Ascension Of The Watchers - Numinosum
Chronique
Ascension Of The Watchers Numinosum
Avec des projets aussi différents que ASESINO et ASCENSION OF THE WATCHERS, pas étonnant que Dino Cazares et Burton C. Bell se soient mis sur la gueule après la tournée "Digimortal". Riffs poids lourd d'un côté, vocaux aériens de l'autre ; ce qui a longtemps fait le charme des albums de FEAR FACTORY met aujourd'hui en lumière deux directions artistiques fort opposées. Si le guitariste de DIVINE HERESY semble parti en chasse de ses années de gloire, les aspirations du chanteur à la voix d'ange découlent d'une logique bien moins mercantile. Porte ouverte sur le monde des rêves made in Burton, "Numinosum" se révèle être un redoutable agent anti-stress. Là où j'attendais une approche plus électro/indus (signature sur le label d'Al Jourgensen, John Bechdel à la programmation), AoTW dérive sur les eaux calmes d'une world music à la fois douce et hypnotique, mélancolique et orchestrale.
Enregistré au milieu des bois dans le plus profond de la Pennsilvanie, ce premier album porte la marque de l'isolement et de l'abandon. D'une grande sobriété, les 11 compositions évoluent toutes sur le même rythme, celui, lancinant, d'un retour aux sources musicales pour un Burton en rupture de growls et de double pédale. Porté par la guitare acoustique et les leads discrètes d'Edu Mussi (STILL LIFE DECAY, ECHOES AND SHADOWS), "Evading" est symptômatique du contenu général de "Numinosum" : si les lignes de chant restent accrocheuses (parfois proches de "Never End" ou "Echo Of My Scream"), on n'est plus dans le cadre du refrain killer prêt à décrocher la timballe ; Burton C. Bell n'a pas révolutionné sa façon de chanter et l'homme cherche avant tout à se faire plaisir comme sur "Residual Presence", dont les guitares organiques rappelent le "You'll Never Get To Me" de KILLING JOKE. Groupe dont on retrouve l'influence sur "Mars Becoming" et ses sonorités orientales façon "Communion" (sur "Pandemonium", 1994). De tristes et belles mélopées, profondes et languissantes, bercées par des nappes de claviers aux vertus réparatrices (un album idéal pour la sieste - ceci dit sans esprit malin, l'auteur de ces lignes étant capable de trouver le sommeil sur "Bloodthirst" ou "Annihilation Of The Wicked" !) sur "Canon Of My Beloved" et "Ascendant", un opening track mu par des battements de coeur 5:48 mn durant (eh non, ça n'enchaîne pas façon "Refuse/Resist"!).
Bien sûr, pour ce qui est des palpitations, on repassera, le défaut majeur de "Numinosum" étant son caractère monocorde, avare en variations et percussions. D'où un dernier acte un peu ronronnant, pas exempt de défauts à l'image de "Violet Morning", berceuse au mieux maladroite, et "Sounds Of Silence", reprise pas franchement transcendante de SIMON & GARFUNKEL. On regrettera aussi l'absence de véritable batterie, qui aurait sans doute boosté les plus enjouées "Moonshine" et "On The River". Plus sympathique, les paroles en français de "Like Falling Snow" ("Je vois les yeux d'un dieu, dans la neige qui tombe") et le train à vapeur de la très ambiancée "Quintessence" venant conclure un songe de près d'une heure et quart. Reposante à l'extrême, cette ballade au coeur de l'âme burtonienne renvoie l'image romantique d'une nature délaissée au profit de territoires urbains dénués de grâce et de sens. Un sous texte très Fear Factorien, ici délesté de ses oripaux SF les plus évidents.
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