Diabolical Masquerade - Ravendusk In My Heart

Mesdames, Messieurs, bienvenue dans l’attraction la plus sombre et terrifiante que vous n’ayez jamais faite. Bienvenue dans le château du célèbre comte Blackheim. Plus communément appelé Anders Nyström (Katatonia) parmi les mortels, Blackheim créa le groupe Diabolical Masquerade en 1993. Deux ans plus tard, Blackheim accompagné de son fidèle disciple Dan Swanö (qui le suivra jusqu’à la fin du groupe), enregistrera la préface de sa ténébreuse autobiographie : Ravendusk In My Heart. A la manière d’Alain Delon, Blackheim raconte ses histoires à la troisième personne. Mais ce qui nous s’intéresse c’est avant tout la musique, derrière ce récit donc, une musique extrêmement difficile à définir : un melting pot de styles à l’instar d’un Edge Of Sanity, allant du thrash au heavy en passant par le doom mais avant tout basée sur une musique typée black metal.

Avec ce premier opus et malgré deux chefs d’œuvres qui suivront (Nightwork et Death’s Design), Blackheim le vampire frappe très fort. Le monsieur qui n’a pas à rougir de son génie musical (Dance Of December Souls et Brave Murder Day, déjà deux albums cultes), nous crée une musique aux allures de celle d’un Danny Elfman, tout droit sortie du tréfonds de son imaginaire ! Place donc à une musique qui n’aurait pas fait tâche comme musique de fond d’un film d’horreur de série B. Car oui, ici pas de true raw black metal mais plutôt un black relativement kitsch et jouissif au possible. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le bonhomme s’occupe absolument de tous les instruments et le résultat se veut bluffant au possible ! Une fois « The Castle Of Blackheim » lancé, impossible de ne pas se laisser porter par cette musique si touchante et prenante. Ce premier titre bien qu’assez conventionnel par rapport aux autres, exposera le chant black si particulier de Blackheim (pour un meilleur aperçu la fin de « The Sphere in Blackheim's Shrine » qui devrait déboucher pas mal d’oreilles), les indénombrables changements de styles passant du riff thrash des plus entraînant au passage atmosphérique planant ou à l’accélération très brutale à vous donner un torticolis.

Le clavier, marque de fabrique de Diabolical Masquerade, se veut sur ce premier album plutôt discret (si l’on compare aux autres albums). Mais déjà son utilisation est des meilleures, appuyant merveilleusement bien les vagues de riffs ou les sublimes passages atmosphériques. L’autre arme du groupe c’est son fort penchant pour le heavy des années 80, sur Ravendusk In My Heart à l’instar du clavier, celui-ci reste timide mais à quand même sa place. « Under The Banner Of The Sentinel » devrait en étonner plus d’un, véritable hommage au genre, on y retrouve un guest de Dan Swanö qui poussera la chansonnette de façon très aigue ! Blackheim pourra d’ailleurs remercier son ami car la production est des plus excellente ! Bravo encore Dan ! La mode étant au dark metal en Suède, Blackheim ne se prive pas de nous sortir des titres tout droit sorti d’un Sacramentum ou d’un Mörk Gryning, écouter donc les passages énormissimes de « Beyond The Spiritual Moon », « Blackheim's Forest Kept The Season Forever » ou « The Darkblue Seajourneys Of The Sentinel » ! Dans cette déferlante on y retrouve bien évidemment des passages plus calmes où un chant clair des plus bluffants de Blackheim viendra même s’y coller (« The Sphere in Blackheim's Shrine », quel titre !) avec ce riff ou cette nappe entêtant très Katatoniesque (« Blackheim's Hunt For Noctural Grace »).

Si Ravendusk In My Heart possédait moins de passages dispensables et trop communs, on aurait effectivement frôlé l’album sans fautes. La comparaison avec ses successeurs reste quant à elle inévitable et il manque ce je ne sais quoi qui pourrait les dépasser. Comme introduction, Blackheim nous offre un très bon album qui confirme indéniablement son talent : un album extrêmement riche et prenant à l’ambiance indescriptible à vous en faire écouter l’œuvre en boucle pour essayer de cerner tous les moindres détails.

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