Cephalectomy - Eclipsing The Dawn

Avec « Eclipsing the Dawn », 2nd album de Cephalectomy, préparez-vous à découvrir le mystigrind. Le mystigrind : késako ? Non, ce n'est pas le petit nom du matou de Glen Benton ! C'est un melting pot de l'extrême, une créature dont le squelette est death metal, l'influx nerveux moteur est grind, et l'habillage est un patchwork de tout ce qui se fait de mieux en matière de metal mélodique (très) burné. Pour être plus synthétique et hérisser le poil des oxymoro-phobes, je dirais que Cephalectomy pratique un mélo-grind/death atmosphérique (non, ceci n'est pas de la branlette marketing, mais bien une description au plus juste).

La musique de ce duo (! difficile à croire qu'ils n'étaient que 2 pour enregistrer l'album à l'écoute des morceaux !) canadien est riche et variée, chose rare pour un groupe qui met en avant le terme « grind » dans la définition de son style. En effet, au cours de ces 8 morceaux (pour plus de 35 minutes … on est loin de l'orthodoxie grind !), on retrouvera bien sûr les explosions quasi non contrôlées propres au genre, ainsi que quelques samples occasionnels en guise d'intro. Côté chant, les amateurs se délecteront de borborygmes de vieux bidet à la Regorge, de harangues punko-schizoïdes écorchés à la !T.O.O.H !, et de cris à mi-chemin du black et des vocaux aigus d'un Gorerotted, le tout souvent superposé en 2 ou 3 couches complémentaires pour un effet maximum. Pour contrebalancer la boucherie habituelle, disséminés régulièrement ci et là, le groupe nous gratifie d'interludes plus atmosphériques : ainsi on entendra parfois des arpèges de guitare ambiants (« Of grievance and exhumation »), des passages doom écrasants sur fond de gargouillis de broyeur engorgé (« Discerning thee apocryphal divinity », « The ghosts of reprisal and strife »), ainsi qu'un morceau intégralement instrumental à l'ambiance médiévale occulte (« Squalid eyes of the impending treachery »).

Au final, on se retrouve avec un album susceptible de séduire un public bien plus large que les hordes de zombies putréfiés qui s'abreuvent quotidiennement aux sources fétides des labels Unmatched Brutallity, Bones Brigades ou Unique Leader : les amateurs de Arsis, Vital Remains, Necrophobic ou encore Nile succomberont sans l'ombre d'un doute. Car en effet, en plus des atmosphères ci-avant évoquées, certains de ces titres contiennent des passages – notez-bien le sacrilège – ENTRAINANTS (« groovy » diront les frimeurs lecteurs de webzines anglo-saxons) et ACCROCHEURS (« catchy » pour les mêmes) : si si ! On retrouve même parfois des mélodies de grattes Maidenesques qui se tirent la bourre (« The ghosts of reprisal and strife »), et – tenez-vous bien -, régulièrement, on entend la basse !

En résumé, si vous croisez le chemin de cette galette (ce qui est de plus en plus dur : sa sortie date de 2004 et on ne la trouve pas facilement), jetez-vous dessus : je vous parie une bière que vous me remercierez du conseil.

DOSSIERS LIES

Dépucelages Juillet 2007

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