chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
97 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Sentenced - Amok

Chronique

Sentenced Amok
Prenez un jeune fraîchement arrivé à l'âge où l'alcool et les films dans lesquels on voit distinctement le haut des cuisses deviennent accessibles légalement. Exposez le sur un intervalle de temps relativement court au cocktail « Purgatory Afterglow », « Tales from the 1000 lakes », « Wolfheart » et « Amok » … Et en à peine le temps qu'il n'en faut à un poignet expert pour livrer son offrande séminale sur l'autel du dieu Kleenex, vous en aurez fait un fan à vie de death mélodique. Testé et approuvé. C'est d'autant plus vrai pour le vieux croûton qui vous tient ces propos que les deux dernières cartes du carré d'as ci-avant évoqué sont pour lui fortement liées, Century Media ayant effectué, à l'époque de la sortie de ce 3e album de Sentenced, une opération « 2 CDs achetés, un 3e offert ». C'est ainsi consécutivement à l'achat conjoint du premier vrai album de Moonspell et du « Victory » de Unleashed (pas vraiment la réussite du siècle celui-là …) que le jeune cglaume se vit remettre « Identity?! Songs Of Hatred », compilation contenant un peu trop de metal hardcore (déjà à cette époque?), mais aussi le « S.Y.L. » de Strapping Yound Lad et le légendaire « Nepenthe » de Sentenced, morceau qui provoqua chez lui un coup de foudre musical immédiat et ravageur.

Car en effet, « Amok » c'est l'assurance de presque trois quarts d'heure d'un death mélodique racé du meilleur cru, empruntant ses folles envolées de guitares twins au heavy, son âpreté et sa combativité au rock'n'roll le plus roots et sa puissance de feu au bon vieux death metal des familles. L'accroche et l'impact de cette galette sur l'amateur de violence finement ciselée sont comparables à ceux de l'hameçon taillé pour déchirer les gueules poiscailleuses sur la truite innocente en quête de sa quotidienne pitence: indélébiles, si ce n'est fatals. Bien sûr, les plus jeunes ou les plus velus d'entre vous reprocheront à l'album trop de préciosité, trop de retenue dans certains passages que des groupes d'aujourd'hui boosteraient sans nulle doute à la blastine, ainsi que trop de ces passages en équilibre savant mais fragile entre l'extatique et le too much (cf. la théâtralité de certains passages de « Nepenthe » par exemple. Aspect d'ailleurs fortement renforcé par le visionnage du clip dudit titre…).

Mes collègues Mitch – expert en scandinaveries obscures – ainsi que Evil_Nick & Dead – Docteurs ès sciences mélancolico-métalliques – vous ont dressé des tableaux assez contradictoires de nos finlandais. Entre le combo de death/black léché mais virulent décrit à ma gauche, et les doux rêveurs tristounes dépeints à ma droite, il y a un gouffre … Au-dessus duquel « Amok » vient jeter le pont de la logique et de la cohérence artistique. Mélange d'une musique bouillonnante, puissante, voire dévastatrice, et de penchants plus mélancoliques – oserais-je dire romantiques? –, « Amok » voit Sentenced mêler ces deux aspects de façon magistrale grâce au ciment d'une énergie rock sans faille et à une large couche de liant mélodique faisant la synthèse du meilleur de Iron Maiden et des débuts de la scène de Göteborg (qui de toutes façons doit elle aussi beaucoup aux grands prêtres d'Eddy).

Ceux qui s'intéressent aux prestations individuelles des musiciens retiendront la complémentarité exceptionnelle du regretté Miika Tenkula et de Sami Lopakka, que ce soit lorsque l'un d'eux offre un épais et moelleux tapis rythmique à l'autre afin de mettre en valeur la fibre rock'n'roll de ses fulgurances, ou lorsque leurs manches s'unissent pour livrer de ravageurs assauts conjoints (non, n'y pensez même pas: pas d'allusions scabreuses). Derrière le micro, Mister Jarva ne semble quant à lui pas le moins du monde gêné par le boulot qu'il abat à la basse lorsqu'il s'agit de moduler ses éructations growlées – mais parfois également teintées de shriekeries black – pour prendre des accents plus chaleureux, allant jusqu'à évoquer régulièrement ce qui se rapprocherait le plus d'un crooner death metal si ce concept n'était pas un pur oxymore.

