L'heure du changement est arrivé pour Recueil Morbide qui sort en ce pluvieux mois de novembre son nouvel album baptisé
A Neverending Fight. Un album qui devrait sans peine les propulser sur le devant de la scène métal extrême française. Pourquoi 6/10 seulement alors? Parce que.
Finis les morceaux de 2'30 comme l'on pouvait en trouver sur le très bon opus
Waste Of Senses. Les Francs-Comtois ont élevé leur niveau de composition pour nous offrir des titres complets de plus de 4 minutes en moyenne. Terminée également la production faiblarde, place désormais à un son bulldozer qu'on dirait tout droit sorti de chez Tue Madsen. Cerise sur le gâteau, les Français ont embauché Julien Truchan de Benighted pour les épauler au chant. Et comme Benighted est une des formations les plus populaires de l'Hexagone, on peut croire les portes du succès grande ouvertes pour Recueil Morbide.
Ce sera sans doute le cas mais je ne les franchirai pas. Ca n'est pas passé loin pourtant.
A Neverending Fight s'ouvre sur "Domination". Gros blasts ultra puissants, voix de porc, riffs jouissifs, ça commence bien. Puis viennent "My Worst Defeat", "Massive Destruction Weapon", on continue dans la boucherie. Au tour du morceau titre ensuite et si on s'en prend encore plein la figure, on commence aussi à grincer des dents. Le tempo se calme et ça ne blaste plus ou très peu après ces premiers morceaux. Et Recueil Morbide a désormais voulu se ranger dans la catégorie modern death. Il y avait bien quelques saccades à la double type mosh-parts sur
Waste Of Senses et quelques vocaux hardcore mais rien de bien méchant. Ce côté moderne prend maintenant beaucoup plus d'importance. Plus de passages saccadés ultra simplistes donc alors qu'à côté on peut trouver d'excellents riffs blastés 100% brutal death. Recueil Morbide aime aussi varier son jeu et propose parfois des séquences plus posées, plus mélodiques. Bonne idée que de montrer les différentes cordes à son arc, malheureusement ça ne fait que casser l'intensité de l'opus. Et puis sans parler de saccades,
A Neverending Fight affiche plusieurs riffs pas du tout death metal et surtout peu inspirés contrairement aux riffs rapides soutenus par ces blasts tonitruants.
Et Julien alors, comment il s'en sort? Il joue parfaitement son rôle et reprend les vocaux variés de l'album précédent, comme il fait chez Benighted. Du coup, la comparaison avec le combo stéphanois est inévitable, Recueil Morbide perdant un peu plus de sa personnalité. Du growl, du gruik, du criard, du glaireux, le bonhomme maîtrise son jeu impressionant de diversité. Toutefois, ses intonations porcines sur les séquences à moitié rapides se révèlent peu appropriées et deviennent vite soûlantes. Ce n'est que sur les blasts (oui, encore) que ses vocaux prennent tout leur sens.
Recueil Morbide nous fait en quelque sorte le coup d'Aborted et Emeth et a choisi de polisser son son (où sont les riffs vicieux et entêtants de
Waste Of Senses?) et suivre un courant plus à la mode. Si personnellement j'accroche beaucoup moins à cette nouvelle direction, elle devrait néanmoins plaire à la nouvelle génération. Après tout, Recueil Morbide a peut-être sorti là son album de la maturité comme on dit. Il fait preuve d'un réel talent de composition avec des titres plus aboutis et plus variés, maîtrise très bien son sujet et garde un bon niveau de brutalité et d'efficacité. Moi, je reste sur un sentiment de gâchis et c'est sur
Waste Of Senses que je continuerai de me recueillir.
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