Ashen Tomb - Ecstatic Death Reign
Chronique
Ashen Tomb Ecstatic Death Reign
Ayant été révélé il y a pratiquement deux ans avec un Ep éponyme particulièrement savoureux et apprécié le quintet basé à Helsinki est aujourd’hui enfin de retour, pour passer une étape supérieure dans sa carrière toujours très prometteuse. Si cette précédente sortie nous avait permis de découvrir l’entité et d’apprécier son mélange très réussi entre le Death/Doom typiquement local et les influences HM-2 de son voisin suédois, on sentait néanmoins qu’elle avait besoin de s’affirmer un peu plus pour pouvoir franchir un cap et ainsi se démarquer de la redoutable concurrence locale. On ne surprendra effectivement personne en disant que la Finlande est clairement à l’heure actuelle ce qui se fait de mieux en matière de Metal extrême, et que de fait s’extirper de la masse nationale est clairement un signe positif pour ses créateurs. Après avoir glané un soupçon d’expérience supplémentaire et signé chez les Italiens d’Everlasting Spew, le groupe inchangé en interne offre du coup un disque incisif et puissant qui va dévoiler de bien belles choses, et ce même si on aurait aimé un soupçon de folie supplémentaire tant on sent que les gars à force de vouloir trop s’appliquer sont un peu trop restés dans les clous, alors qu’ils avaient les moyens de pouvoir aller au-delà de ça sans pour autant se dénaturer.
Néanmoins ce long-format est très loin d’être un échec car durant quarante minutes il va nous embarquer dans un univers humide et poisseux où la lumière est quasiment absente des débats, et dont le sentiment de malaise persistant ne va pas être qu’une illusion. Pourtant au départ ce disque va véritablement surprendre avec son ouverture intitulée « Body Bog » qui va être à la fois la composition la plus courte de cet opus mais aussi la plus virulente et sauvage, vu que ça va être un déferlement de brutalité et de tabassage incessant où on est surpris d’entendre quelques relents de chant porcin discrets mais efficaces. N’oubliant pas d’alourdir son propos le résultat lorgne franchement vers le gros son débridé d’outre-Atlantique où la technique est carrément montée d’un cran, offrant ainsi une vision radicale et haineuse de la part de la formation qui ne va cependant pas continuer dans cette voie. C’est d’ailleurs dommage car le rendu était clairement intéressant (tout en restant balisé à outrance) et aurait gagné à être prolongé sur d’autres morceaux, au lieu de cela elle va revenir à sa ligne directrice entendue sur sa précédente livraison comme on va s’en rendre compte sur le froid et grassouillet « Catharsis Through Torture ». Si là encore les blasts vont avoir droit de cité ils vont néanmoins devoir cohabiter avec plus de passages médiums et lents où la patte typique du Swedeath retentit outrageusement, offrant ainsi un rendu moins viril et plus massif où les accents typiques de CORPSESSED et HOODED MENACE rôdent dans les parages, pour un résultat excellent qui gèle l’auditoire instantanément sur fond de longues nuits hivernales. Du coup il ne sera pas surprenant qu’à partir de « Ecstatic Death Reign » le gel et la glace prennent toute leur ampleur au point de brider les débats de façon encore plus marquée, vu que cette plage va encore accentuer la sensation d’écrasement mais sans y perdre son dynamisme du fait de parties où ça pousse encore sur l’accélérateur.
Mais quand arrive « Anamorphosis » l’album va tomber dans un petit passage à vide dommageable, certes rien de rédhibitoire mais l’oreille commence à se faire plus distraite car outre des longueurs inutiles et évitables ce titre bien que misant encore sur un relatif équilibre des troupes donne l’impression de se répéter à l’envie... un constat que « Ancient Tombs Sealed With Dead Tongues To Preserve The Hidden One Slumbering In The Bowels Of The Earth (Mummified In Cavernous Darkness) » ne va faire que confirmer, tant ça finit par être pépère et pantouflard. Si on note la présence de quelques arpèges coupants dans le vide sidéral pour le reste la variété proposée a un peu de mal à prendre malgré une exécution sans failles, vu qu’on aimerait que ça explose un peu plus fréquemment tant la répétition des idées semble être de mise dans le mode bridage. Heureusement cela ne va pas durer trop longtemps et avec l’arrivée de « Cave Of Staring Eyes » l’attractivité remonte d’un cran avec cette composition qui pue l’humidité et la profondeur du poids-lourd mené par Niko Matilainen où les accents tribaux se greffent idéalement à ceux plus vindicatifs et agressifs, tout en jouant allègrement les montagnes russes pour créer ainsi un rendu d’une grande densité où l’odeur du caveau côtoie celle de la neige fraîchement tombée. Après cette réussite équilibrée « Heartworming » va de son côté se contenter de reprendre les éléments déjà proposés mais mis en boîte avec panache et facilité, vu que même si ça se montre plus direct et rentre-dedans ça n’en oublie pas de proposer son lot de variations indispensables... avant que tout cela ne finisse de façon débridée et énervée sur « In Death, A Whisper ». Ici ça va faire parfaitement son office de conclusion en revenant à l’énergie entendu au départ... sans aller néanmoins aussi loin, mais s’écoutant tranquillement et avec le plaisir de retrouver de l’explosivité qui a parfois un peu manqué auparavant.
Après tout ça on ne peut que reconnaître l’application et la rigueur mises en valeur par ses créateurs dans l’écriture de cette galette qui n’est certes pas parfaite mais a quand même de quoi satisfaire le plus grand nombre, bien qu’il faudra hausser le niveau à l’avenir pour espérer devenir un nom de premier plan... tout en mettant un peu plus de couilles là-dedans. Car si c’est bien fait c’est vrai que ça traînasse un peu trop fréquemment, malgré la qualité des solos qui amènent un vrai supplément à l’ensemble et des membres qui ne surjouent jamais techniquement... tout en étant parfaitement en place. A eux désormais d’arriver à être aussi efficaces qu’au début et fin de cet enregistrement afin d’éviter ce ralentissement en son centre un peu préjudiciable, même si au final tout cela passera comme une lettre à la poste bien que ça sera vite oublié et qu’on passera à autre chose dès qu’on en aura fini de l’écouter. Du potentiel à suivre donc et qu’on espère voir à son véritable niveau dans le futur, car vu le pedigree et l’expérience de ce line-up on est en droit d’en attendre un chouia supplémentaire... bien que d’autres avec moins de vécu se contenteraient largement de cela et ils auraient raison d’ailleurs.
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