« There's gonna be some changes.
I'm gonna start with everything … »
Ce sont les tous premiers mots de l'album … Les bougres ont bien couvert leurs arrières: on ne pourra pas venir se plaindre qu'ils ne nous ont pas prévenu! Et pour un changement, nom d'un petit ténia claustrophobe, c'est un sacrebleu de changement! On ne parle pas ici d'un gentil lifting genre « ajout de galbe au niveau des seins » ou « rabotage d'arrête nasale », non: là c'est la totale, le changement de tronche complet à la Travolta/Cage dans « Volte Face »! Vous vous souvenez de ce groupe aux grattes aussi judicieusement mélodiques que véloces, à la patte chaleureusement abrasive, aux tempos effrénés, aux cordes vocales death/thrash éraillées et au long chapelet de tubes imparables? Voilà, c'est ça, le Amoral de
« Decrowning » et
« Reptile Ride »! Eh bien le scalpel de ce foutu chirurgien musical en a fait un groupe de hard rock burné, certes bien fait, mais bon, quand même quoi … Si si, pas la peine de vous cacher la tête dans les jupes de votre mère, il va falloir affronter la dure réalité en face que diable!
Mais revenons un instant sur les origines de ce dram… Euh, de ce changement de cap radical! D'aucun avait déjà décelé sur
« Reptile Ride » des traces de perte de sauvagerie, sur un « Pusher » pas au top de l'agression joyeuse par exemple, ou – pour citer les morceaux mis en exergue par le groupe lui-même sur son site – sur les très mélodiques « Snake Skin Saddle» et « Mute ». Mais c'est surtout au moment de l'annonce de l'intégration du nouveau chanteur, Ari Koivunen (
qui a gagné une version locale de « La Nouvelle Star » en se la jouant hard rock façon Steeve Estatof finnois) que des frissons spasmodiques ont commencé à secouer l'épine dorsale des fans du groupe. S'ensuivit un remplacement de bassiste, puis enfin arriva sur nos platines ce « Show Your Colors » qui, au final, évoque plus une version « grosse prod' mélo-thrashy finnoise » d'un mix Mötley Crüe/Queensryche/
Blind Guardian/
Angra (
pour citer quelques-unes des références qui me sont venues à l'esprit au hasard des écoutes de l'album) que le dernier missile à tête riffeuse des réserves à munitions de la Finnish Metal Army.
Bref: Amoral est mort … Vive Amoral!
Oui oui, vive Amoral quand même, parce que – même si c'est vrai que ces saligauds là auraient quand même pu prendre la peine de changer de patronyme histoire de ne pas nous faire prendre des vessies hard rock pour des lanternes melodeath/thrash – le tranchant des guitares et la qualité de composition sont encore et toujours au rendez-vous. Nom d'un petit Eddie Van Halen (
Oui bah désolé, le plan évoqué quelques mots plus loin – du tapping rehaussé d'un léger écho me semble-t-il ?! – me rappelle un peu le superbe « Cathedral » figurant sur « Diver Down »), nom d'un petit Eddie Van Halen disais-je: vous y croyez vous à cette guitare qui ouvre « Release » comme le plus expert des préliminaires? Et comment qu'ils te propulsent magistralement le bousin en orbite avec la rythmique adéquate à 3:44, Mamma Mia! Et puis bon, nos loulous ayant manifestement le sentiment d'avoir quelque chose à se faire pardonner, ils ont bien fait attention à garder une attitude agressive, allant même jusqu'à coller du blast à 0:18 sur « Shade of Grey », le 2e vrai morceau de l'album. Ainsi à quelques erreurs de parcours près (
l'horrible « Last October », slow chamallow qui sort le piano, les violons, et qui va finir par valoir des aphtes au groupe à tant courir après le passage en radio, et le trop sucré « Vivid » avec ses gros cœurs et ses chromes Big Hard US) le groupe continue à faire mal, même si c'est dans un tout autre registre. Les refrains passent tous seuls (
petit rappel: avec voix hard'n'heavy et chœurs occasionnels, hein!), les mélodies sont accrocheuses, les morceaux sont variés et la plupart du temps franchement énergiques (
du genre à vous donner envie de faire des excès de vitesse), et les guitares, en lead comme en rythmique, continuent à briller de mille éclats. Ainsi après le fabuleux « Release », « Year Of The Suckerpunch » arrive avec un savant mélange de hard rock à l'eau de rose et de grosses grattes bien joufflues (
à 2:59 et 4:21 on retrouve même le feu jailli de l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux …), et « Perfection Design », le morceau suivant, propose quant à lui du pur rock'n'roll bien couillu. On embraye sur un « Sex N' Satan » pêchu et suffisamment véloce pour qu'on croit y déceler des traces de thrash. Et cet afflux de hard rock catchy et costaud continue ainsi jusqu‘à un « Exit » final (
pléonasme?) qui conclut l'album sur un dernier pic de puissance et de mélodie qui confine à l'épique (
Attends voir: y a bien une contrepèterie là non?).
Fans du Amoral première période, ravalez vos larmes, payez-vous quelques séances de psychothérapie de groupe, puis une fois préparés au choc, tentez l'écoute de ce « Show Your Color » qui vous offrira quelques rares mais belles réminiscences des jours heureux … Qui sait, peut-être même arriverez-vous à négocier le virage avec ces sacrés bon sang de finlandais qui n'en font qu'à leur tête. Et vous autres, amateurs de gros hard rock jouissif qui rêvaient de voir le « Docteur Feelgood » de Mötley Crüe interprété par un groupe de thrash mélodique new school scandinave, ruez vous sur ce « Show Your Color », premier album d'un tout nouveau groupe qui promet, composé d'ex-membres d'Amoral … Allez: 7.5 pour faire la moyenne entre la déception des uns (
dont ma mienne à moi) et la grande qualité objective du matos.
5 COMMENTAIRE(S)
19/12/2014 15:49
29/04/2009 21:27
25/04/2009 14:53
23/04/2009 15:55
A écouter version karaoké.
23/04/2009 14:23
Le syndrome du changement de chanteur peut-être?