Phlebotomized - Clouds of Confusion
Chronique
Phlebotomized Clouds of Confusion
Aujourd’hui, en cette veillée de Noël, tu as une chance folle. Tu vas découvrir ou redécouvrir un groupe culte au travers de son dernier album et grâce à qui ? Papa Raziel, tout juste, pourvoyeur de beaux cadeaux. Phlebotomized est un groupe culte. Un vrai de vrai. Créé en 1991, autant dire aux quasi débuts du death metal, le combo hollandais n’a jamais rien fait comme les autres. Son univers singulier, très fantasy, les plaça d’emblée hors du lot.
D’entrée, dès In Search of Tranquillity et surtout Preach Eternal Gospels, leurs deux premiers EP, le décalage était fort. Imagine – si tu ne connais pas – des gars ultra doués, au niveau technique à la Cynic, qui pratiquent un death metal daté 90’ mais avec des claviers (en 92 donc…) et des violoncelles, une attitude plus thrash skate (TShirt rose bonbon, basket hautes…) qu’obscure et tu as une peinture assez fidèle du monument. Sauf que, derrière tout ça, tu as la grande classe. Deux premiers albums longue durée en forme d’alpha et d’omega du techno death / prog’ death (Immense Intense Suspense et le très, très sous-estimé et totalement barré Skycontact) et un niveau technique et de composition qui balaie l’ordinaire et tutoie l’excellence.
Si j’ai laissé passer Deformation of Humanity, en revanche, c’est au dernier album en date que tu auras droit aujourd’hui, ce Clouds of Confusion qui s’annonce chez moi avec une curiosité mêlée d’envie non feinte. Et quel délice ce fut.
Autant te le dire de suite, que tu ne perdes pas de temps. Phlebotomized pratique un death metal à l’esprit grand ouvert, tu l’auras compris. Ne cherche ici ni structure claire, ni refrain, ni thème récurrent. Phlebotomized est avant tout dans le free – death – jazz – rock… Ses claviers sont toujours décalés, à la fois dans le ton et dans le rythme. C’est étrange, insaisissable, hors du temps. C’est sombre aussi, parfois spatial comme chez un autre grand, Nocturnus pour ne pas le citer, c’est souvent doom et rock comme chez Anathema (c’est la réunion des grands ici !), c’est presque toujours pertinent à la condition d’être dans le bon état d’esprit.
Clouds of Confusion, 32 ans après, est de cette trempe. L’intro – Bury My Heart – annonce toutefois une ère plus violente (Destined to be Killed) mais déjà, la patte mélodique et prog’ est là, comme la voix, typique du death des 90’, organique à souhait (très profonde sur Desolate Wasteland, morceau de 58 secondes). Les claviers sont présents, beaux comme tout, donnant une épaisseur réelle aux titres. Alternate Universe, Lachrimae et Desolate Wasteland proposent un enchainement sublime, très aérien, très mélodique sans négliger une belle dynamique et une emphase parfaitement dosée. Ce n’est jamais kitsch, c’est toujours intéressant, bourré d’arrangements (les petites reverb’ spatiales sur Alternate Universe, les chœurs religieux sur Lachrimae, le piano sur Pillar of Fire ou sur la reprise de Bury my Heart) et de soli d’un autre monde (le pont central, sublimissime sur Alternate Universe ; le même pont sur Destined to be Killed qui tranche avec la lourdeur des guitares et la violence du titre ; le pont central sur Death Will Hunt You Down).
Les structures sont, comme à l’habitude, habitées, surchargées en informations, foisonnantes d’arrangements en tous genres. Ainsi, Destined to be Killed, l’un des morceaux les plus violents, est pourtant entrecoupé de claviers aériens du meilleur effet et de boucles presque orientales en arrière-plan qui lui donnent une épaisseur incroyable. De la même manière, Pillar of Fire est gonflé aux hormones, avec des guitares lourdes, ce qui n’empêche nullement que les claviers et le piano viennent poser une atmosphère presque orientale là encore, optant pour des petites boucles discrètes qui dopent la structure. Les guitares dressent ensuite des sortes d’arabesques prog’ tout du long pour un morceau de nouveau extrêmement riche.
Cette débauche de technique, d’idées et d’arrangements pertinents ne débouche jamais sur une sensation d’étouffement. La science de la composition fait que, chez Phlebotomized, tout est toujours très digeste, très naturel.
Les 4 derniers morceaux, parmi les plus longs, empruntent une direction différente, à la fois plus rapide et plus prog’ encore. Death Will Hunt You Down est ainsi sur un rythme élevé mais littéralement porté par les claviers et les arabesques, une rythmique lourde et des notes ultra fragiles ; A Unity Your Messiah Pre Claimed ? se déploie en détours permanents, toujours sur le fil entre violence et notes étranges répétées en thème récurrent ; Dawn of Simplicity et Context is for Kings sont tout drapés de guitares lourdes et menaçantes mais également enveloppés d’une aura quasi lumineuse, tel un rai traversant les nuages, de mélodies / soli ultra rapides et entêtant et d’un orgue qui apporte toute l’emphase dont ses titres avaient besoin pour être juste parfaits.
Ce nouveau Phlebotomized est une merveille, tu l’auras compris. Le groupe tient sa ligne depuis 32 ans, droit dans ses bottes, honnête dans sa démarche comme dans ses propos. Intangible depuis 1991, Phlebotomized réussit le tour de force de proposer un album moderne ancré dans le passé, d’une richesse tout à fait remarquable. Buy and buy.
| Raziel 24 Décembre 2023 - 1259 lectures |
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