J’aime beaucoup Funeral Mist. Et quand je dis beaucoup, c’est beaucoup-beaucoup – je parle de
Maranatha hein, parce que
Salvation faut dire ce qu’y est, passés « Circle Of Eyes » et Bergman y a pas grand-chose. Alors qu’Arioch qui donne dans l’anté-gospel, ça te prend comme peu réussissent à le faire ! Seulement, un petit regret se cache parfois sous la déférence : cette modernité, ces dorures qui allient la flamme à l’élevée ne sont pas dérangeantes (au contraire), en revanche, pourquoi son dieu est-il si apaisant ? Ne doit-il pas être moche et instigateur de tourment, goguenard, titubant, dépérir de sa propre saleté ? Le leader de Marduk est suédois et, de fait, aime les choses rondement menées. Aaaah, qu’est-ce que cela aurait-été s’il était né anglais !
À cela, le dernier album de Ramesses peut s’assimiler à une réponse tant il repose sur cette même vénération oui, mais guidée vers le sol. Une réponse inespérée au point de remettre les compteurs à zéro entre le trio de Dorset et moi, trouvant ses créations antérieures originales bien que manquant d’accroche (j’ai changé d’avis depuis, notamment sur
Misanthropic Alchemy). À ma décharge, le groupe est aussi difficile à cataloguer – Toi et ta pancarte « Electric Wizard » vous filez, c’est pas l’endroit – qu’à approcher avec ses sorties multiples et son doom/death à la mollesse éreintante. Je n’attendais pas
Possessed By The Rise of Magik et il a fallu de nombreux messages enthousiastes de connaissances au bon goût certifié pour que j’ose y plonger. La suite a heureusement emprunté moins de détours (une déflagration nommée « Invisible Ritual », directe telle un power dump) !
Ce qui frappe d’abord est l’alchimie régnant entre les trois doomsters. Débarrassé de ses clins d’œil à Lovecraft ou l’esthétisme nazi/zombie de
Take The Curse, Ramesses se dénude, oublie toute production (son RAW AS FUCK – ce qui n’empêchent pas instruments, voix et effets d’être pleinement audibles sous les craquements !), préférant s’enfoncer en bavant de bêtise et appétit que polir, retravailler, choyer un auditeur qu’il veut voir malmené. Il enregistre les morceaux en deux jours, vise un rituel cru dans son interprétation (« Duel » où le grésillant répété devient fumée par exemple). Ce choix divisera les amateurs des précédents jets moins brouillon-brouillard ainsi que ceux critiquant le chant clair d’Adam Richardson, ce dernier reléguant les shrieks et growls au rang d’appuis à des vocalises nasillardes et nonchalantes. Sa prestation parcourue de lignes descendantes ou rauques est à rapprocher d’un Robert Smith (The Cure) en soutane, le pinard à la main, ou le chanteur de l’éphémère The Gault Ed Kunakemakorn dans une version clocharde, rongée par une rouille attaquant le larynx. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne rend pas son occultisme enivrant à la manière du dernier The Wounded Kings (
In The Chapel Of The Black Hand) mais le congestionne d’une douleur languissante lui apportant une horrible véracité. Entre les détracteurs et adorateurs, ai-je vraiment besoin de préciser où je me situe ? Abdication puis adoration, évidemment !
L’EP
Chrome Pineal présentait une direction plus mélodique pour les Anglais. Elle se retrouve le long de l’œuvre, un titre comme « Plague Bleak » et ses leads à tiroirs étant inimaginable il y a peu de temps. La formation semble parfois improvisée (ou maitrise constamment ? Tout est si spontané et à sa place, difficile de savoir…) mais n’oublie jamais de donner une destination à ses compositions (chacune regorge d’idées et d’embranchements surprenants à l’image d’un « Sol Nocivo » pendillant puis éclatant de lascivité) ainsi qu'à l'ensemble (les onze minutes de l’éponyme en guise de pinacle, un Mark Greening jusque-là discret devenant terrassant par un jeu à la limite du proto-indus moribond de Laurence Tolhurst – The Cure, encore). Malgré cette variété de surface, n’espère rien d’autre que ce que l’illustration en haut à droite de ce texte promet : de la poussière, de l’hostile et de l’hébété avec Lui en filigrane. Qu’il se fasse noir sur un « Invisible Ritual » à la puissance proche d’un « Ramesses Part. 1 » ou blanc d’insomnie sur l’âpre « Safety In Numbness », Ramesses transforme ces non-couleurs en nuances de gris sans lyrisme déplacé, tout au plus celui des parkings rendus glauques par le désert des dimanches soirs.
J’ai retardé la chronique de ce disque, hésitant entre la déclaration impudique sur son atmosphère hors-cadre distillant son poison longtemps après l’écoute ou l’expression se suffisant à elle-même genre « Du doom/death mélangeant satanisme et viscéral à la
Pornography ! Fonce camarade ou fuis malheureux, peu importe, impossible d’y échapper ! ». Il faut avouer que l’essai est légèrement inégal, non dans sa progression t’entrainant de plus en plus dans son abattement mais par touches, un « Duel » à la fin un peu tardive, un « Tower Of Silence » moins saisissant que les morceaux l’englobant. Il arrive pourtant à survoler une année déjà caviardée d’excellentes sorties catégorie poids lourd grâce à son étrangeté, le morne se mêlant à l’attaque dans une déprime menaçante. Possessed… indeed.
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