Division Alpha - Palingenesy
Chronique
Division Alpha Palingenesy
Revêtus de nos tenues de cosmonautes, nous nous élançons sur une plaine aride et ocre, balayée par les perturbations. Emporté par une des nombreuses tornades, le chef d'expédition a disparu dans la matinée, quand la décision avait été prise de s'aventurer hors de la zone de sécurité pour trouver de l'oxygène. Avec seulement 46:17 minutes en réserve, les chances de quitter Mars vivants sont désormais quasiment nulles. Mais comme l'a dit Val, mieux vaut affronter une dernière fois les dangers de Mars que de rester prostrés dans la station en attendant l'absolution. D'humeur badine malgré le caractère désespéré de notre situation, Tom met en marche sa radio et nous fait profiter d'un morceau de 30 SECONDS TO MARS. Gary gaspille un peu d'oxygène en se payant une tranche de rire. Peu porté sur les mélodies de chant à l'américaine, je parcoure la liste des quelques albums figurant dans la data base de ma combinaison. "Alien" de STRAPPING YOUNG LAD n'y figurant pas, j'opte finalement pour "Palingenesy", du groupe français DIVISION ALPHA.
Le rythme lancinant de "From Below", mid tempo efficace hanté par une voix dark/goth fait écho aux fréquentes vibrations qui parcourent la surface de la planète. Un riff qui tourne en boucle, des samples qui participent de l'ambiance glaciale développée par le groupe ; on n'est pas là pour se fendre la poire. Gary a cessé de rire d'ailleurs. Broyé par une météorite. C'est qu'on ne les entend pas arriver ces machins là. Tant pis pour l'oxygène. On ne respire guère plus sur "The Void", fusion metal indus d'un GRAVITY KILLS sombre (sans les refrains pop) et des compos éthérées de FRONT LINE ASSEMBLY. La structure des titres est simple et efficace, les samples donnant leur couleur (froide) aux morceaux, les autres instruments assurant une fonction purement rythmique ou presque. Moi qui voulait rendre l'âme sur un blast de Gene Hoglan ou un solo hystéro du physiciste Devin, me voilà mal barré.
Mais ce n'est rien à côté de Val et son second, lesquels viennent de chuter dans une crevasse sans fond. Mon instinct me commande d'arrêter les frais et d'attendre la faucheuse allongé, les bras en croix, mais "Instinct" et son rythme frénétique, impulsé par une boite à rythme hypnotique, m'en empêche. Très rapide, avec son riff pied au plancher façon KMFDM, ce 3ème titre donne dans l'electro hardcore à l'allemande. Toujours plus froide, de plus en plus violente et désespérée, la musique de DIVISION ALPHA a tout du cyber requiem pour moi et mes compagnons d'infortune. Aussi, accepter de figurer dans la 1ère émission de télé réalité dans l'espace, qu'est ce qui m'a pris ! plus calmes, bardés de plages atmosphériques, "Existing Connections", puis "Intra-Polarity" feraient une bande son parfaite pour un film de Science Fiction, sans happy end bien sûr. Je pousse un OOMPH de soulagement. Carrie Anne, la bimbo de l'équipe, vient de briser le plexiglas de son casque en essayant de se recoiffer avec son piolet. Si nous avions survécu tous les deux avant la pénurie d'oxygène, je n'aurais sûrement pas résisté à l'élimination par cosmo SMS. Mais je divague, et les quatre morceaux suivants ont traversé mon esprit comme une image fugitive. Homogène (trop?), l'album fini par desserrer son empreinte sur l'auditeur, lequel en vient immanquablement à siffloter un bon vieux "Senor Peligro" de MINISTRY pour passer le temps. Du temps il ne m'en reste guère, et tandis que l'excellent "Termination" donne un second souffle à "Palingenesy", Tom se jette sur moi pour me ravir le peu d'air qui me reste.
J'ai tué Tom en lui sectionnant l'artère fémorale à travers sa combinaison. Me voilà seul, perdu dans l'espace comme Matt LeBlanc et Gary Oldman, bientôt vainqueur posthume d'un jeu à la con dont le taux d'audience n'a pas dépassé 10%. L'instrumental "Palingenesy", que n'aurait pas renié John Carpenter, rythme mes derniers pas. Parlons en d'ailleurs du père Carpenter. Big John s'est bien ramassé avec GHOSTS OF MARS et ses rejetons de Marylin Manson mals embouchés. On ne trouve sur la planète rouge ni ANTHRAX ni Natasha Henstridge, ma mutante préférée. Juste une nuée de spores acides qui attaquent ma combinaison à vitesse grand V. J'ai froid. Mon corps devient de glace. Comme cet album réussi auquel il manque un brin de chaleur humaine pour séduire au delà du cercle électro métalique.
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