Scorn Age - Human Factor
Chronique
Scorn Age Human Factor
Avant d'aller plus avant dans la chronique de ce premier album, dissipons d'emblée un fâcheux malentendu : contrairement à ce que j'ai pu lire à droite à gauche, SCORN AGE n'est en rien un groupe de death metal. Sans doute étiquetés de la sorte au regard du registre plutôt caverneux de leur chanteur Alexander Olshinsky, les ukrainiens pratiquent un power thrash lorgnant sur la scène 90's en général, et du côté des derniers MACHINE HEAD en particulier (période Phil Demmel). Les plus poilus de l'assistance sont donc priés d'évacuer le pit et de laisser pogoter gentiment le maigre public encore acquis à la cause de rythmiques tantôt saccadées tantôt jumpy, jalonnant un « Human Factor » que nombre d'entre vous jugeront désuet, voire carrément anachronique.
Ecartons d'un revers de manche les quelques rares passages extrêmes ou apparentés, absolument pas représentatifs du contenu d'un premier full length paré à voir le jour depuis plus d'un an maintenant. Fraîchement signés chez les frenchies d'Another Sphere Records, les jeunots de SCORN AGE ont beau avoir un orteil en territoire death, principalement sur « Freedom With Rotting Face » (ou cohabitent salves de double pédale, semi blastouille et riffs pachydermiques), rien à faire, la bande à Denis Taranov s'adresse définitivement plus aux amateurs d'EKTOMORF qu'à ceux de MALEVOLENT CREATION. Le guitariste ayant eu l'idée de monter un groupe de metal en regardant un épisode d'Hélène et les garçons, faut pas s'étonner que le power thrash apparaisse à ses yeux comme un genre hautement subversif ! Ceci étant posé, reconnaissons que « Human Factor » n'a pas que des défauts, sa plus grosse tare restant à mes yeux la surabondance de rythmiques power sans envergure qui plombe l'immense majorité des onze titres de la galette (dix en réalité, « Intro » n'étant en réalité qu'une simple ... intro, c'est bien, y en a qui suivent). Car si l'on fait abstraction d'un phrasé très urbain fleurant bon le fromage rappé sur les couplets de « Enforced To Live », le gueulard Olshinsky mène plutôt bien sa barque, entre hurlements abrasifs bodomiens et parties plus gutturales, heureusement majoritaires ici. Peu de chant clair à signaler, sinon sur « Provocateur », où Shesha (QUADRAGESIMA) vient pousser, et plutôt bien, la chansonnette. SCORN AGE évite donc le piège de la mièvrerie, toujours ça de gagné, et si Anton Bolotin ne réussit rien d'extraordinaire derrière son kit, la dynamique de l'ensemble et la courte durée du skeud font de « Human Factor » un album efficace dans le style, doté d'une production équilibrée et de quelques éclairs mélodiques bienvenus sur « Decayed Society » ou « Provocateur » (tous piqués à MACHINE HEAD, of course). Reste que l'absence de passages purement thrashy (un peu de toupa toupa sur « G.S.M.S.M.S. », et baste!) et de véritables solis pèse lourd dans la balance, SCORN AGE ne pouvant se reposer décemment sur sa seule section rythmique. Gavé ras la gueule de riffs génériques, « Human Factor » se verra donc affligé de LA phrase de conclusion de review lambda :
Album correct, à réserver aux amateurs du genre !
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