Folge Dem Wind - Thus Echoes Of The Earth
Chronique
Folge Dem Wind Thus Echoes Of The Earth
« Suivre le vent », non ce n'est pas le nom de circonstance du nouvel album de Destinity, mais c'est la traduction depuis l'allemand vers la langue de Molière de Folge Dem Wind, groupe qui vient tout juste de sortir son premier album intitulé Thus Echoes Of The Earth. Malgré dix ans d'existence, les franciliens n'avaient jusqu'à présent sorti qu'une seule démo Hail The Pagan Age, en 2005, le délai écoulé entre les deux sorties étant principalement du à des problèmes techniques relatifs au visuel. Il faut d'ailleurs leur rendre hommage sur ce plan puisqu'ils ont réussi à se créer un univers bien à eux, tant au niveau du jeu scénique que de l'aspect purement musical.
Car oui, Folge Dem Wind n'est pas un énième groupe de black metal de la région parisienne, et ne se contente pas de faire du black metal classique. Le style de Thus Echoes Of The Earth est quelque part entre le black metal classique et le pagan, le tout avec un touche de post-machin sur laquelle je reviendrai plus tard. Pas étonnant dès lors que le groupe revendique en influences un panel aussi varié que Bathory, Neurosis, Ulver, Enslaved, Emperor, Stille Volk, Immortal et Burzum, pour ne citer que les grosses pointures. Tout cela se traduit concrètement par une solide base black metal sur laquelle viennent se greffer des passages tour à tour plombants et planants, empreints de subtiles dissonances qui feront au choix saliver ou grimacer.Thus Echoes Of The Earth est donc un album contrasté, mais il n'est pas spécialement difficile d'accès, l'alternance se faisant naturellement entre le rapide et direct, et le plus posé.
L'embêtant, c'est surtout que mes impressions sont aussi contrastées que l'opus. Après une lancinante et pour le moins excellente intro, « Erosion », dont la montée en puissance est particulièrement bien maîtrisée, le morceau éponyme démarre sur les chapeaux de roues et ne ralentira qu'à 1:30 pour repartir de plus belle, avant de revenir sur un break lui aussi lancinant et ainsi de suite. Tout l'album est à cette image, et ce n'est pas sans nuance que les développements sont amenés, laissant généralement entrevoir une belle progression à mesure qu'ils s'étalent en longueur. Le problème, c'est que le côté répétitif de la musique de Folge Dem Wind qui donne à l'album un charme certain s'accommode assez mal de la grande durée des morceaux. Le fait que les développements soient si longs n'aide pas à maintenir l'auditeur en haleine pendant les presque 5 minutes de Thus Echoes Of The Earth, et il m'aurait semblé plus judicieux d'écourter les morceaux quitte à en composer un ou deux de plus pour la même durée globale.
Cette impression de longueur est en ce qui me concerne fortement accentuée par nombre de breaks très lents, assez lourds, tel celui vers 2 :30 dans « The Blazing Celebration ». Je trouve cet essai de donner un côté puissant et lourd totalement laborieux, me rappelant les pires souvenirs d'une heure de Hellfest pluvieux passée à subir les insupportables Neurosis, qui ont élevé la répétitivité au rang d'art. Alors évidemment, Folge Dem Wind garde un petit côté black metal même sur ces passages, ne serait-ce que par la voix (qui pourtant se modifie généralement pour l'occasion), mais ils s'avèrent tout aussi lancinants, et manquent presque autant de progression rythmique et mélodique que la soupe à trois notes des californiens. J'ai personnellement trouvé que c'est en restant simple et classique que le groupe est le meilleur : « Where No Man Has Land » est proprement excellent, et même les courts breaks se font en continuité des riffs très mélodiques auquel le groupe a réussi à insuffler une réelle dynamique. Bienheureusement pour moi, l'aspect pagan black reste le plus présent dans les compositions de Folge Dem Wind, sans quoi je ne l'aurais même pas chroniqué.
Il n'y a pas grand-chose à dire sur la production, qui se fait suffisamment claire pour laisser entendre tous les instruments. Elle est très ronde, assez chaude, et apporte une ambiance bien particulière à l'album. Mais il y a un gros bémol : la grosse caisse est particulièrement sur-mixée et devient irritante sur la longueur, heureusement que son martelage n'est pas constant, sinon elle aurait pu gâcher l'écoute toute entière.
Thus Echoes Of The Earth est donc un bon album de pagan black, flirtant toutefois un peu trop souvent à mon goût avec le post-bidule. Malgré un défaut évident au niveau de la production, on ne peut pas dire que cet album fasse montre de réels points faibles. Si vous appréciez Taake et Ulver autant que le post-truc à la Neurosis, vous ne devriez pas avoir de mal à rentrer pleinement dans cet opus à la fois direct et insidieusement dense. Personnellement, je prends plaisir à l'écouter, mais il est certain que j'en prendrais encore plus sans ces breaks qui font pourtant l'originalité, et pour beaucoup l'intérêt du groupe, d'où ma note sévère au vu de la qualité de l'album. Thus Echoes Of The Earth reste en tout cas une expérience à tenter, et on ne peut qu'attendre la suite dont on a au moins l'assurance qu'elle sera pagan (mais plutôt Maïf, Maaf, ou Axa). Désolé.
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