Non mais vous le croyez ça? Encore un groupe français qui débarque de nulle part et qui casse la bar(b)aque! Et signé sur un label étranger (
OK, un petit) de surcroît, avec la promo – en général enthousiaste – à l'international qui va avec. A croire que le lait maternel hexagonal a été agrémenté de nitroglycérine ces 20 dernières années, et que c'est en train de commencer à porter ses fruits. En tout cas avec toutes ces occasions de pousser des cocoricos, ça va commencer à ressembler à un mâle poulailler (
il faudrait dire un « coquailler » peut-être? Ou « cock higher » alors, plutôt) chez Thrasho – avec Chris dans le rôle du vieux patron de basse-cour, von_yaourt dans celui du Caliméro je-sais-tout, Dead en Géo Trouvetou webmaster à binocles et $am dans celui de vieux dindon lubrique … Moi je la(-)pine tranquillement à coups de carottes dans mon clapier, merci de vous en soucier.
Les Niçois de Sideblast nous offrent avec « Flight of a Moth » une vraie salade de l'extrême où s'entrechoquent avec fracas brutal death d'obédience polonaise (
beaucoup) et floridienne (
moins), black épique et véloce, groove hargneux et mosh deathcore ainsi que tout plein d'autres saveurs éparses, comme du black/death à la suédoise (
à 2:20 sur « Pattern Of Life » par exemple), du thrash, des
SYL-eries (
le début et la fin de « Lucid Dream » notamment), des relents de
Scarve (
le début de « Pattern Of Life » encore) voire de
Trepalium (
1:13, encore et toujours sur « Pattern Of Life »). Leur bio met en avant
Emperor,
SYL,
Immortal et
Behemoth comme influences majeures, mais franchement c'est surtout un mélange de l'armada impérial et des Polonais nergaliens que vous devez avoir à l'esprit pour imaginer la base musicale dont est fait ce skeud. Quand on se focalise plus sur le côté accrocheur, moderne mais bien brutal, le groove et la polymorphie du chant, on aura aussi tendance à penser aux grands-frères de
Benighted. Bref, des références hétéroclites de qualités.
L'impression qui ressort dès le début de l'écoute de ce « Vol d'un Papillon de Nuit » (
Quoi? Ca reste quand même plus evil que le « Déhanché de l'Hippopotame »!), c'est qu'on est en train de se prendre une sévère mandale dans la tronche, l'assaut sonore étant aussi massif que carré. Puis très vite on remarque la versatilité des plans et « atmosphères », le rôle prépondérant de la rythmique – et notamment de la batterie – et l'abondance vocale autant qualitative (
si, ça peut se dire … non ?) que quantitative. La groupe colle un maximum d'informations dans chaque titre, passant d'un passage brutal death qui démanche à du black échevelé, enchevêtrant des growls gutturaux sur des plans 100% BM, ou des shrieks à la
Emperor et des grattes glaciales sur une base rythmique léchée comme un ours polonais, cassant la structure des morceaux à coups de breaks bien sentis sans pour autant jamais donner dans le mathcore ou la
Meshuggerie gratuite et casse-bonbons. Il nous est également servi à longueur de morceaux d'omniprésents mais paradoxalement très discrets petits bruitages et zigouigouis divers, parfois samplés, parfois tartinés au clavier, sans que l'on s'en aperçoive vraiment, et donc sans être pénible ni atténuer la brutalité du propos.
L'irritation pourra néanmoins saisir ceux qui ne conçoivent pas une bonne tranche de boucherie sonore sans une pléthore de soli et de leads masturbatoires. De même, ceux qui abhorrent l'approche moderne du death et qui considèrent que tout ce qui est suffixé par –core (
cf. les mosh parts, et les vocaux éraillés HxCx) est aussi bandant qu'un reste de gastro en fond de string doivent approcher l'album avec prudence. Autre caractéristique à double tranchant: le groupe n'est pas le dernier pour la déconne. Non non, rassurez-vous, pas d'humour bite-couille-poil à la Gronibar ici, plutôt des mini délires que personnellement j'apprécie beaucoup. Ca va de l'utilisation de (
nombreux) samples savoureux tirés de nanars Chuck Norissiens aux répliques excellemment nulles, à un cri de Tarzan à 3 balles en surimpression d'un début d'accélération death assassine (
à 0:37 sur « Flight Of A Moth »). Ca prend encore la forme d'une caricature de vocaux gore-grind (
« Takatakatakatakata boum boum» à 1:37 sur « The Abscess ») qui sent le pince-sans rire de bon goût. Pas très evil tout ça, mais très bien dosé, sans mettre une goutte à côté de la cuvette.
Là où le groupe fait très fort, c'est que malgré les fréquentes core-ries et les pointes humoristiques ci-avant évoquées, nos niçois (
… qui mal y pense) réussissent à développer une facette assez dark. Cela est en grande partie du à la coloration black très prononcé de ce papillon de nuit, à ces ambiances sporadiquement glaciales (
à 0:47 sur « Deep Scorn », à 1:34 sur « Lucid Dream » …) et à ces quelques réminiscences
Deicido-
Vital Remainiennes (
à 2:33 sur « Same Blood » ). Et pourtant, le groupe n'en moshe et groove pas moins à bon escient quand il en sent le besoin – ce qui veut dire assez souvent.
Bref, cette galette m'a bien retourné le slip. Je tempérerai quand même un peu mon enthousiasme car si le début de l'album (
Les 2 premiers vrais titres) ou encore « Wrong Decision » et « Flight of a Moth » dont d'énormes tueries qui vont tout pêter en live, les autres titres ont beau posséder toutes les qualités précédemment énumérées, il leur manque un brin de « mémorisabilité », bref ce truc impalpable qui vous flanque un hameçon dans le ciboulot et un harpon dans le derche et qui hisse les morceaux bien foutus au rang de hits. Il n'empêche que voilà encore un groupe excellent qui brasse avec brio les genres pour en extirper son propre truc, qui plus est à la saveur subtilement déconnante. Le battement (
blasté) d'aile de ce papillon de nuit n'aura aucun mal à déclancher des ouragans un peu partout sur le globe. A soutenir sans restriction.
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