Ava Inferi - The Silhouette
Chronique
Ava Inferi The Silhouette
S'il avait fallu se fier à l'artwork de cet album pour y jeter une oreille, je serais à tous les coups passé à côté. Car si le livret est plutôt soigné, l'apparence extérieure ne donne vraiment pas envie, et nous informe peu sur ce que l'on va y trouver. Avant de découvrir
"Blood Of Bacchus", j'ai d'ailleurs toujours cru que cette formation évoluait dans le black metal à cause de ces visuels, comme quoi il ne faut vraiment pas se fier aux apparences... Encore sous le charme de la découverte inattendue de leur dernier album en date, c'est donc tout naturellement que je me suis tourné vers le reste de la discographie des porto-norvégiens, menés par Rune Eriksen (aka Blasphemer) et l'envoutante Carmen Simões. Et une fois de plus, c'est la claque.
On pourrait certes reprocher à Ava Inferi de ne rien apporter de nouveau au metal, mais il faudrait être d'une mauvaise fois certaine pour ne pas leur reconnaître une réelle identité et une personnalité on ne peut plus affirmée. Profitant des diverses influences des membres qui la compose, cette formation semble s'être accrochée fermement à leur forme d'expression, se contentant (si je puis dire) de peaufiner ce style album après album. Si
"Blood Of Bacchus" tentait timidement diverses variations d'atmosphères et de rythmes, "The Silhouette" se présente plus sous une forme monolithique, entrainant l'auditeur dans des contrées froides et désertes où seule la voix angélique de Carmen viendra apporter quelques touches de lumière. Leur musique emprunte toujours autant au doom, proposant des compositions lourdes aux tempos lents, menées par des guitares et un piano qui portent la mélodie. Bien que le panel d'instruments utilisé soit assez restreint, l'instrumentation se révèle extrêmement riche, comptant de multiples arrangements de guitares et de claviers qui donnent une incroyable consistance à l'ensemble. Mais bien évidemment, Ava Inferi ne serait pas Ava Inferi sans la magnifique voix de Carmen Simões qui donne cette saveur si particulière à cette musique. Son chant lyrique en total décalage avec le reste, est utilisé d'une manière très ingénieuse et apporte tantôt du réconfort, tantôt du mal être. Par elle transite la majeure partie des émotions qui passent de la simple tristesse au plus profond désespoir.
Même s'il permet plus facilement de l'aborder, le côté très uniforme de l'album ne joue pas forcément en sa faveur au premier abord car la lassitude pourrait l'emporter sur la durée, surtout au bout de 50 minutes. "The Silhouette" n'est en réalité pas si facile à cerner qu'il n'en a l'air. Sa richesse vous assure de nombreuses écoutes de découverte et de redécouverte, et un véritable voyage musical pour peu que l'on s'y abandonne corps et âme. Excepté un certain manque de diversité (qui sera comblé sur l'album suivant), je ne trouve rien de plus à reprocher à ce second album : Ava Inferi maîtrise parfaitement son art et ses ambiances, aussi à l'aise dans les passages lourds et malsains que dans les moments les plus simples et atmosphériques. Comme quoi même avec des éléments aussi éculés que ceux utilisés ici, il est encore possible de surprendre et de toucher. Tout simplement beau.
| Dead 12 Juin 2010 - 2237 lectures |
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