Suma - Ashes
Chronique
Suma Ashes
L'été commence mal. Non mais c'est vrai, ils sont où le thermomètre qui s'affole, les filles en jupe et les glaces à l'eau ? Il parait qu'il fait même plus chaud en Suède ! Alors non seulement on n'a pas de mot dans sa langue pour « virginité » mais en plus on se dore la pilule et les cheveux blonds ? Un comble (une infamie !) qui au moins fera une introduction parfaite (hum hum) pour cette chronique du troisième album de Suma, Ashes. En effet, les suédois, forts d'un second essai remarqué (Let The Churches Burn), jouent un stoner/doom comme je l'aime : écrase-gueule, sulfureux et nihiliste.
On pense au départ à Electric Wizard dont Suma emprunte beaucoup d'éléments : la voix étouffée rappelle à s'y méprendre celle du prêtre Jus Oborn, que ce soit dans les intonations ou le phrasé, et la batterie groove et tribalise comme sur les premières productions des anglo-saxons. A cela s'ajoute un goût prononcé pour les samples aussi inutiles que cool (« That's what it is, to be a slave… ») et la chanson « Justice » aux riffs joués à ras du sol, renforçant cette impression que Suma suit à la lettre les prédications du sorcier électrique. Mais il serait réducteur de cataloguer à la va-vite Suma comme une copie carbone d'un Electric Wizard première période. Car là où les créateurs de Dopethrone proposent un doom enfumé ne rechignant pas sur les gros riffs Satan/Ganja, Suma est bien plus noisy et hypnotique dans son approche : Ashes laisse une large place aux expérimentations drone et préfère nous écraser la face à coup de sons épais plutôt qu'avec des guitares façon « Black Sabbath des caves ». Ainsi, la batterie se révèle être l'élément centrale, l'ossature même du disque. Surmixées, sa frappe lancinante et ses variations possédées accrochent l'auditeur et permettent de trouver sa voie dans ces cinq morceaux angoissants.
On sait à quel point il est difficile de décrire les émotions que véhicule ce collage de son. Ashes ne déroge pas à la règle de l'album monolithique, où les compositions s'entremêlent. Pourtant, il y a un bon et un mauvais « brrrrrrr » et Suma s'en sort magnifiquement bien. Il ne s'agit pas d'un drone pataud mais nerveux, tendu et changeant, semblable à une météo capricieuse où l'air est rarement respirable. Il y a bien par-ci par-là une élévation presque mélancolique (« War On Drugs ») ou les doux accords post-rock du morceau éponyme, mais ces derniers ne sont là que pour préparer une déferlante morbide, un shoegaze aussi brumeux que nauséeux ou une coulée de plomb s'acharnant sur tes oreilles. La production est pour beaucoup dans cette impression de manger des hectopascals par pelletés : la frappe lourde et sèche du batteur, le crachat montant et descendant des amplis, un album à écouter à haut volume pour un résultat maximum. Bizarrement, Suma me fait penser à une version stoner/doom/drone de Godflesh : ça pue la haine aride, la folie martiale qui t'emporte et te donne envie de suivre les ordres. Une colère écrasante mais communicative, puissante.
Alors que les sorciers ont un peu délaissé leur rage cosmique au profit d'une bande-son de film d'horreur kitsch, il est bon de voir débarquer un groupe comme Suma, prêt à reprendre le flambeau. Si les suédois développent un univers plus bruitiste pouvant faire regretter parfois les mandales wizardiennes, leur capacité à emporter l'auditeur pendant un peu plus d'une heure sans lasser, ainsi que leur univers brûlant de feu et de cendre, font que les amateurs des genres cités et du groupe de Coventry doivent se jeter sur ce magma prenant qu'est Ashes. Bon sang, ce qu'il fait chaud…
| lkea 24 Juin 2010 - 2197 lectures |
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