Vous le savez tous désormais : Sentenced ayant annoncé officiellement sa séparation, « The Funeral Album » sera leur dernier disque, d’où son titre. Dès lors, avant même l’écoute de cet album, la première question que l’on se pose est : ce chant du cygne va-t-il être à la hauteur de la fertile carrière du groupe? Cet ultime disque va-t-il rivaliser avec la qualité de son prédécesseur,
« The Cold White Light »?
C’est pied au plancher que le groupe entame ce nouvel album avec « May today become the day » démontrant que l’orientation vers des titres plus rapides esquissée sur
« The Cold White Light » a été maintenue. A première vue, pas de grands changements à l’horizon : Ville chante toujours aussi bien et les parties de guitares sont toujours aussi efficaces. « Everfrost », le second titre (et premier single), confirme d’ailleurs cette tendance. Il n’est pas vraiment étonnant que ce titre ait été choisi comme premier single : il s’agit d’un morceau de Sentenced pur jus avec son arpège en intro, son rythme entraînant et son refrain facilement assimilable. Une chanson qui vous trottera dans la tête après une seule écoute. Tout juste pourra-t-on remarquer, sur ces deux morceaux, un petit break presque Indus (façon Stabbing Westward) où la basse est au premier plan. Mais ceci n’est qu’un détail insignifiant.
A ce stade, Sentenced semble en effet jouer la carte de la sécurité plutôt que celle de l’originalité. Ainsi, c’est sans surprise que l’on retrouve ensuite une (jolie) semi-ballade très mélancolique, « We are but falling leaves » qui ravira à coup sûr les amateurs de « Killing me, killing you » sur
« Crimson ». En fait, il faut attendre le 5ème morceau, « Where waters fall frozen », pour que le groupe nous surprenne vraiment : il s’agit d’un petit interlude Death (dont la genèse est expliquée par Ville dans l’interview réalisée par Hellswrath) qui contraste fortement avec le schéma très classique (formaté?) et l’atmosphère des chansons « habituelles » de Sentenced. Mais après cette courte tempête, retour à la normal. Hélas, serait-t-on tenté de dire. Pas que les titres qui suivent soient totalement mauvais. Ils sont simplement le fruit d’un Sentenced visiblement en pilotage automatique qui se contente de répéter ce fameux schéma de composition (guitare acoustique accompagnant la rythmique, arpèges en son clair, soli virtuoses ou ultra-mélodiques), sans âme ni conviction et surtout, sans qu’aucun refrain accrocheur (sauf peut-être sur « Vengeance is mine ») vienne sauver les titres de la misère. C’est donc l’ennui profond qui guète l’auditeur sur la deuxième moitié de ce disque. Seul le petit instrumental acoustique « Karu », très mélancolique, apporte un peu de fraîcheur avant que « End of the road » (un nom sûrement pas choisi au hasard) ne clôt définitivement cette album d’une belle manière avec ses chœurs féminins envoûtants dans une ambiance très Doom, idéale pour tourner cette page.
Malgré tout, « The Funeral Album » est loin d’être l’album que l’on pouvait attendre de Sentenced pour ses adieux à la scène. Loin de réitérer la baffe monumentale qu’était
« The Cold White Light », cet album s’avère bien moins abouti, bien moins entraînant. Visiblement, la conviction n’était peut-être plus au rendez-vous, le groupe ayant décidé de se séparer durant les sessions d’enregistrement. Il est cependant dommage qu’il prive le groupe de la sortie « par le grande porte » qu’on était en droit d’espérer pour une formation aussi expérimentée que Sentenced.
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