Ava Inferi - Blood Of Bacchus
Chronique
Ava Inferi Blood Of Bacchus
Que sera Mayhem sans Blasphemer, le guitariste qui a assuré la relève après la mort d'Euronymous ? On est en droit de se poser la question. On pourrait également se demander ce que deviendra Blasphemer sans Mayhem, sans conteste le groupe le plus renommé auquel notre norvégien ait participé. Résidant aujourd'hui au Portugal, Rune Eriksen de son vrai nom (ou en tout cas plus que Blasphemer), a sans doute murement réfléchi à sa reconversion et il n'est pas étonnant de le voir désormais continuer au sein de ce projet d'origine portugaise qu'il a créé il y a 4 ans et qui sort avec "Blood Of Bacchus", son troisième album.
Pardonnez ma pauvre culture mais il s'avère qu'en ce qui me concerne, c'est avec cet album que je découvre le groupe et il ne vous aura sans doute pas échappé que l'impression d'ensemble m'est apparue plutôt bonne. Comme le précisait Christliar dans sa chronique de
"Burdens", la force d'Ava Inferi est de faire du neuf avec du vieux. En effet, pris un à un, chaque élément qui compose leur musique possède un petit air de déjà vu, empruntant au doom et au metal gothique leurs principales caractéristiques : compositions longues, tempos lents et guitares écrasantes, chant féminin lyrique et mélancolique... Leur style ne cherche d'ailleurs pas l'originalité à tout prix et aurait même tendance à se complaire dans un certain classicisme pour peu que vous y jetiez une oreille distraite. Du doom gothique, tout ce qu'il y a de plus doom et de plus gothique en quelques sortes, où la lourdeur de l'instrumentation, froide et mécanique, se heurte au sublime chant du désespoir interprété ici par Carmen Simões. De plus, les arrangements restent discrets et la production se contente de servir la musique, sans apporter de couleur particulière à l'ensemble.
Oui, "Blood Of Bacchus" aurait pu être un album de doom gothique de plus, comme il en existe des tas. Mais Ava Inferi est loin d'être un groupe de seconde zone et possède une personnalité et une profondeur qui lui est propre. L'essence même de cette identité se ressent dans chacune de ces 9 pièces, à travers ces atmosphères tantôt mélancoliques, tantôt plus contemplatives qui portent en elles cette noirceur extrême qui les fait parfois basculer dans le malsain. Cette singularité ne doit pas non plus être étrangère à ce mélange des cultures portugaise et norvégienne dont on ressent à la fois la chaleur occidentale (notamment dans la guitare acoustique) et le froid scandinave. Pour les amateurs de musique mélancolique, ces 53 minutes regorgent de véritables moments de grâce et de nombreuses perles : les aériens "Last Sign Of Summer" et "Appeler Les Loups", l'écrasant "Tempestade" ou encore le poignant final "Memoirs" pour ne citer que celle qui m'ont le plus marqué.
Il arrive cependant que le groupe s'égare et nous laisse un peu errer sans but. Ces rares moments de platitude sont la seule chose que je pourrais reprocher à ce troisième album d'Ava Inferi qui mérite largement que l'on s'y jette corps et âme. Mais cette apologie de la tristesse d'une rare beauté ne dévoilera ses charmes qui si on lui accorde du temps car l'univers du combo portugo-norvégien n'est pas aussi facile à percer qu'il n'y parait. Un des albums incontournables de cette année en ce qui me concerne.
| Dead 19 Mai 2009 - 2294 lectures |
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