Tzun Tzu - Without Zen

Le nom prête à sourire mais si l'on connait sa signification, la bouche se tourne dans l'autre sens. Tzun Tzu fait en effet référence à l'auteur chinois de "L'Art de la Guerre". Drôle d'appellation malgré tout mais forte d'une originalité bienvenue. Et rien de plus logique de toute façon puisque le concept du groupe tourne autour de l'Extrême Orient et plus particulièrement du Japon. Formée en 2005, la formation australienne née des cendres d'Oni sort son premier méfait l'année suivante sous l'incarnation de cet EP, Without Zen, sur Dissident Records. Un premier pas dans le monde du métal extrême complètement réussi car emprunt d'une âme et d'une ambiance inédites.

Without Zen comporte cinq titres pour moins d'un quart d'heure. On tient déjà le gros défaut de cette sortie beaucoup trop courte d'autant que la qualité est au rendez-vous. Cinq titres donc mais seulement deux véritables morceaux métal, les trois autres étant des instrumentaux ambiants. Tout commence par une courte introduction, "Hajimari No Seika", qui met en scène une personne growlant une sorte d'incantation, nous enveloppant déjà dans l'ambiance envoûtante de l'opus. Puis des sortes de clappements et on enchaîne sur "Blood Of The Fallen", titre de death métal brutal et inspiré. Ca blaste, les riffs sont efficaces, vont droit au but, ça growle dans les graves tout en restant intelligible, le son est brut, ça joue vite, les rythmiques parfois thrashies nous entraînent, un parfum d'old-school nous enivre, ça défouraille, bref que du bon. Un petit solo chaotique assez bref puis surgit une partie lente et morbide à la Infester sur laquelle les voix semblent se multiplier. "Without Zen" suit dans la même veine mais c'est encore meilleur avec un passage sombre de chez sombre qui aurait très bien pu figurer sur le To the Depths... In Degradation du gang de Seattle. Tzun Tzu continue ensuite avec une longue séquence où les nombreux mais brefs soli sont entrecoupés de roulements à la batterie, lents et seuls, accentuant la lourdeur de la bête.

C'est déjà fini pour le death metal puisque les deux morceaux suivants s'avèrent être des plages instrumentales. Tout d'abord "OniKudaki", son de cloche ou de percus sur des samples angoissants, l'ambiance est délicieusement sombre et lourde. Apparaît alors un instrument à corde japonais jouant les mêmes accords glauques mais envoûtants à l'infini. Le shéma se répétera ensuite mais sera sublimé par des murmures glaçants, renforçant ainsi l'atmosphère pesante. Magnifique! Puis le dernier titre, "Owari No Seika", se révèle lui bien moins intéressant et ne sert que d'outro avec des samples du même accabit ainsi que quelques grognements humains légèrement distordus par de discrèts effets.

Comme je le disais plus haut, tout ceci est malheureusement bien trop court mais suffisant pour voir en Tzun Tzu un groupe au potentiel extrêmement intéressant qui, chose rare et particulièrement recherchée dans le death metal, propose une musique originale au concept unique. Les morceaux death se révèlent jouissifs et bien brutaux, avec une ambiance digne de ce nom qui plaira à tous les fans d'Infester, Incantion, Immolation et compagnie, et le travail sur les orchestrations s'avère très bien interprété. Il ne reste plus qu'à Tzun Tzu à mieux fondre les deux essences de sa musique en introduisant les parties expérimentales à l'intérieur même de ses morceaux plutôt que de créer des instrumentaux à part et les natifs d'Adélaïde se poseront en futurs cadors de la scène extrême. Raison de plus pour s'intéresser aux Australiens, Without Zen a été réédité il y a peu, toujours sur Dissident Records, avec tout un tas de mp3 de groupes issus de la roster dissidente. Vous n'avez plus d'excuses!

DONNEZ VOTRE AVIS