Sorti l’été dernier sur Bandcamp,
Protocol Spasm est le dernier EP en date des Finlandais de Dome Runner. Une sortie dématérialisée vouée à le rester puisque composée de trois titres, celle-ci embarque deux compositions sensées figurer prochainement sur un split en compagnie de leurs compatriotes de Taser ainsi qu’une reprise tout à fait inattendue de l’un des meilleurs morceaux de Beck.
Fidèle à une charte esthétique pour le moins épurée,
Protocol Spasm est illustré par une photographie d’un combo grille + grillage métalliques sur laquelle a été appliqué un filtre jaune ainsi que quelques « brush » Photoshop pour un rendu un petit peu plus sympathique et personnalisé. Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas dans ce domaine que les Finlandais excellent (l’illustration du premier album prévu pour le mois prochain le prouve une fois de plus) mais celles-ci ont au moins le mérite d’égrener quelques pistes quant à ce qui attend l’auditeur curieux qui se décidera à jeter une oreille à la musique de Dome Runner.
Sans surprise, le trio originaire de Tampere reprend du service au son d’un Metal Industriel froid et mécanique toujours très inspiré par la musique de Godflesh et de Fear Factory et cela pour un résultat toujours aussi efficace et convaincant.
Du haut de ses huit minutes bien tapées, "Obsolete Flesh" entame ces retrouvailles de manière particulièrement hypnotique. Rythme lent et cadencé à en devenir rapidement entêtant, samples mécaniques et industriels pour une ambiance froide et déshumanisée, grosses guitares saturées répétant inlassablement le même riff écrasant, frappes aux sonorités métalliques telle une tôle que l’on cognerait inlassablement avec un lourd marteau, vocalises partagées entre growl profond et chant plus arraché et lointain, sample vocal rejoué encore et encore... Bref, une recette qui n’a évidemment rien de neuf à nous offrir mais que Dome Runner maitrise sur le bout des doigts.
Avec "Wide Open Void", les Finlandais optent pour une approche bien différente puisqu’effectivement beaucoup plus directe et frontale. Et si à compter de 1:42 environ le groupe renoue avec ses penchants les plus lourds et les plus répétitifs (avec en prime ces lignes de chants plus lumineuses et contemplatives), la première partie du titre est quant à elle menée tambour battant à coups de riffs Punk / Hardcore pas bien compliqués mais suffisamment bien troussés pour ne pas manquer de convaincre et une batterie à l’avenant marquée notamment par de nombreux passages en mode « toupa-toupa » permettant notamment de bien contraster avec les huit minutes plombées du titre précédent.
Pour conclure ce EP numérique, Dome Runner est allé piocher dans la discographie bigarrée de l’artiste américain Beck. Un choix extrêmement surprenant puisque je ne m’attendais absolument pas à une telle reprise de la part des Finlandais. Pour couronner le tout, le trio a porté son dévolu sur l’un des meilleurs morceaux de l’excellent
Mellow Gold sorti en 1994 et sur lequel figure également "Loser", hymne de toute une génération. Il s’agit du titre "Whiskeyclone, Hotel City 1997" affiché sur ce dit album à 3:28 mais que Dome Runner est parvenu à étirer sur plus de sept minutes. Une appropriation marquée également par l’ajout de nouvelles sonorités comme ce piano, ces voix et ces samples dispensés en guise d’introduction ainsi que par un passage au tout électrique puisque si la version originale est effectivement exécutée à la guitare acoustique et aux percussions ce n’est absolument pas le cas ici. Une relecture qui insiste au passage sur le caractère lancinant du titre original tout en forçant évidemment le trait pour un rendu à la fois mélodique et aliénant. Que l’on aime ou pas la version originale de Beck, cette relecture constitue un véritable exercice de style. Une reprise toute personnelle puisque fortement imprégnée par l’ADN de Dome Runner et qui pour l’occasion change des simples relectures bien souvent fidèles aux versions originales qui nous sont proposées dans ce genre de cas.
Considéré par le groupe comme un simple amuse-bouche en attendant la sortie du généreux
World Panopticon (soixante-dix-sept minutes tout de même) prévue pour le mois prochain,
Protocol Spasm se déguste avec grand plaisir. En premier lieu parce que les deux compositions originales sont d’excellentes factures dans des registres similaires mais aux approches plus ou moins différentes l’une et l’autre. Ensuite parce que les Finlandais nous réserve une excellente surprise avec une reprise à la fois surprenante et inattendue et surtout très personnelle. Aussi, bien qu’il ne soit disponible qu’en streaming,
Protocol Spasm mérite amplement que l’on s’y attarde si on possède un tant soit peu d’intérêt pour ce genre de Metal Industriel dense, répétitif mais néanmoins lumineux (enfin parfois).
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