Abramelin - Sins Of The Father
Chronique
Abramelin Sins Of The Father
Trente années d’existence ponctuées d’un long arrêt et d’un criant manque de reconnaissance... on peut facilement résumer la carrière d’ABRAMELIN à cela, un nom qui malgré des disques de qualité et un line-up particulièrement appétissant n’a jamais réussi à s’imposer dans le milieu tortueux du Death sombre. Il faut dire que quatorze ans d’inactivité totale n’ont clairement pas aidé à sortir des ténèbres la formation menée par l’inamovible Simon Dower, qui pourtant s’acharne à faire vivre avec conviction une certaine vision occulte du genre... preuve en est avec ce quatrième album qui s’il ne marquera pas 2024 (comme l’histoire en général) a quand même des arguments à faire valoir. Car si effectivement le contenu proposé est d’un classicisme assumé il va néanmoins proposer des moments plus aérés et mélodiques surprenants de prime abord, mais qui ne vont pas dépareiller dans cette musique opaque où aucun espoir de vie meilleure n’émerge de ce chaos ambiant... et ce même si l’on pourra regretter une production un peu trop propre et étouffée où la batterie manque même un peu de puissance.
Ces défauts mis à part on n’aura rien d’autre à reprocher à cet opus standardisé et très glauque qui reste fluide et agréable en toutes circonstances, vu que les gars malgré leur pedigree ne tombent jamais dans le piège de l’excès technique... et on s’aperçoit de cela dès la première composition (« Conflagration Of The Dreamers »). Proposant ici tout un panel de variations entre vitesse débridée et plans à la lourdeur intense le quatuor signe une réalisation impeccable où la violence côtoie un rendu à la fois remuant et suffocant, l’ensemble conservant ainsi une attractivité permanente. Si l’équilibre des forces va revenir régulièrement sur ce long-format (« Shell Of A Man », « Meet The Meat », « You Bleed, I Feed ») avec toujours la même efficacité, les Australiens vont aussi proposer des choses légèrement différentes mais en total raccord avec le reste comme via l’impeccable « The Gory Hole » où nombre de passages remuants sont propices au secouage de nuque. Et histoire de rester dans la même lignée « Sins Of The Father » va mettre la brutalité légèrement de côté au profit d’une ambiance poisseuse au possible, où le tempo se bride fortement afin d’étouffer toute velléité de rébellion de par l’apport supplémentaire des passages en médium écrasants... mais où les accélérations et blasts ne sont cependant pas oubliés. Tout ça passe là encore comme une lettre à la poste porté par la voix caverneuse de son leader, les accords précis et efficaces de son guitariste historique et le jeu puissant et travaillé de David Haley derrière son kit... preuve que l’assemblage de talents individuels peut aussi être utile au collectif. Et même quand l’écriture se fait plus intense et primitive le résultat est toujours aussi positif, tel qu’on va le ressentir sur le frontal et débridé « Man’s Best Friend » où le tabassage est de sortie via une rapidité quasi permanente où tout n’est qu’un enchaînement de coups et d’uppercuts qui font particulièrement mal (un constat partagé sur « Street Art » tout aussi radical et bas de plafond).
En revanche avec « Last Rite » et « Deceased Estate » les choses vont être un peu plus posées vu qu’au niveau de la guitare ça va être plus mélodique et remuant (avec même quelques influences que l’on pourrait croire sorties de chez DARK TRANQUILLITY et IN FLAMES), mais sans que le côté viril et virulent des insulaires ne soit absent des débats. Du coup on a ici deux compositions à la lumière plus marquée mais qui est loin d’éblouir, tant elle reste discrète au milieu de ces variations rythmiques régulières qui permettent ainsi de jouer sur les deux tableaux et d’offrir un rendu homogène et étonnant de prime abord, mais qui se greffe parfaitement dans le moule obscur et occulte de l’entité.
Autant dire que la lassitude n’est jamais de mise - malgré quelques petites longueurs évitables et des plans parfois un peu trop joués en boucle - vu que ce mélange appliqué avec soin permet d’offrir un enregistrement sérieux et efficace, où l’on arrivera bien à différencier chacune des plages... même si on aura au final du mal à en faire émerger véritablement une plus qu’une autre. Cependant si tout reste calibré et maîtrisé on ne peut que saluer la persévérance de son chanteur à maintenir en vie son groupe malgré les galères et un manque d’intérêt criant... même s’il est désormais signé chez Hammerheart Records et que cela va sans doute être différent à partir d’aujourd’hui. Efficace, propre et enlevé ce nouveau chapitre satisfera aisément les amateurs de brutalité comme de finesse... même si tout cela n’apportera rien de plus au sein d’une scène hyper concurrentielle et résiliente, malgré les qualités évidentes proposées ici. Cependant il serait regrettable de ne pas se pencher dessus avec attention, tant il y a ici de quoi offrir des moments d’écoute réguliers qu’ils soient attentifs comme en dilettante... tout en se vidant totalement l’esprit pour se laisser emporter dans les limbes de l’enfer, chose qu’on apprécie toujours vu que c’est un bon endroit où être.
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