Après s’être fait connaître en 2021 via le split «
Grind the Coal – 4-Way Split » aux côtés de
BILL THE DOG,
BUUZIGUULUUM et
URINE TERROR où
GALIBOT proposait un simple titre de quarante-neuf secondes (jouait-il du
grind ?), la formation a depuis évolué vers un
black metal affirmé, d’abord avec la démo «
Wallers-Arenberg » en 2022 puis ce premier EP, «
Euch’mau noir » qui nous propose six titres pour une durée totale très acceptable de vingt-sept minutes.
Difficile de parler du trio sans évoquer ce qu’il incarne historiquement, non pas une micro-brasserie artisanale de Lorraine mais bien le jeune manœuvre des mines de charbon, tout le concept du groupe étant exprimé dans son nom : une descente, si je puis dire, dans l’histoire minière du nord de la France. Cela explique en partie le choix de la photo illustrant la démo (qui n’est pas un entraînement à la lecture des panneaux de circulation) mais également celle de cette sortie, pas vraiment
black metal vous direz-vous peut-être. Pourtant, cela en est bel et bien, des tempos à la voix criarde de
Diffamie (un mot rare, joliment trouvé), du son à l’image, le
riffing, les morceaux ne laissent définitivement aucune place au doute. Pourtant… Pourtant, le
black peut-il ou doit-il avoir une vocation sociale ? Cette musique peut-elle être un support à des histoires autres que celles du diable, du suicide, de l’automutilation ainsi que de la perversion ? En cela, cet EP me fait grandement penser à ce que propose
HOULE. Déjà, stylistiquement parlant, la formation pourrait avoir sans souci sa place sur le label
Les Acteurs de l’Ombre (c’est un compliment) mais, même si les deux groupes partagent la particularité, si tant est que cela en soit une, de proposer un chant féminin (
Adsagsona vs
Diffamie) dont les timbres me semblent assez similaires, j’établis surtout ce parallèle du fait d’un choix d’une thématique marquée qui me paraît, béotien que je suis, difficile à maintenir sur la distance. En l’occurrence pour
GALIBOT, la mine. Je n’espère juste qu’aucun
featuring ne se fera avec Pierre Bachelet parce que « Les Corons », ça va bien, j’ai toujours préféré « Germinal » mais je n’y peux rien, j’adore Zola, je ne supporte pas l’ami Pierre… Je digresse mais oui, il y a de fortes chances pour que l’amateur des débuts de
HOULE se reconnaisse dans
GALIBOT : nous y retrouvons cette énergie brute du bon sens terrien, la solidarité dans la misère, et c’est vrai que ce sont des vies que l’on peine aujourd’hui à concevoir, du moins lorsqu’on occupe un emploi bureaucratisé.
Pour le dire autrement, si j’occulte la dimension historique qui ne me parle que peu, étant issu d’une région où le tourisme a toujours été l’industrie de masse, j’apprécie un titre fulgurant tel que « Barbara » et, plus globalement, le fait que le groupe se concentre principalement sur des rythmes rapides tout en s’efforçant de rester épique et mélodique. Donc à l’heure où je ne m’explique pas l’engouement autour de
HOULE, j’incite fortement
LADLO à faire un geste en signant
GALIBOT, qui me paraît au moins aussi prometteur que l’était le premier sur son EP éponyme. Cela étant, quelle est l’espérance de vie réelle d’une formation se plongeant dans une telle thématique de niche ? Je ne devrais sans doute pas me poser la question, ce n’est pas mon groupe mais, de mon point de vue obtus, les axes d’évolution m’apparaissent extrêmement réduits, tant musicalement que thématiquement. Sans doute est-ce pour cela que si «
Euch’mau noir », dans son incandescente brièveté, réchauffe mon cœur d’explosions de grisou, je crains néanmoins que l’on perde ces mineurs de fond, étouffés sous un terril, alors qu’il y a le potentiel pour poursuivre une belle carrière (ah, j’ai pondu un jeu de mots à mon insu).
Autre chose appréciable, c’est la présence en renfort studio de
Julien Baquero (
VIRGIL) derrière la batterie, ce choix me semblant bien meilleur que l’usage d’une boîte à rythmes car son style puissant, technique même, insuffle une forte dynamique aux compositions, une chaleur que la machine aurait eu du mal à restituer, en particulier sur les parties les plus rapides (les sprints de « Courrières » par exemple). D’ailleurs, par une certaine rigueur martiale dans ses rythmiques,
GALIBOT parvient à retranscrire l’aspect répétitif des gestes du travail manuel, le danger de la mort possible à chaque instant, parfois aussi l’émotion de retourner, vivant, à la lumière.
Pour conclure, je ne sais honnêtement pas vraiment quoi penser de cette sortie. Certes c’est du
black metal mais dans une variante très française que je n’arrive pas à définir et qui a tendance à me faire décrocher. Les marins, les mineurs, demain les premiers travailleurs à la chaîne de Henri Ford ou une adaptation de « La jungle » d’Upton Sinclair sur le travail dans les abattoirs, pourquoi pas après tout mais cette dimension sociale (historique également) vient totalement contrecarrer ce que j’attends en général d’un disque de
black metal. Pourtant, quelle différence avec ceux qui établissent leur fonds de commerce sur l’histoire, les mythes, une civilisation disparue… Je n’en sais rien. Les textes, qualitatifs, me renvoient à mes cours de littérature française, je me revois besogneux rédigeant mes dissertations approximatives et cela, ça finit par me lasser. Pourtant, si je fais abstraction de tout ce qui me chagrine, j’avoue que le trio tient un truc, une spécificité, pas uniquement redevable (heureusement) à ce chant féminin qui, oui, établit pourtant une différence car bénéficiant d’un timbre abrasif et criard que les mecs n’arrivent pas encore à reproduire mais est-ce que cela sera suffisamment dense pour écrire un album complet ? J’ai des doutes et je compte bien sur
GALIBOT pour me les ôter.
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