Nightspell - Darkwoods Enchantment
Chronique
Nightspell Darkwoods Enchantment (EP)
Malgré la guerre et les évènements tragiques qui se déroulent actuellement sur son sol l’Ukraine n’a pas dit son dernier mot et fait tout pour avoir une vie quasiment normale, preuve en est sa scène extrême qui continue d’être active et productive malgré la perte au combat de certains de ses membres actifs. Si celle-ci a toujours été réputée comme étant très qualitative l’arrivée tonitruante de NIGHTSPELL ne va faire que confirmer ce ressenti historique, car si l’on avait pu remarquer un vrai potentiel sur sa première Démo publiée l’an dernier (où apparaissaient notamment des accents Dungeon Synth très réussis), son successeur sous la forme d’un Ep va encore élever le niveau en dépouillant un peu plus sa musique pour ne garder que la fureur du Black originel. Car ce one-man band va proposer ici quatre morceaux pour une durée globale de presque vingt minutes qui sent bon la Norvège et la Finlande des années 90, vu que tout ici est old-school entre la production rugueuse et naturelle (mais néanmoins largement audible) et les influences où ça va autant des débuts de GORGOROTH et IMMORTAL que vers HORNA. Bref entre les fjords et les mille lacs le cœur du créateur de ce projet balance entre les deux pays, mais cela n’aura aucun impact sur le rendu proposé qui sera absolument excellent de bout en bout et où les ambiances lentes et rampantes prendront régulièrement le pas sur la violence et la vitesse, sans que celles-ci ne soient heureusement totalement absentes des débats.
En effet tout cela va être apparent dès le départ via l’hypnotique et répétitif « Darkwoods Enchantment » qui va proposer un rendu épique grandiose sur du mid-tempo ravageur et des riffs coupants d’une grande précision joués en boucle, qui vont nous envoyer directement dans les grandes forêts scandinaves. Tout ça avant de jouer en alternance sur des blasts débridés et quelques ralentissements lents et oppressants où la froideur atteint son paroxysme, histoire de transposer encore plus fortement la rugosité météorologique locale. Misant autant sur l’aspect guerrier et neigeux que les explosions furieuses (où le sentiment d’oppression n’est jamais très loin), cette première plage montre une écriture simple et frontale sans chichis particuliers ni fantaisies dans l’exécution... seulement du feeling, de la sincérité et de l’authenticité, chose que l’Ukrainien réussit parfaitement et sans doute inspiré par toute la hargne de ses compatriotes actuellement sur le front. Si on est ainsi immédiatement happé par cette envie de headbanguer comme de prendre les armes, la suite de cette galette va continuer sur les mêmes bases tout en prenant garde à ce que chacune des compositions aient leur propre identité, afin de ne pas donner le sentiment trop rapide de n’être qu’une répétition interchangeable. Car même si la base reste identique il va y avoir suffisamment de subtilité pour que ce sentiment n’intervienne pas trop rapidement, comme l’excellentissime « King Of The Cave » va le démontrer, vu qu’ici ça va jouer sur un grand-écart beaucoup plus accentué où la pression est continue entre passages pachydermiques à l’obscurité totale et explosions redoutables, où la vitesse montre toute son ampleur... et toujours avec cette attractivité sans bornes ni fausses notes.
Et si cette première partie voyait quand même la rapidité être là sur la seconde en revanche elle va diminuer progressivement comme « Witches Sabbath » va le prouver, en misant sur une ambiance gelée et glaciale où seuls la lune et quelques accents occultes émergent de cette nuit hivernale, où la rythmique reste coincée majoritairement sur la pédale de frein. Néanmoins elle sera relâchée à quelques reprises (voyant ainsi l’apparition de courts blasts furieux) afin de garder ce rendu rampant et ténébreux où la brume semble vouloir envelopper tout l’environnement aux alentours. D’ailleurs celle-ci va encore étendre son emprise sur le suffocant et désespéré « Mystical Shadows » où nulle trace de rapidité n’est à l’ordre du jour, sa tête-pensante préférant miser sur quelque chose d’étouffant où le bridage massif nous donne la sensation d’être pris dans une tempête de neige avec du manteau blanc jusqu’aux genoux... et même au-delà. S’inspirant encore et toujours des débuts d’Infernus et Demonaz on se retrouve également en pleine fantasmagorie comme l’a proposée récemment BLACK BEAST ou VARGRAV, pour un résultat magnétique et occulte qui prend aux tripes instantanément, concluant ainsi une œuvre de toute beauté et qui prouve que malgré la prise de risques minimale de son auteur celui-ci est suffisamment malin pour ne pas tomber dans le piège de la redondance inutile ou de la primitivité exacerbée, mais à l’intérêt finalement limité.
Du coup on aura compris qu’on a tout intérêt à se pencher attentivement sur cette réalisation plus dense qu’il n’y paraît de prime abord, qui recèle à l’intérieur beaucoup de choses qui méritent d’être découvertes et surtout étudiées avec attention. Conjuguant avec beaucoup de brio la fougue de la jeunesse et l’expérience liée à l’âge ce moyen-format montre de belles promesses pour l’avenir de son mystérieux créateur dont a déjà hâte d’entendre la suite de ses aventures sur une durée supérieure... vu qu’on sent un très gros potentiel qui n’a pas encore été totalement dévoilé. Vu comme c’est parti en tout cas on n’a pas de raison d’en douter et à l’instar des récentes publications effectuées par ASPERNAMENTUM ou encore de KRATTI on s’aperçoit que la valeur n’attend pas le nombre des années, et c’est tant mieux et surtout rassurant pour le futur de voir que l’avenir de la scène noire est d’ores et déjà assuré et qu’il se trouve entre de bonnes mains qui ne demandent qu’à continuer de s’exprimer et de créer sans pression extérieure.
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