Entre H.D.K. et moi, c'était bien parti pour ressembler à une séance de speed dating foirée, tous les indicateurs étant initialement bloqués dans le rouge. Jugez plutôt: arrivé dans ma boîte aux lettres sans avoir été désiré ni même annoncé, la carte de visite de « System Overload » n'incitait pas forcément au plus enthousiaste des priapismes chroniquatoires. Annoncé comme la première production du projet (
génial, de la musique égoïste d'artiste frustré…) de Sander Gommans, guitariste et compositeur de
After Forever s'essayant au metal extrême (
super, le gentil David Banner lâche la guimauve pour se la jouer Hulk …), cet album devait exorciser la crise de nerfs et d'identité du monsieur et montrer à la face du monde que lui aussi, il a du matos dans le sac à cojones (
tooop, j'adore mélanger critique musicale et psychanalyse …). En plus de ça, une liste de guests longue comme la queue du Marsupilami (
non, pas celle-là) promettait une pincée de heavy niais (
enter A.Matos) et une grosse lichette de « heavenly gothic voice » (
Amanda Somerville - Avantasia, Epica, After Forever, Edguy, Luca Turilli ... je continue ?): bonjour la soupe au chamallow! Bref, on peut dire que j'étais prêt à lâcher les chiens, cracher ma bile et me fâcher tout rouge (
mon côté gauchiste ça …).
Alors, H.D.K. pour « Hate Death Kill » (
si si, c'était sensé être parodique initialement) ou pour annoncer une « Heavily Destructive Kronik »? Eh bien – ne faites pas semblant de succomber au suspense, vous avez déjà aperçu la note ! – derrière la binoclarde mal fagotée que promettait ce mauvais début de speed dating se cachait en fait un charmant petit minois aux rondeurs expertement distribuées pour ébats gourmands. En effet « System Overload » est un jouissif méli-mélo de speederies thrash moderne, de juteuses mélodies à la mode death suédois (
2e vague), de refrains hyper accrocheurs puisant dans le heavy et le metal à chanteuses, de grattes expertes alignant rythmiques énergiques et leads virtuoses, le tout mis avantageusement en valeur par une prod' aux petits oignons. On croise ainsi, dans cette Cour des Miracles du metal joufflu mais gouttu, aussi bien du
Megadeth new school (
sur « Terrorist » par exemple) que du
Arch Enemy période Angela Gossow (
« March »), du heavy classieux mais burné (
'pas beaucoup de références dans mon catalogue … Evergrey? Savatage?), du Evanescence en plus poilu (
« Breakdown »), puis du mélodeath tirant sur le black, du gros blast qui éclabousse (
à 2:05 sur « On Hold ») …
OK, c'est vrai que tout ça copule joyeusement au détriment de l'homogénéité de ton nécessaire au bonheur des ultra orthodoxes du metal moulé à la louche. OK, le chant féminin, sans être ni trop présent ni trop pesant, revient quand même sur un grand nombre de morceaux, ce qui risque de hérisser le poil des plus velus d'entre vous. OK, les plans (
hard-)rock et heavy sont fréquents, voire structurants. En fait cet album souffrira des mêmes critiques (
et mêmes de bien pire) que celles adressées aux canadiens de
Into Eternity: trop burné pour ceux écoutant du metal au Pays --- de Candy, et trop sucré – voire trop radio friendly – pour ceux buvant leur Banania à même le crâne du zombi fraîchement décapité du matin. H.D.K. évolue dans un monde sans entraves où les mélodies les plus tubesques (
le début de « Terrorist », l'alternance chant féminin – thrash indus martial à chant hip-hopesque sur « Breakdown ») et les lignes de chants les plus sing-alonguesques (
« It's so hard to let gooooooo ! », « Please – Leave – Me – The Hell A-loooooone ! » ou encore le refrain en couches de « Fine Lines ») côtoient les plus gros lattages de popotins (
l'accélération à 0:50 sur « Let Go », les accès de black hargneux sur « Fight or Flight » …) et les soli les plus virtuoses (
à partir de 2:58 sur « Fight or Flight »).
Alors j'ai lu que cet album manquait de cohésion, que les morceaux ne restaient pas en tête (
honnêtement, j'hallucine!), que la grosse prod' ne pouvait masquer le vide du propos … J'avoue avoir du mal à comprendre comment son câblés les oreilles et goûts de certains! Et pour en revenir à l'aspect cohérence et à la liste des invités, il faut bien dire qu'on se rend à peine compte des interventions des uns et des autres tant l'ensemble se fond en un tout merveilleusement catchy et évident. « System Overload » est ma première bonne surprise de l'année, une grosse friandise aussi énergétique qu'addictive qui – contrairement aux craintes que pourraient exprimer certains – ne colle pas aux dents. Il est tout de même vrai que, pour être pleinement apprécié, l'album demandera aux auditeurs d'assumer leur part de féminité … Euh, je voulais dire de ne pas avoir peur d'apprécier des courants du metal fustigés comme « gay » par leurs potes tatoués-durs-de-durs-vrais-de-vrais. Bref à réserver aux amateurs éclairés de bon metal sans frontières et à ceux qui sont suffisamment sûrs de leur sexualité (
!!!) pour ne pas se cantonner à l'écoute des groupes approuvés par leurs puceaux de copains de caverne.
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