Tiens, une vieille connaissance ! Tzun Tzu fait partie de ces formations de death metal underground peu connues et pourtant méritantes pour lesquelles j'ai une affection particulière, d'autant que je suis les Australiens depuis leurs débuts ou presque. Cela faisait cependant un moment que l'on n'avait pas abordé le groupe et son "ancient oriental death metal" puisque la dernière fois remonte à la chronique de leur album éponyme en 2012. Une déception qui plus est, après deux EPs prometteurs. Tzun Tzu sort la même année deux autres EPs,
Ko'Muso et
The Assassin, en fait les parties des splits avec leurs compatriotes d'Altars et Ignivomous sortis en 2008 et 2009. La productivité va ensuite baisser drastiquement avec un seul EP,
The Decay of Golden Gods, en 2016. Un bon cru dont je n'ai pas pris le temps de parler ici et qui montre un Tzun Tzu plus brutal et mature, notamment grâce à une production plus opulente et un batteur plus efficace issu des regrettés Altars. Il faudra attendre début 2020 pour voir le quatuor d'Adélaïde refaire surface sur ce
The Forbidden City. À nouveau une belle pochette soignée illustrant sans équivoque la thématique extrême orient historique (tout comme son titre) et à nouveau un EP, décidément le format préféré de la bande. Pas de Dissident Records cette fois par contre mais Lavadome Productions, label de death metal bien connu des gens de bons goûts, ce qui devrait permettre au combo d'avoir une meilleure visibilité.
Tout comme la qualité de
The Forbidden City, nouvelle sortie réussie pour la formation australienne qui signe là un retour des plus convaincants. Parlons d'abord des choses qui fâchent cela dit.
The Forbidden City ne comporte que trois titres. S'il dure tout de même dix-neuf minutes, ça ne fait pas lourd après un peu plus de trois ans d'absence. Pire, deux des trois morceaux s'avèrent en fait des versions réenregistrées de vieux titres.
"Kunoichi", qui apparaissait sur l'EP du même nom (2008), et "Ko'Muso", le titre du split avec Altars (2009). On n'ira pas jusqu'à parler d'arnaque mais franchement, pas cool ! En y regardant de plus près toutefois, ces deux pistes se révèlent un peu plus que de simples réenregistrements. Elles ont en fait été retravaillées et sonnent meilleures que jamais. La production, beaucoup plus massive, puissante et claire y fait déjà beaucoup (effet rouleau-compresseur garanti), tout comme le jeu du batteur Alan Catman qui blaste comme il se doit. Un des défauts de Tzun Tzu était de se limiter trop souvent à des semi-blasts patauds. Ce temps est désormais révolu avec de vrais bons gros blast-beats qui claquent comme il faut. Les morceaux sonnent dès lors bien plus brutaux, menaçants et écrasants. Dans le détail, les deux "reprises" ont été rallongées.
"Kunoichi" se voit amputé du chant féminin qui contre-balançait le growl de Don Taylor sur la fin. Un perte d'originalité dommageable, toutefois rattrapée par le break calme du milieu toujours présent qui instaure une ambiance presque "zen" avec son instrument à corde traditionnel japonais (shamisen ?), reproduit à la guitare-synthé. L'excellent passage plombé, lent et mélancolique venant après se voit lui étiré. Plutôt bien vu car il fait toujours son petit effet, plus que jamais même ! "Ko'Muso" subit le même traitement grâce aux blast-beats, au son musclé (ce démarrage qui te pète à la gueule, ça change tout !) et à l'ajout d'une séquence sombre, aux sonorités orientales (flûte shakuhachi ?) et enrichie d'orchestrations, qui joue sur le contraste zen/menaçant. Si on ne peut pas vraiment dire qu'il s'agisse de nouveaux morceaux, ceux-ci ont en tout cas été suffisamment revisités pour qu'il y ait un intérêt à les avoir intégrés. C'est bon les gars, vous voilà pardonnés !
Bon, et le premier morceau alors, le seul inédit ? Il poutre ! "The Forbidden City" reprend là où le groupe s'était arrêté sur
The Decay of Golden Gods. Un death metal orienté old-school qui a pris du muscle et se rapproche désormais du brutal death et de ce que proposait Don Taylor avec son ancien groupe Oni dans lequel il jouait aux côtés de Pahl Hodgson avant que ce dernier ne reforme Beyond Mortal Dreams. L'entrée en matière jouissive bien massive sur ces semi-blasts qui pilonnent avant de partir en blast-beats véloces sur un tremolo éclair, ça ne trompe pas ! Le growl de Taylor, plus guttural et profond, va aussi dans ce sens. Tzun Tzu enchaîne ensuite les plans aux riffs et rythmiques variés allant du lourd au très rapide en passant par du tchouka-tchouka entraînant. Ça manque un peu de fluidité parfois mais la batterie offre une excellente dynamique (la basse n'est jamais très loin non plus) et le riffing en tremolo plus ou moins mélodique, s'il se montre assez classique, fait très bien le job. Le solo fort sympathique vers la fin prouve encore le feeling mélodique du gang, un de ses atouts qui l'accompagne depuis le début. Sur du blast en plus, miam ! Et toujours cette atmosphère sombre et inquiétante. Du death metal quoi, merde ! On regrettera juste qu'à part un gong asiatique qui retentit à un moment, le côté "ancient oriental" censé être le concept du groupe reste absent musicalement. Pas la première fois que je fais ce reproche au groupe. Les sonorités nippones se manifestent un peu plus sur les deux titres suivants mais uniquement sur des breaks alors qu'un groupe comme Nile incorpore ses saveurs égyptiennes bien plus en profondeur dans son brutal death.
Trois titres c'est peu, surtout quand deux ne sont que des vieilles compositions réarrangées alors que le combo n'avait rien publié depuis 2016. Si cette première réaction sent plutôt la frustration, sentiment qui perdurera malgré tout, elle fera vite place à une certaine satisfaction. Celle d'un death brutal, sombre et old-school un tant soit peu original, du moins dans l'idée car il pourrait l'être davantage, et surtout de grande qualité. Ce, grâce à un riffing nickel, un jeu de batterie punitif ultra costaud, une production imposante, un feeling mélodique savamment dosé et ces quelques sonorités japonisantes bienvenues qui nous rappellent que trop rarement le concept du groupe. Le morceau inédit convainc dès les premières secondes tandis que la relecture des deux anciens titres s'avère payante, leur conférant une tout autre dimension. Tzun Tzu n'a jamais sonné aussi bien que sur ce
The Forbidden City, sa meilleure sortie à ce jour. Avec mes nouveaux héros nationaux d'Ad Vitam Infernal et l'EP de Mære loué par le confrère Jean-Clint, voilà un début d'année en fanfare pour Lavadome Productions qui ne m'avait pas émoustillé autant depuis un moment. Dire qu'il reste encore à venir le prometteur Black Hole Deity, le retour tant attendu de Chaos Inception ainsi que le deuxième album inespéré d'AthanaTheos, 2020 s'annonce décidément bien meilleur que 2019 !
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