Imaginez. Aarni décide de livrer le secret de son art cheap et déglingué ayant enfanté l’incompréhensible
Bathos. Grande nouvelle implique forcément grands préparatifs pour festoyer avec faireparts à faire porter, guirlandes à guirlander, gâteau à gâter et pléthores d’étranges décors de mariage à pléthorer ! Devant tant de déploiements déployés, les intrigants du doom sont intrigués : Esoteric, Ramesses en pleine
Misanthropic Alchemy, Chris Reifert et ses bandes s’amènent voir de quoi il en retourne. Une fois sur place, ils sont pourtant bien étonnés ! Rien d’autre à visiter qu’une forêt somme toute banale, une graine sur un coussin pourpre, un livre sur une poussière d’un autre monde et une cavité d’où semble sortir une complainte Tyranny-que. Bizarre, serait-ce donc là le secret du Finlandais ? Il y a pourtant ce bêlement susurré et incessant, cet air vicié, impalpable mais encollant les bronches… Enfin, pourquoi le sol paraît-il si spongieux, obligeant à avancer comme on limace ? À peine le temps pour les convives de se demander le but de cette invitation que la graine tombe dans le gouffre, jetée par la main hilare du leader d’Axis Of Perdition Brooke Johnson. La lamentation souterraine emplit alors l’espace, devient intelligible, implosion percutante de matière anti elle-même aspirant verdures, hêtres, chênes, saules n’ayant plus qu’à pleurer et silhouettes n’étant plus qu’anciennement humaines jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un seul vent persistant dans cette totalité en mutation constante, un seul vent soufflant :
Ph'nglui…
…mglw'nafh Cthulhu…
…Cthulhu R'lyeh wgah'nagl…
…fhtaaaaaagn…
Le résultat de cette union, vous n’avez pas à vous le représenter. Il est là, en haut à droite de vos yeux (ou
ici, pour mieux le contempler), dans sa ventripotence ulcérée de miasmatiques prières proférées par des religieux d’avant les religions. Hesper Payne joue du doom/death louant Lovecraft comme beaucoup avant lui mais le figure de façon unique en allant droit au dégueulasse par un rituel direct et non évasif à la manière du doom appliqué à traîner ses notes. Accrocheur ? Son départ l’est clairement car, en dépit de la glue déversée par une production suante de guitares, voix tirée du
Monotheist de Celtic Frost et effets affreux en tous genres (il n’y a pas des membres d’Axis Of Perdition dans le line-up pour rien et les claviers inarrêtables de prophétie ont même tendance à rappeler ce qu’il y a de bon dans le projet post-black des Anglais, Wodensthrone), l’optique de faire d’
Unclean Rituals la création la plus commerciale de la formation (dixit
Brooke Johnson lui-même – Oui, il a de l’humour à revendre.) se retrouve dans « Hesper Payne » et « Empty Emperor », deux morceaux implacables de gastéropodes pris d’accès de colère. Pourtant, et contrairement à ce que ses mélodies franches peuvent laisser penser au départ, ce premier essai longue-durée s’insinue par l’insidieux plutôt que l’efficacité.
Impossible en effet de réussir à surnager la poisse des compositions,
Unclean Rituals n’étant pas un album qui s’écoute pour être retenu mais glorifier la supériorité des monstres palmés. Abordables par tous mais adorables par peu, ses riffs clapotent plus qu’ils ne marquent, subissant des enchainements biscornus auprès desquels s’émousse l’attention humaine (« Mirthless Dirge Of The Toadstool Druid » par exemple). Malgré des moments jouissifs de grumeleux (le démarrage à la Autopsy de « The Dereclit Alert ») et une fin accueillante avec arpèges s’affligeant du désastre causé par les éboulements antérieurs, Hesper Payne maltraite ses créations en alignant des changements d’atmosphères à rendre fou le moins pratiquant des géomètres (la non-euclidienne « The Maiden And The Mariner ») jusqu’à ce que l'horreur d’abord grotesque absorbe la volonté avec un désir de se nourrir partagé des deux côtés.
Unclean Rituals, son nom tout indiqué et sa pochette « What you see is what you get » plairont à ceux recherchant une version musicale de leur lecture des nouvelles de Lovecraft les plus dégoulinantes. D'autre part, Hesper Payne est adepte de la cérémonie à prix libre sur son
Bandcamp bien que l’achat de la version physique est fortement conseillé, ne serait-ce que pour la bonus track « Writhing Under Redcar », à classer parmi les meilleurs titres engendrés par cette bande de dérangés. La douche obligatoire après l’écoute, par contre, sera à vos frais.
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