Aset - Astral Rape
Chronique
Aset Astral Rape
Décidément cette année 2023 est vraiment un très grand cru du côté des sorties des Acteurs de l’ombre, qui après nous avoir notamment abreuvé des opus de LIMBES, MIASMES ou encore MOONREICH revient avec la première sortie officielle d’ASET, qui a ce qu’il faut comme ingrédients pour faire passer un très bon moment aux auditeurs. Sous ce nom mystérieux se cache un projet franco-finlandais où l’on trouve des membres de SETH et ORANSSI PAZUZU, qui ont décidé de s’associer pour créer ce projet Black Metal aux accents orthodoxes qui narre avec qualité les rites occultes de l’Egypte ancienne, sur fond de musique très classique mais redoutablement exécutée... ce qui n’est pas étonnant vu le pedigree des membres. Mené majoritairement sur un tempo enlevé l’ensemble des sept morceaux ici proposés vont dévoiler une écriture intense et technique mais qui paradoxalement reste relativement digeste, bien que tout cela puisse par moments sembler relativement hermétique et identique tant ça peut donner l’impression d’être un copier-coller. Pourtant même si effectivement on a parfois la sensation d’entendre les mêmes riffs et patterns d’un titre à l’autre cela ne va pas porter préjudice à l’ensemble tant le voyage proposé durant près de trois quart-d’heure ne va pas être de tout de repos, et va complètement happer l’auditeur même le plus aguerri. Car tout ici va être à la fois froid, religieux et rempli de variations qui va lorgner aussi bien vers le cosmique que le spirituel, mais sans jamais faire de chichis où excès en tous genres pour y garder en fluidité, vu qu’il aurait été dommage d’en faire des caisses.
Car nulle trace d’introduction ou d’interlude inutiles ici vu que les gars ont décidé de prendre directement à la gorge l’auditoire et sans jamais relâcher la pression derrière, comme va le prouver d’entrée « A Light In Disguise » qui va frapper fort et de façon presque continue, que ce soit sur des blasts impénétrables comme des plans rapides écrasants. Si quelques cassures viennent aérer tout ça le rendu reste néanmoins glacial et d’une noirceur absolue où l’on est emmené très loin au-delà du corps et de l’esprit, tout en ayant l’impression de dériver loin de son cortex physique dont l’image va se dévoiler de plus en plus au fur et à mesure que l’on va avancer dans l’écoute. Et après ce démarrage qui servait de parfaite mise en bouche « Abusive Metempsychosis » va pousser l’expérience plus loin en misant sur un versant religieux plus conséquent, via des ambiances tribales longues et pesantes qui s’ajoutent à une facette plus rampante et inquiétante tant la musique n’hésite pas à accélérer fortement comme ralentir délibérément, afin d’ajouter une densité plus forte à cette expérience qui ne va pas laisser indemne. En effet à partir de la plage suivante (« A New Man For A New Age ») comme celle qui lui succède (« Lord Of Illusions ») tout cela va partir vers quelque chose de plus remuant où l’on se surprend à secouer un peu la tête au milieu de ces mouvements tourmentés, notamment via l’apport de passages en mid-tempo impeccables où le nihilisme se retrouve poussé plus loin. Car sur ces deux compositions la rythmique évolue en permanence et n’hésite pas à monter et redescendre régulièrement, afin de déstabiliser complètement ceux qui prendront la peine de se pencher sur l’œuvre qui montre à contrario une exécution plus directe et qui sent une certaine inspiration provenant du fameux album « The Howling Spirit » du combo Bordelais (présente aussi après coup sur l’impeccable et atmosphérique « Astral Dominancy » au nom totalement raccord).
Rien d’étonnant en fait qu’on retrouve tout du long quelques réminiscences des formations diverses de ses membres, et ces derniers vont clôturer les hostilités avec l’agréable et efficace « Force Majeure » (qui ne propose rien de nouveau par rapport au reste mais fait parfaitement le job) et surtout l’épique et oppressant « Serpent Concordat » qui offre un résumé intégral de ce qu’ils ont proposé jusque-là en jouant sur le grand-écart permanent et implacable où l’on se surprend de vraiment secouer la tête et taper du pied sur certains éléments menés de main de maître. Et même si au final on pourra effectivement se dire que tout ça reste très commun et balisé il ne faut pas sous-estimer l’abattage fourni par l’entité qui livre une œuvre de haut-niveau sans surprises mais redoutablement envoyée pendant quarante-six minutes, qui si elles peuvent parfois sembler un peu longues ne donnent jamais l’envie de passer à autre chose. Offrant un rendu propre et souvent brutal... mais qui sait souvent s’aérer, ce premier enregistrement montre tout le vécu musical de son line-up et demandera du temps et de la patience pour être totalement appréhendé tant sa musicalité y est importante, et l’univers proposé riche en émotions et dissonances diverses.
Si tout n’est pas parfait et que ça manque parfois un peu de folie on ne fera néanmoins pas la fine bouche tant le mystère qui se dégage de l’ensemble nous embarque souvent en plein rite funéraire de momification où Osiris et Anubis ne sont jamais très loin, et où règne l’odeur des caveaux de la vallée des rois sans pour autant tomber dans le délire à la NILE. Spirituel, obscur et faisant parfaitement son cérémonial cette première réalisation commune est une franche réussite qui procurera un long moment d’écoute et de décrochage mental, emmenant l’esprit vers les limbes de l’autre monde et procurant des émotions nombreuses... dévoilant ainsi un potentiel intéressant malgré sa relative linéarité. A voir désormais s’il y’aura une suite un jour ou il s’agissait simplement d’un plan sans lendemain, de toute façon pour l’instant il est trop tôt pour le savoir et même si ça en reste là on aura passé un bon moment intéressant, prenant et authentique... ce qui est le principal, et confirme la grande forme actuelle du label de Loire-Atlantique en matière de défrichage musical.
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