Celestial Bloodshed - Cursed, Scarred And Forever Possessed
Chronique
Celestial Bloodshed Cursed, Scarred And Forever Possessed
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Telle est la question que tout le monde s'est posé un jour ou l'autre. En musique, si jouer la carte de la difficulté promet d'en mettre plein les oreilles à tout le monde, ça ne permet pas pour autant de faire quelque chose de bien, car faire bien et compliqué, ce n'est pas à la portée du premier venu. Bien sûr, on peut aussi faire quelque chose de nul et minimaliste, et être sûr de vendre des brouettes entières de CDs, mais si c'est pour faire la première partie de Machine Head ou Metallica, ça n'a en définitive pas grand intérêt. Les norvégiens de Celestial Bloodshed, pour leur premier album, ont décidé de suivre un schéma plus classique, mais pas forcément plus simple : faire minimaliste et bien à la fois.
C'est un pari osé pour un jeune groupe de black norvégien que d'essayer de faire du black metal comme on en faisait il y a dix ans dans leur morne contrée : simple, ambiancé, mais résolument efficace. Celestial Bloodshed ne s'embarrasse pas de fioritures structurelles ou de riffs compliqués à la Emperor, et distille véritablement les riffs au compte-goutte : pas plus de quatre par morceau, même en plus de 7 minutes. Pour tout vous dire, il y a à peine vingt riffs dans les 7 morceaux (dont une intro ambiancée) qui composent ce Cursed, Scarred And Forever Possessed.
Mais attention, par minimalisme il ne faut pas comprendre old-school : Celestial Bloodshed ne fait absolument pas du black metal des débuts, mais sonne plutôt comme une version allégée du black orthodoxe de leurs voisins suédois. Imaginez une sorte de mix entre Funeral Mist pour le côté ambiancé et Endstille pour le côté purement structurel, avec bien plus d'alternances entre les riffs rapides et les breaks. Bien sûr, les norvégiens sont bien plus posés que les deux groupes suscités, ainsi que, malheureusement mais logiquement, moins bons.
Car là où Endstille arrive à rendre sa linéarité oppressante et fait varier lentement mais habilement ses mélodies, Celestial Bloodshed se contente vraiment de jouer et rejouer un riff pendant deux minutes. Riffs certes bien faits, bien joués, très souvent accrocheurs, et empreints d'une réelle ambiance, mais tout simplement trop peu variés. Tout au long de Cursed, Scarred And Forever Possessed on a l'impression d'entendre le même refrain… et c'est probablement volontaire. C'est dommage car la musique en elle-même est de bonne facture : c'est bien joué et bien chanté, même si l'on peut regretter quelques hurlements disgracieux qui interviennent au début de trois morceaux, ainsi qu'une batterie manquant de relief. La production est très bonne, et n'empêche pas du tout le développement d'une ambiance malsaine réussie. Les seuls vrais défauts de cet album sont son manque de variété et sa durée beaucoup trop courte, surtout au vu du style de black metal pratiqué : 34 minutes !
Cursed, Scarred And Forever Possessed est donc un album de black metal posé et ambiancé, globalement bien fait, mais auquel il manque cette petite touche de génie qui démarque les très grands groupes de black metal de la masse. Celestial Bloodshed signe certes un bon album, qui se laisse écouter sans déplaisir, mais ne donne pas non plus l'envie d'y revenir tous les trois jours. En devenant un poil plus original et en ajoutant deux ou trois morceaux de plus, le prochain album des norvégiens pourrait bien faire parler de lui, mais pour l'instant le groupe reste dans la norme.
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