Les Australiens de
MORTAL SIN…. Encore un nom archi référentiel dans le milieu
metal sur lequel je n’avais jamais posé une oreille jusqu’à la réédition en ce début d’année par
Rapture Records du premier album de la formation, le cultissime «
Mayhemic Destruction ». Sans surprise, la pochette est absolument risible, même pour l’époque (1987), à la différence du logo qui, lui, pèse un maximum. Mais, surtout, quel est l’intérêt en 2025 d’écouter cette vieillerie, d’autant qu’il se dit que ce premier LP est probablement ce que le groupe a écrit de meilleur, même jusqu’en 2011, année qui donna le jour au cinquième LP «
Psychology of Death » ?
Dès « The Curse » (l’introduction instrumentale) puis « Women in Leather », on pige vite que les points de jonction avec
METALLICA sont nombreux, notamment du côté du chant car, pour le reste, nous sommes clairement des kilomètres en-dessous en termes de techniques ou de virtuosité des solos. Ici, les guitares accrochent plus que de raison et l’énergie ainsi que l’envie pallieront souvent un certain manque de rigueur instrumentale. Hé, nous sommes en 1987 et c’est un premier album connard ! Je faisais quoi moi en 1987 ? Je n’étais même pas en âge de me tirer sur la fronde et je devais écouter Les Forbans, alors je ferais mieux de bien fermer ma bouche.
En revanche, ce que n’avaient pas et n’ont jamais eu les
Four Horsemen, c’est une forme de noirceur qui, selon moi, positionne les Australiens bien plus près sur la carte musicale des pays d’Amérique du Sud ou de l’Asie que des États-Unis car, malgré tout le respect que j’ai pour les musiciens de ce pays à cette époque, j’ai toujours trouvé que ça sentait parfois un peu trop fort le bermuda à fleurs, le monoï et le t-shirt Waikiki. Alors que
MORTAL SIN, avec son registre ultra rudimentaire, sa voix pas totalement juste, ses solos approximatifs parfois beaucoup trop saturés, son héritage
heavy également, encore lourd à porter mais sur le point de basculer dans le fond des chiottes, bah l’air de rien c’est un petit régal. Enfin, un régal….
Quand j’étais bambin, la purée de pois cassés, je détestais ça. Maintenant, il m’arrive d’acheter cette légumineuse, de la cuisiner et de trouver cela excellent. Question : est-ce qu’enfant j’étais une petite crotte difficile qui n’aimait rien ou est-ce que ma mère cuisinait mal de bons produits qu’elle n’a donc pas su me faire apprécier ? Cette interrogation, d’apparence anodine, je me la pose concernant «
Mayhemic Destruction ». C’est sûr, j’aurais écouté cela vers mes quatorze ans, ça aurait été relégué loin derrière les fameux pois cassés. Maintenant, j’y prends goût, lui trouvant même des vertus que je refuse à des formations actuelles pourtant supérieures. Bon, où diable voulais-je en venir avec cette anecdote ?
M’étant perdu dans ma métaphore culinaire, je voulais juste dire que ces huit compositions, derrière leur amateurisme évident marchant sur les traces de
« Kill’Em All » plutôt que de
« Ride the Lightning », justifient l’étiquette de pionnier qui colle au groupe car, s’il est influencé, il sera encore plus lui-même une influence pour de jeunes chevelus hirsutes qui offriront tout leur temps au
metal. Cela reste cependant difficile pour moi de chroniquer un disque aussi vieux, je n’ai pas vraiment les codes pour en parler dignement. Aujourd’hui à la limite du caricatural mais parce que nombre de formations contemporaines le sont, à l’époque au sommet de la chaîne alimentaire en termes de prédation, ce disque permet surtout de se rendre compte à quel point rien n’a changé. Cette hystérie dans les solos, cette voix rauque parfois possédée, j’y entends le potentiel d’un
SEPULTURA d’alors, les prémices du
black thrash également et si l’album s’avère, il est vrai, en dents de scie concernant l’intensité, voire tout simplement la qualité, sa force est de procurer aujourd’hui un plaisir d’écoute probablement équivalent à celui de sa genèse. Je ne vais pas non plus surgonfler la note sous le prétexte de l’âge : un disque plus important sociologiquement parlant que musicalement, qui a cependant le mérite de déjà chercher une voie plus extrême que l’école américaine, moins dans la technique et davantage dans l’instinctif, quitte à ce que ça gratte un peu après écoute. Oui, comme des morpions. Cela dit, ces petits défauts seront gommés dès «
Face of Despair » (1989) : moins sombre, techniquement abouti, il est l’une des clés pour comprendre les années 80.
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28/07/2025 16:45
28/07/2025 08:44