Côté tracklist, « Amok » c'est tout d'abord l'introduction parfaite, sous forme d'un « The War ain't Over » qui met judicieusement en abîme la suite des évènements, avec au programme décollage progressif de la machine de guerre, largage de LA bombe accompagnée dans sa chute par un clavier léger, puis démarrage véloce, mélodique et guerrier des troupes, vite tempéré par un break plus léger. Le ton est donné, c'est la guerre, mais une guerre effectuée avec finesse et sophistication, sans que cela n'entrave l'expression d'une colère rock'n'roll brute de fonderie. Puis les tubes s'enchaînent, avec parmi ceux-ci certaines pépites sur lesquelles je ne peux pas ne pas m'arrêter un instant. « Phenix » tout d'abord, et son metal rock cool et pourtant grandiose (mazette, ce décollage divin, à 2:09, me remet à chaque fois la même petite claque!). « Forever Lost » ensuite, sa mise en musique d'une formidable armada se mettant en branle, à 0:30 (putain de chair de poule!), ces couplets incisifs et entraînants, et ce final où l'on voit débarquer un piano rock déchaîné (à 6:44). Puis « Nepenthe » bien sûr, mais plus encore « Dance on the Graves » – pendant longtemps mon morceau préféré de l'album –, avec une fois encore (c'est presque une constante sur ces 9 titres) l'une de ces entrées en matière toute en habile crescendo où le groupe fait monter la pression avec un savoir-faire hors du commun, pour s'épanouir cette fois sur un riff simple, évident même, et pourtant tellement bon! Les amateurs de Cathedral auront même le droit à un morceau quasiment hors sujet, à la limite du doom psyché enjoué, en la présence de « Funeral Spring ».

Bien que proche de ma définition de l'album parfait, « Amok » n'atteindra pourtant pas la note maximale, car il faut savoir tête froide garder. J'ai déjà évoqué plus haut certaines propensions du disque à flirter avec les limites du « cheesy » (comme disent nos amis anglophones). J'ai également mentionné le fait que, repris par un groupe et un producteur plus actuels, les morceaux pourraient – je pense – gagner encore un brin en ampleur et en puissance (à vérifier sur un tribute à Sentenced, si des fois un tel projet voyait le jour). J'ajouterai enfin que s'il n'y a pas de reproche véritablement sérieux à adresser à l'encontre de « Moon Magick » et de « The Golden Stream Of Lapland », on pourra quand même regretter que ces 2 titres concluent l'album sur un feu d'artifice moins spectaculaire que ce à quoi on était en droit d'attendre, le premier des deux morceaux étant un micro-poil trop gothico-Moonspellien dans le contexte, et le second étant un bien bel instrumental, mais que l'on n'aurait pas été choqué de voir composé par un autre de ces groupes inspirés et expérimentés … Bref, tout ça sonne un poil plus générique que le reste de l'album.

M'enfin j'ai envie de dire quand même: oubliez la triste tentative d'objectivité pusillanime du chapitre précédent, et si vous êtes fans de death, de mélodies captivantes, d'énergie et de rock, jetez-vous sur « Amok »: vous tiendrez alors entre vos mains calleuses la synthèse définitive de tous les meilleurs ingrédients du metal « extrême » pour esthètes, un sommet du genre qui dégagera vers les marches inférieures de votre podium personnel bon nombre de vos chouchous les plus récents. Rendez-vous service en l'essayant, si ce n'est déjà fait.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Sentenced
Death metal mélodique référentiel
1995 - Century Media Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (5)  8.6/10
Webzines : (7)  8.32/10

plus d'infos sur
Sentenced
Sentenced
Death Metal - 1989 † 2005 - Finlande
  

écoutez
vidéos
Nepenthe
Nepenthe
Sentenced

Extrait de "Amok"
  

tracklist
01.   The War Ain't Over!  (04:18)
02.   Phenix  (05:33)
03.   New Age Messiah  (04:28)
04.   Forever Lost  (07:15)
05.   Funeral Spring  (03:54)
06.   Nepenthe  (03:52)
07.   Dance On The Graves (Lil' Siztah)  (04:27)
08.   Moon Magick  (04:45)
09.   The Golden Stream Of Lapland  (04:58)

Durée : 43:30

line up
parution
3 Janvier 1995

voir aussi
Sentenced
Sentenced
Frozen

1998 - Century Media Records
  
Sentenced
Sentenced
The Funeral Album

2005 - Century Media Records
  
Sentenced
Sentenced
The Cold White Light

2002 - Century Media Records
  
Sentenced
Sentenced
Shadows Of The Past

1991 - Thrash Records
  
Sentenced
Sentenced
Crimson

2000 - Century Media Records
  

Despise You / Agoraphobic Nosebleed
And On And On ... (Split-CD)
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan
The Bleeding
Monokrator
Lire la chronique
Les Sakrif'or BLACK METAL 2023
Lire le podcast