour autant. D’ailleurs, comme je le laissais entendre un petit peu plus haut, rien n’a véritablement changé du côté des Allemands puisque ces nouvelles compositions s’inscrivent toujours dans le registre d’un Death / Doom putride opéré selon une formule cousue de fil blanc.
Comme on pouvait donc s’y attendre, ce nouvel album n’est une fois de plus qu’une succession de séquences plombées qui puent la mort et la décomposition ("Raped, Hacked & Fucked" à 3:10, "Torture Persecution" à 0:25, le premier quart de "Wretched Carcass", "Beheaded Screams", le début de "Necrophilic Impetus", "Stripped To The Bones"...), d’accélérations tantôt tranquilles ("Raped, Hacked & Fucked" à 2:02, "Torture Persecution" à 0:45, "Wretched Carcass" à 1:30, "Postmortal Defloration" à 1:25, "Necrophilic Impetus" à 1:16...) tantôt beaucoup plus soutenues (les quarante premières secondes de "Raped, Hacked & Fucked" ou plus loin à compter de 1:41, "Maggots Reign" à 1:18 et 2:54, "Wretched Carcass" à 1:38 et 3:43, "Necrophilic Impetus" à 1:25...) et d’instants chavirés au groove toujours aussi dégoulinant ("Raped, Hacked & Fucked" à 1:00, "Maggots Reign" et son riff principal particulièrement entêtant, "Postmortal Defloration" à 1:24, "Necrophilic Impetus" à 4:01). Si sur le papier tout cela peut sembler convenu et peu excitant, le fait que Putridarium fasse son travail avec passion, conviction et un certain talent rend une fois de plus ces quelques titres particulièrement convaincants et cela dans un genre qui, on le sait, est extrêmement balisé.
Comme souvent, ni moi ni personne n’iront crier au génie à l’écoute de
Necrologia Del Sadismo: Excerpts From A Deranged Mind et de ses dix titres qui suintent le cadavre en décomposition. Pour autant, cela ne devrait pas vous empêcher de passer un bon moment en compagnie de ces Allemands qui à défaut de se montrer particulièrement novateurs avec leur Death / Doom baveux et dégoulinant nous offrent des compositions suffisamment bien ficelées pour rendre chaque écoute extrêmement savoureuse. Alors non, ce premier album ne fera pas date dans l’histoire des musiques extrêmes mais on ne boudera pas notre plaisir pour autant, bien au contraire.
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