Abominated - Traumatic Putrefaction
Chronique
Abominated Traumatic Putrefaction
Après une première Démo très prometteuse publiée il y’a presque trois ans on avait fini par totalement oublier le combo tant celui-ci s’est fait particulièrement discret depuis tout ce temps, il faut dire que durant cette période celui-ci en a profité pour embaucher un second guitariste et un nouveau bassiste tout en se retrouvant signé chez ses compatriotes de Godz Ov War, tout ça avant de peaufiner ce premier album particulièrement prometteur. Car sur le papier tout était réuni pour que le quintet de Varsovie signe une œuvre de qualité et sans surprises, vu les belles choses entrevues sur sa précédente sortie et la bonne réputation dont jouit son label qui est toujours à l’affût de formations à fort potentiel. Du coup il n’est absolument pas étonnant que ce long-format soit une vraie réussite impeccable de bout en bout, où résonne du bon vieux Death 90’s granuleux et hyper rythmé qui fait du mal aux cervicales et ne laisse aucun survivant en cours de route... avec en prime la mise en valeur par la pochette magnifique (comme d’habitude !) de Juanjo Castellano, qui a pas mal repiqué les idées et couleurs de son travail sur « Ternion Demonarchy » des Serbes de SACRAMENTAL BLOOD.
Pour le reste rien de neuf du côté de la musique toujours menée majoritairement à fond la caisse tout du long de cette demi-heure qui file à toute allure via des titres expéditifs, où à peine un seul d’entre eux dépasse les quatre minutes. Celui-ci est d’ailleurs placé en ouverture de cet opus (« Forbidden Pleasures Of Self-Immolation (Opus Magnum .44) ») et va même être le meilleur de ce disque en offrant un parfait panel d’influences et de passages jouissifs propices au headbanging et à l’envie d’en découdre illico. Offrant des parties lentes pachydermiques et d’autres menées à fond la caisse d’où émergent des plans mid-tempo imparables pour les nuques et de tapis de double impénétrables... le rendu est nostalgique à mort, notamment via une introduction 80’s à fond aux accents Synthwave qui sent bon l’influence de John Carpenter. Et après ce démarrage en fanfare le groupe va proposer des plages radicales et encore plus expéditives qui vont finir par se ressembler sans pour autant rater leurs cibles, en effet entre le Punk et débridé « Stench Of Life » et le remuant et virevoltant « Vile Mutated Mass » ça ne s’éternise pas et au contraire accélère même la cadence pour tout détruire sur son passage, le tout avec une écriture toujours aussi simple et redoutable. Car techniquement il ne faut pas s’attendre à un déferlement de notes vu que les gars privilégient l’efficacité en posant une base technique propre et impeccable... surtout quand ils misent sur la facette radicale et endiablée, comme vont encore le prouver les vindicatifs et dépouillés « Merciless Aggression », « Sacrificial Defilement » et « Traumatic Putrefaction » qui vont se montrer interchangeables dans l’exécution comme dans l’écriture, sans qu’on y trouve quelque chose à redire.
Car si au fur et à mesure que l’on avance vers la clôture on va effectivement sentir que les mecs font du recyclage (en reprenant les mêmes idées sans trop chercher à les différencier), on est totalement pris dans cette tempête de violence où ça va à fond la caisse avec des plans légèrement Thrash complétés par des blasts ravageurs sans que l’allure ne ralentisse de façon véritable. Si la rapidité est le crédo de l’entité elle sait néanmoins aussi s’effacer un peu au profit de quelques ralentissements bienvenus et impeccablement envoyés à la face de l’auditoire comme sur le groovy et rampant « Senseless Barbaric Insemination » particulièrement inspiré et dont l’alternance joue le grand-écart... comme sur « Blasphemous Convocation » qui arrive juste après et se montre entraînant comme il faut et plus inspiré. Il est indéniable que si la bande sait faire les choses facilement quand c’est primaire elle est aussi réaliste quand il faut diversifier sans propos, toujours avec cette simplicité d’exécution et cette facilité à balancer la purée sans y perdre en énergie quand les choses s’épaississent. Et ça n’est pas avec la conclusion intitulée « Slave To Depravity » que l’on va penser autrement vu qu’elle va nous remettre une dernière salve d’agressivité entre démarrage bien lourd et entrain constant ensuite qui ne va jamais faiblir, et clore ainsi un disque tout en simplicité et qui s’écoute facilement.
Idéal pour se vider la tête et profiter d’un moment sans fioritures cet enregistrement sans chichis ravira aisément les amateurs du genre qui aimeront cette authenticité de tous les instants (et ce malgré une certaine prévisibilité et interchangeabilité du côté des riffs comme de la batterie). Si tout ça est trop limité pour marquer l’année de son empreinte il y’a quand même des arguments à déployer tant c’est bien fait et joué avec conviction sans chercher à renouveler quoi que ce soit, vu qu’on est dans l’hommage à une vision pure et intègre du style tel qu’il se pratiquait il y’a maintenant trois décennies de cela. Rondement menée cette œuvre a donc de quoi offrir de nombreuses sensations positives à quiconque prendra la peine de se pencher dessus, et il serait dommage effectivement de ne pas lui laisser une chance car elle n’a à offrir que du positif vu qu’on sera pris sur toute sa longueur d’une envie de taper du pied récurrente et jouissive toujours bonne à prendre, quelles que soit les circonstances.
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