SoulMaker - Obsessions

Il y a des changements de line-up qui ne se remarquent pas tant le nouveau musicien n'apporte rien au groupe. Et puis il y a des changements révolutionnaires. C'est bien au niveau du chant que Soulmaker avait besoin d'une révolution et celle qui arriva porte le nom de Marina. Opter pour une fille à la barre vocale ne fut pas le fruit d'un choix délibéré mais d'une rencontre fructueuse et parfois c'est quand on s'y attend le moins que le meilleur arrive.

Nouvelle identité sonore donc, couplez-là avec celle du son, dont le mixage a été effectué au Finn Vox studio (rien que ça, c'est la mode apparemment ?), et vous avez une nouvelle démo prometteuse, le groupe étant gonflé à bloc, fort de la motivation que la nouveauté a le mérite d'apporter. Et rien de mieux que de la motivation et de l'énergie pour jouer une sorte de heavy/power metal aux multiples influences. Le son claque, les riffs sont accrocheurs, les structures cassent celle qu'on a trop l'habitude d'entendre de ce genre de formations, qui consiste à l'alternance de couplets et refrains identiques un coup sur deux. Soulmaker aime le changement c'est clair et c'est tant mieux car rien n'est plus mauvais que la répétition. Musicalement, le groupe reste dans la veine de leur première démo avec un côté plus catchy, plus accrocheur qu'avant. Si globalement le tempo est celui d'un heavy un peu alourdi, le titre Les Mouches réveille carrément l'auditeur. On retrouve certaines influences finlandaises (Children of Bodom of course !) sur Les Mouches et Masque de Verre qui apportent une touche plus mélodique à l'ensemble qui de manière générale préfère la rythmique. En tout cas, c'est jeune, c'est frais, encore une fois, je laisse à l'appréciation.

Qu'apporte Marina alors ? Eh bien, tout simplement une qualité de prestation vocale nettement supérieure à ce qu'offrait Soulmaker en 2005. La nouvelle chanteuse a une voix dans les médium qu'elle nuance avec facilité, tantôt plus douce, tantôt plus agressive en allant jusqu'aux cris pour repartir sur de discrètes envolées lyriques et quoiqu'elle chante, elle le fait bien ! Enfin une chanteuse digne de ce nom et en tant que chanteuse moi-même je peux vous dire que je pousse un soupir de soulagement : oui, y'a de belles voix en France aussi ! Bon évidemment, elle n'a pas non plus 20 ans d'expérience derrière elle et on pourra noter quelques imprécisions par ci par là mais c'est vraiment pas méchant. Quelques détails cependant nécessiteraient une petite révision. L'accent laisse parfois à désirer, ce qui nuit au frasé des textes chantés en anglais. Parce que ce que Soulmaker n'est pas prêt de changer, c'est cette alternance dans les langues. En effet, le français a toujours sa place dans la musique du groupe et c'est sur les textes en langue nationale que Marina chante le mieux. Ces derniers, très bien écrits au passage, sont mieux portés et le chant en est que plus incisif, ce qui est plus approprié pour la musique. Cela ne sert à rien de chipoter même s'il est vrai qu'on peut attendre un peu plus d'agressivité dans le chant, et même si la demoiselle sait hurler, cela ne suffit pas ! Et pour faire encore une remarque de chipoteuse que je suis, je trouve que la production est un peu trop sèche, trop claquante niveau batterie et qu'il aurait fallu plus d'arrondis et de chaleur pour mieux coller avec la voix suave de Marina.

Pour en revenir à la musique globale, Soulmaker n'a pas encore sa propre identité. Tout simplement parce le changement de langue amène une toute autre couleur, on ne peut pas dire qu'il y ait une véritable unité dans l'œuvre du groupe. Français ou anglais ? Je ne pense pas qu'il y ait un choix à faire mais si par la suite, la chanteuse arrive à fournir la même qualité de chant dans les deux langues, je pense que la différence ne sera plus autant marquée (ça marche pour Malmonde, pourquoi pas pour Soulmaker ?). De plus, l'artwork, certes bien réalisé, reste assez peu évocateur et même si les textes ont du sens, il y a un quelque chose qui fait que le tout n'est pas unifié.

A part ça, j'avais dit qu'il fallait surveiller l'évolution de ce groupe eh bien j'avais raison !

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