Mindwork - Into The Swirl
Chronique
Mindwork Into The Swirl
Je ne sais pas vous, mais personnellement la République Tchèque m'évoque plus le hockey sur glace et les géniaux Jagr et Hasek (d'ailleurs leur équipe jouera la finale des championnats du monde de hockey contre la Russie à 20:30 aujourd'hui même, pour ceux qui aimeraient encore voir Jagr en action avant qu'il prenne sa retraite), que le death metal. On se doute pourtant qu'avec un sport national aussi violent les tchèques ne doivent pas être en reste avec la musique, mais surprise, c'est bien loin de la brutalité de Pandemia ou de Lykathea Aflame que Mindwork évolue. Point de blasts ici, les musiciens venus de l'Est ont décidé de faire dans le death technique, mais pas n'importe lequel : ni celui cédant au sirènes disgracieuses du modernisme, ni celui singeant les vieilles gloires du début des années 90, mais plutôt un death technique en forme de melting pot de tout ce que le style a connu jusqu'à présent. Comme j'aime les comparaisons précises, je préviens les néophytes de tous bords : préparez-vous à une avalanche de noms que vous ne connaîtrez peut être pas. Mais réjouissez-vous, chez Thrasho on ne fait pas les choses à moitié donc vous pouvez sans problème trouver les chroniques des groupes en question sur le site, histoire d'éclaircir un peu une prose qui pourrait vous paraître obscure.
Into The Swirl est donc à lui seul un parfait résumé de l'histoire du death technique, et si l'ombre de dieu le père Chuck Schuldiner plane dessus c'est non seulement parce que Mindwork a sûrement fait de Individual Thought Patterns un de ses albums de référence mais aussi et surtout parce que les tchèques sonnent la grande majorité du temps comme un mélange équilibré entre Illogicist, Gory Blister, un poil de Sadist et de Hopeless Hopes de Martyr, tout du moins dans les riffs les plus rapides et énergiques des compositions. Le groupe n'hésite pas non plus à aérer très souvent son propos avec des breaks sans distorsion très aériens, arpèges et slides à l'appui, ce qui ajouté aux mimiques dans le jeu des guitaristes évoque directement ce que Cynic faisait sur des interludes semblables. « Freedom Of Mentality », un des deux instrumentaux de l'album, démontre à lui seul ce que je viens d'évoquer, son final ayant même des accents du « Textures » de Cynic, voire d'Aghora. Bien sûr Mindwork s'aventure aussi de temps à autres sur des terrains différents, mais l'on ne s'étonnera pas du fait que le début de « Inner Consciousness », avec son clavier rétro, fasse indubitablement penser à Nocturnus, ou que le court passage rythmico-rythmique qui évolue heureusement très bien (comprenez mélodiquement) sur « On The Path To Oblivion » évoque ce que Textures a déjà pu faire par le passé.
Évidemment, en ayant de pareilles références on ne s'étonnera pas que les musiciens aient tous un jeu à la fois impressionnant de subtilité et très personnel, depuis les guitaristes qui nous gratifient de solos faisant honneur au death technique jusqu'au bassiste, qui jouant pourtant assez souvent à la même vitesse que les guitares arrive à se démarquer habilement de leur sillage, et se permet quelques très jolies sorties. Ma mention spéciale reviendra tout de même au batteur aux accents jazzy qui doit sûrement prendre autant de plaisir à se jouer du rythme qu'on en a à l'écouter ; sa décontraction n'est pas sans rappeler le jeu de Sean Reinert ou Richard Christy. Sur le papier, c'est un véritable sans faute !
Globalement Into The Swirl est un très bon album, très agréable à écouter malgré quelques voix claires pas franchement du meilleur effet qui ont toutefois le bon goût de n'être présentes que dans deux morceaux, et de n'être vraiment gênantes que sur « Unrecognized Eternity ». D'ailleurs qu'elle soit claire ou non la voix est très certainement le seul défaut récurrent que l'on puisse y trouver : même si elle ne dérange pas plus que ça au final elle demeure trop éraillée et aiguë, alors que des vocaux death plus classiques ou bien plus originaux (à la Atheist ou à la Death dernière période par exemple) auraient été parfaitement adéquats. Ce vilain défaut parfois gênant est pourtant bien vite effacé par un réel talent de composition qui fait passer ce Into The Swirl sans un accroc. Réussir à évoquer tous les grands du death technique, mais aussi beaucoup d'autres groupes très méritants sans pour autant qu'il n'y ait à aucun moment une sensation de plagiat est un petit tour de force, et Mindwork s'en tire réellement haut la main. Les mélodies sont bien pensées, les solos magnifiques, les riffs efficaces, et tout cela rentre en tête très vite sans jamais que la musique soit hermétique : les structures étant très simples, la musique demeure tout à fait digeste, à la manière du dernier Obscura. Même en cherchant bien j'avoue avoir du mal à trouver des passages plus faibles dans les titres, hormis le refrain de « Unrecognised Eternity » il n'y a aucun moment où j'ai fait la grimace à l'écoute de cet album, signe que la qualité de ce Into The Swirl ne doit rien au hasard.
Mindwork fait partie de ces jeunes groupes prometteurs qui dès leur premier album parviennent à imposer leur style, et même si on est loin de la maîtrise et de l'originalité qu'avait Unreal Overflows au même stade, je me dois de faire un parallèle entre les tchèques et les espagnols, qui arrivent chacun de leur côté à faire du neuf en ne faisant que réaménager du vieux à leur sauce sans pour autant que l'on ait l'impression d'écouter une musique que l'on connaît par cœur. L'important demeure que n'importe quel fan de death technique classique ne pourra qu'apprécier cette avalanche d'excellents riffs aux mélodies soignées et à l'énergie très bien dosée, d'autant plus qu'au moins les trois quarts des plans de l'album sont purement instrumentaux et que la voix est un le seul élément qui peut réellement faire grief. Que vous découvriez ou non le style, ce premier jet est d'ores et déjà une valeur sûre qui ne déroutera ni les néophytes grâce à des compositions vraiment accrocheuses ni les auditeurs plus chevronnés qui chercheraient à élargir leurs horizons en death technique. L'album n'est non seulement pas cher du tout (6€ + les frais de port), mais en plus il est en quasi intégralité écoutable sur le myspace du groupe, vous auriez donc tort de ne pas y jeter une oreille.Czech it out !
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