Serment - Chante, O Flamme de la Liberté
Chronique
Serment Chante, O Flamme de la Liberté
La scène BM québécoise regorge de pépites, tu le sais. Innombrables sont aujourd’hui les noms à fleurir le sombre chemin. Rapporté à la taille du pays, il n’est guère que la Finlande pour pouvoir rivaliser en quantité et, surtout, en qualité. Serment est de ces pépites, qui nous présente avec Chante, Ô Flamme de la Liberté, son premier album. Nouveau venu sur la scène, le groupe québécois est le nouveau projet solo de Moribond, de Forteresse, autre groupe phare de cette scène BM ultra qualitative.
Sans surprise, l’amoureux des grands espaces enneigés va retrouver les thématiques chères à son cœur. Comme Forteresse, Monarque, Akitsa, Gris, Grimoire, Sorcier des Glaces, Chasse-Galerie ou encore Sombres Forêts, Serment se propose d’explorer les forêts enneigées, de plonger au cœur d’un Québec authentique, ancestral et chargé de légendes.
La traduction de ce projet passe, comme chez Forteresse ou Monarque notamment, par une utilisation habile et soutenue de l’emphase et de guitares raw déchirantes de tristesses, comme habitées. Le résultat ? Il est superbe.
Dès l’intro (Ouverture), le hululement du hibou balayé par le blizzard plonge immédiatement l’auditeur dans la transe, au centre des débats, dans l’attente, quelques secondes plus tard du tourbillon des guitares avec Sonne, le Glas Funèbre. L’enchaînement rappelle les grandes heures de Metal Noir Québécois et des Hivers de notre époque. Les mélodies sont sublimes, fondues dans la masse, aérant et noyant dans l’emphase pure une batterie épileptique qui tapisse l’arrière-plan de ses blasts incessants. Le son, comme chez Forteresse, reste suffisamment équilibré, entre clarté et âpreté, pour donner à entendre la richesse du morceau et d’en saisir les évolutions sans difficulté. Les arrangements sont nombreux et, comme à l’habitude, la force tient dans ces ponts centraux dont Moribond parsème ses créations. Ici encore, il est tout simplement sublime, la batterie ralentissant le tempo, jouant sur les cymbales pour créer un rappel auditif répétitif qui tranche avec la mélodie enlevée.
La dynamique des titres renforce considérablement l’immersion souhaitée. Sonne, Le Glas Funèbre tient tout entier sur cette vélocité, que le pont central, on l’a dit, enrichit bien plus qu’il ne perturbe. Par-Delà Collines et Rivières fonctionne sur le même mode opératoire. L’ouverture est violente, extrêmement épique et emphatique, comme des chevaux en plein galop qui traversent la steppe, portée par une voix hantée et surtout une mélodie magnifique, très simple, ultra symphonique, qui gonfle encore l’émotion procurée par le titre. L’auditeur est happé, tout entier absorbé par ce tourbillon d’émotions, de sentiments, la sensation du vent balayant son visage devenant quasiment palpable. Sublime, Par-delà Collines et Rivières est sans doute la pièce maîtresse de l’album. Là encore, un pont central vient apaiser le tout et relancer la dynamique en substituant à la mélodie symphonique une mélancolie lente, très douce et là encore sublime. Une merveille.
Dès la seconde partie de l’album, dès Flamme Hivernale, Serment relance l’album en partant vers des terres encore plus symphoniques, comme en témoignent l’ouverture de Flamme Hivernale et Avant que ne Meure la Gloire ou Hymne à la Patrie, tout instrumental. Le son gagne en profondeur et l’emphase s’accroît très sensiblement. Pour autant, cette seconde partie est encore plus violente que la première, la batterie montant d’un cran dans l’intensité (Flamme Hivernale, Avant que ne Meure la Gloire). Paradoxalement, c’est dans ces moments violents, où la vitesse le dispute à l’intensité, que Serment révèle sa puissance et Moribond, sa force créatrice. Les ponts son nombreux, plus axés sur les guitares (Flamme Hivernale, Avant que ne Meure la Gloire) mais sans que jamais les mélodies ne soient sacrifiées. Fondues dans la structure, elles se révèlent tout au contraire dans les aspérités laissées libres par les guitares et dans les ralentissements de la batterie. Il est remarquable, de nouveau, de constater à quel point le tout s’enchaîne naturellement, sans à coup. Les structures sont chargées, bourrées d’informations et pourtant, le tout peut bien être riche, il n’est jamais écœurant.
J’écoute du BM depuis près de 30 ans. Les albums qui, aujourd’hui, me surprennent, me bouleversent, sont rares. A tel point que depuis quelques années maintenant, je vais de plus en plus chercher mon bonheur loin des rivages du metal. Serment vient de m’y ramener brutalement. Chante, Ô Flamme de la Liberté est une pure merveille. Un joyau. Il démontre à tous les vieux cons de mon espèce que le metal peut encore sortir des chefs d’œuvre, peut encore surprendre et définitivement emporter l’auditeur.
| Raziel 21 Mai 2020 - 4276 lectures |
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