Chronique
Mesfetor Manifest II (EP)
Le label français Drakkar a de quoi impressionner. Sa frénésie de sorties paraît parfois complètement insensée : black, death, ou assimilés, il enchaîne les productions sans jamais laisser de répit. De quoi combler les amateurs les plus insatiables… mais aussi de quoi en perdre plus d’un. Car à ce rythme effréné, certains groupes passent sous les radars, alors qu’ils mériteraient qu’on s’y arrête. C’est le cas de MESFETOR, formation normande qui ne manque pas d’atouts.
Derrière ce nom se cache Nith, musicien solitaire qu’on a connu à l’époque de GOATSPELL. Ses compagnons d’armes d’alors ont préféré bifurquer vers le death grindcore en fondant PROFANATION en 2020, le laissant sur le bas-côté. Peu importe : il a décidé de prendre son destin en main et de créer son propre univers. Sa première démo, Manifest I, sortie en 2023, offrait trois titres pour une quinzaine de minutes seulement, mais suffisait à poser les bases.
Deux ans plus tard, Manifest II confirme les intentions. Pas encore un album à part entière, mais un EP consistant, flirtant avec la demi-heure. On y trouve quatre morceaux de black metal traditionnel, taillés dans le vif. Le registre n’a rien de novateur, mais il est exécuté avec efficacité : des guitares acérées, un tempo nerveux, des vocaux démoniaques qui appuient une musique à la fois sombre et traversée de mélodies lumineuses. Le contraste fonctionne bien, donnant aux morceaux une dynamique qui empêche toute monotonie.
La surprise vient de la cinquième et dernière piste. Entièrement jouée au clavier, elle rompt volontairement avec la logique du reste. Plus ambiante, flottante, presque cosmique dans sa seconde partie, elle déstabilise au premier abord, mais prouve que MESFETOR n’entend pas se limiter au carcan du black metal pur et dur. Est-ce qu’il développera cet aspect à l’avenir ?
On pourra reprocher à cette sortie son caractère mineur ou son manque d’originalité, mais on ne peut ignorer sa sincérité ni son intégrité. Nith ne cherche pas à épater par des artifices : il avance seul, avec conviction. Même la pochette, tirée d’une peinture anonyme de 1800 connue sous le nom de Death Leading Hell’s Army, contribue à ancrer le projet dans une esthétique cohérente et évocatrice.
En somme, Manifest II n’est pas l’œuvre qui bouleversera le paysage, mais elle prouve que MESFETOR mérite qu’on tende l’oreille. Un projet honnête, animé par la passion, et qui pourrait bien surprendre davantage si Nith poursuit dans cette voie.
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