Des albums lovecraftiens, il y en a beaucoup dans le metal. Au point qu'on a un peu oublié ce que cet univers est supposé invoquer de terrifiant. Au point de voir dans ces images monstrueuses des choses amies.
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Misanthropic Alchemy, qui rappelle que le monde de Howard n'est pas un songe où errer en invité. Vous aimez ces illustrations baveuses joliment dessinées ? Vous aimez cette musique qui fait croire que l'on est un dieu oublié parmi les dieux oubliés ? Pas de chance : Ramesses dit que nous ne sommes que des vermisseaux en ces lieux fantasmés, des infectés au pays de l'infect, transformant nos bronches en tentacules de goudron.
Certes, il est au départ difficile de pénétrer ces terres.
Misanthropic Alchemy fait tout pour être rebutant. Misanthrope, il l'est aussi avec celui qui l'écoute, étalant des riffs qui ne cherchent pas à emmener avec eux, une voix prise dans son délire solitaire, une batterie qui file et défile sans regarder autour d'elle. Au-delà d'un « Ramesses Part 1 » efficace, rien de nerveux sur ces quarante-huit minutes. Simplement des dégueulis de notes, préfigurant déjà le délitement alcoolique que sera
Possessed By The Rise Of Magik. On ne soumet pas ici. On ne se présente même pas d'égal à égal. On glisse continuellement, dans un abîme sans fond.
L'alchimie vient, pourtant. Elle arrive de ces rythmes entêtants, de ce chant qui ânonne et intoxique, de cette couleur qui est comme de l'or terne, nous emprisonnant dans un rite dont l'objectif est de salir. C'est bien la réussite de ce disque : de donner à voir les Grands Anciens mais aussi ceux qui les appellent, le lien entre le monde du Dehors et celui où ses fanatiques évoluent, les figures dégoulinantes et les maisons insalubres de leurs sordides serviteurs, leurs esprits tristes et empoisonnés.
On peut bien penser à Electric Wizard à l'écoute de ce groove clapotant ou de ces quelques samples de vieux films d'horreur. Mais si le sorcier appelait à crever toutes choses, des gens à l'espace, Ramesses, lui, montre des punks dédiés au négatif ayant réussi à percer le voile nocturne et révéler les horreurs qui s'y terrent. Sans doute un peu trop longuet parfois,
Misanthropic Alchemy n'en reste pas moins une œuvre étrange, évoquant des choses connues tout en instiguant une atmosphère à-part, affreuse et défaitiste, implacable et suintante.
Quand je pense à l'ultradoom – variante désespérée de l'ultrametal –, je pense à quelques disques ; et seulement quelques disques.
Misanthropic Alchemy en fait partie.
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