Poursuivant tranquillement leur petit bonhomme de chemin après un excellent
Conflict State Design paru en août 2021, les trois garçons de Dome Runner sortaient il y a maintenant un petit peu plus de deux ans
Apocalypse.Pulse.Worship., un premier EP paru sur le label américain Annihilvs Power Electronix (petite structure fondée en 1997 par Lee Bartow de Theologian). Une chronologie néanmoins incomplète puisque celle-ci fait effectivement l’impasse sur deux singles ("Catastrophe Platform" et "Subversion Shock") parus quelques mois auparavant. Si le premier doit figurer un jour peut-être (deux ans pour une sortie annoncée comme imminente, ça commence à faire long) sur un split en compagnie des Américains de Disposal Unit, le second a quant à lui trouvé le chemin de ce EP.
Composé de six morceaux pour presque trente minutes,
Apocalypse.Pulse.Worship. revêt presque des allures de compilation. En effet, en plus du single "Subversion Shock" sorti un mois auparavant et d’une version remixée par Theologian du titre "The Undemonizing Process" présent sur l’album
Conflict State Design, on y trouve également les trois titres de la première démo des Finlandais parue un petit peu moins de trois ans auparavant. Trois titres qui à mon avis n’ont même pas été réenregistrés pour l’occasion bien qu’à vrai dire je ne sois pas en mesure de vous le confirmer (en effet, malgré mes recherches, pas moyen de trouver d’informations pertinentes sur le sujet ni même de glisser mes oreilles sur cette fameuse démonstration pour tenter le jeu des comparaisons). Finalement, seul le titre "Retaliator" fait ici figure d’inédit puisque c’est effectivement l’unique morceau à ne trouver place sur aucune autre réalisation des Finlandais.
En dépit de cet énoncé qui pourrait laisser présager un EP des plus disparates,
Apocalypse.Pulse.Worship. est, aussi étonnant que cela puisse paraître, marqué par une certaine uniformité qui fait ainsi bien vite oublier le caractère un brin fourre-tout de cette tracklist éclatée. Aussi, à l’exception de ce remixe sans grand intérêt dont l’approche musicale a été complètement gommée au profit d’élucubrations bruitistes pour le moins discutables, les cinq compositions restantes ne manqueront pas de satisfaire l’appétit de tous ceux ayant trouvé un quelconque intérêt à l’excellent
Conflict State Design.
Toujours aussi varié d’un point de vue dynamique,
Apocalypse.Pulse.Worship. fait cohabiter une fois de plus et cela avec toujours autant de talent et de réussite séquences terriblement entrainantes ("Retaliator" à 0:19, 1:10, 1:48, les derniers instants de "Stirred Impulsive Capacity", "Frustrator" à 0:49, 1:26 et 2:29, "Weak Meat / Frail Star" à 0:12, 0:44) et passages bien plus lourds, groovy et répétitifs ("Retaliator" à 0:44, 1:22 et 2:12, l’essentiel de "Subversion Shock" et de "Stirred Impulsive Capacity", les cinquante premières secondes de "Frustrator", "Weak Meat / Frail Star" à compter de 1:12 et ce jusqu’à sa conclusion...). Une approche contrastée qui, loin de casser la tête à force de redondances aliénantes, permet à l’auditeur d’appréhender l’ensemble de manière bien plus apaisée. Certes, la musique de Dome Runner perd évidemment un petit peu de ce caractère oppressif qui définit bien des artistes étiquetés "Industrial" mais c’est aussi ce qui la rend beaucoup plus immédiate et "facile" d’accès.
D’ailleurs, à l’instar de
Conflict State Design,
Apocalypse.Pulse.Worship. se distingue également par un sens de la mélodie toujours aussi affûté. De ces riffs hyper bien troussés qui allient simplicité et efficacité pour un résultat toujours très accrocheur à ces lignes de chants hallucinées et prophétiques faisant une fois encore grandement écho aux poussées mélodiques de Burton C. Bell de Fear Factory, le parti pris de Dome Runner est clair : rendre sa musique digeste, immersive et accessible sans pour autant trahir ses influences ni même les codes de ce crédo dans lequel il évolue et étincelle. Aussi comme sur ce premier album et même si l’atmosphère générale qui émane de ces quelques compositions n’est ni à la fête ni à la légèreté (la nature répétitive des compositions, les nombreux arrangements et autres samples mécaniques et synthétiques et le chant plus souvent arraché et parfois même presque Death Metal n’y contribuent clairement pas), les ambiances ne sont pourtant ni trop oppressives ni trop suffocantes mais bien plus vertigineuses (à l’image de ces mégalopoles abyssales et sans fin servant de toiles de fond à ces oeuvres cyberpunk et dystopiques ayant marqué la culture populaire) et libératrices (à l’image cette fois-ci de certains des sujets abordés à commencer par la quête d’humanité et d’émancipation de ces êtres synthétiques et mécaniques qui peuplent ces mêmes histoires).
Malgré le caractère un brin fourre-tout que revêt ce EP et malgré un remix inintéressant (en tout cas en ce qui me concerne),
Apocalypse.Pulse.Worship. confirme tout le bien énoncé précédemment (lire la chronique de
Conflict State Design) au sujet de Dome Runner. L’accessibilité et le caractère assez mélodique de leur musique sont sans hésiter un atout de taille permettant ainsi de très vite pénétrer l’univers pourtant oppressant, froid et mécanique des trois Finlandais. Bref, une fois encore, si la musique de groupes tels que Godflesh, Pitchshifter et Fear Factory évoque chez vous de bons moments, il serait alors judicieux de ne pas passer à côté de Dome Runner, autant sur album que sur EP.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène