Après une démo prometteuse,
Gang Bang, sortie l'année dernière et chroniquée en ces pages par votre dévoué serviteur, les Français de Syphilis reviennent déjà nous contaminer avec un full-length complet baptisé
Ride The Sickness. De quoi faire plus ample connaissance avec ce cher tréponème pâle, armé ici de nouveaux agents infectieux puisque Fuch (chant), Fatal (guitare) et Seb (basse) ont rejoint les Vérolés, alors qu'Ely passe de la basse à la batterie.
Ne vous fiez pas à la pochette enfantine et à certains titres de morceaux farfelus qui pourraient faire passer Syphilis pour des rigolos. Car musicalement, ça ne rigole pas du tout! Le quintette reprend là où il s'était arrêté et garde le même cap tout en affinant sa technique et son sens de la composition. On retrouve ainsi ce brutal death moderne mais pas trop, gras à souhait, mais non dénué de feeling mélodique qu'une production puissante et exemplaire pour une autoprod met bien en valeur. Majoritairement up-tempo,
Ride The Sickness enchaine les titres efficaces, bien balancés entre brutalité frontale et groove plus catchy, mais n'oublie jamais de varier le rythme. Si ça blastouille pas mal (j'aurais toutefois aimé des blast-beats plus rapides), les Picards proposent également du mid-tempo headbangant, du thrashy entraînant et quelques passages plus lents et riches en lipides à vous faire frétiller le gland ("Ride The Madness" à 1'52, "Cannibal Orgy In My Wife's Agony" vers 2'03, "Purulent Autopsy" dans la première minute, "Giant Blue Rabbit Apocalypse" à partir de 1'45). Orientation moderne oblige, on croisera également des séquences saccadées pas toujours du meilleur aloi quand elles se font génériques et simplistes ("Cannibal Orgy In My Wife's Agony" vers 0'25, "Fist Again" à 0'50 et 2'07) mais bien plus intéressantes quand il se passe quelque chose par-dessus comme sur "Fatal Social Issue" à 1'54, "Cannibal Orgy In My Wife's Agony" à 0'52, "Fist Again" à 0'58 ou "Giant Blue Rabbit Apocalypse" vers la deuxième minute, ou simplement grâce à un riff plus passionnant tel ce motif bien sombre à 1'32 sur "Ride The Madness". Ce qui nous donne dix morceaux courts (entre 3 et 4 minutes) suffisamment changeants pour qu'on ne s'ennuie pas.
Tout ceci reste néanmoins très classique, à l'image d'un chant growlé guttural à souhait secondé par quelques intonations plus criardes. Et même si la qualité est là, il n'y a rien non plus de transcendant. Mais Syphilis a une arme secrète dans sa culotte qui lui permet de sublimer ses compositions et de s'extirper un peu de la masse. Non seulement le niveau technique de ses membres lui laisse une bonne marge de manœuvre mais les guitaristes font en sorte d'insuffler à la brutalité ambiante une touche mélodique rafraichissante. Une touche mélodique qu'on retrouve soit par le biais de riffs (dès l'"Intro", le très melodeath "Fatal Social Issue", "Fist Again" à 1'44, 2'45 et 3'28 qui rattrapent un morceau sinon plutôt moyen, le break de "Purulent Autopsy" vers 1'24, etc.), soit grâce à des essais plus techniques comme les excellents tappings de "Human Corpse In A Black Hole" à 0'16, "Fatal Social Issue" à 1'54, "Ride The Madness" à 1'00, "Giant Blue Rabbit Apocalypse" vers 2'10, sans oublier "I Am Death" sans doute le meilleur titre de
Ride The Sickness avec son motif hypnotique super entrainant sur une rythmique thrashie tout aussi efficace. Syphilis nous offre même quelques séances de sweeps sur les deux derniers titres "Giant Blue Rabbit Apocalypse" et "Fun Fair Of Horror". Ce n'est pas du Rusty Cooley mais il y a de l'idée!
Ride The Sickness confirme ainsi le potentiel entrevu sur
Gang Bang. Syphilis a réussi cette étape importante dans la carrière d'un groupe de passer d'une simple démo à un full-length complet, en conservant une efficacité sur toute la longueur. Ce, grâce à un sens du riff satisfaisant offrant un mélange appréciable de groove et de brutalité dont une touche de mélodie bienvenue vient augmenter la durée de vie et l'intérêt. Le brutal death des Picards évite en plus de sombrer dans la facilité du modernisme à outrance malgré quelques passages saccadés que le combo gère de toute façon plutôt bien. La formation a également le mérite d'éviter des influences trop évidentes, défaut souvent présent sur un premier album. M'est avis toutefois que le quintette peut encore faire mieux, peut-être en laissant davantage la basse s'exprimer, en blastant plus rapidement et en développant ce côté mélodique et plus technique qui fait la force de l'opus. Pourquoi pas placer ainsi davantage de sweeps à la Dying Fetus ou Origin, tout en gardant l'aspect brutal et direct pour éviter la branlette de manche indigeste? Avec un tel logo dégoulinant, Syphilis pourrait également rajouter une couche de crasse à la Autopsy, ce qui pourrait apporter un contraste intéressant avec les mélodies plus lumineuses. Attention aussi à ce côté déconne qui pourrait faire du tort au groupe. Il s'agit bien sûr plus de folie syphilitique que d'humour potache mais sachant qu'il n'y a rien de comique dans la musique des Frenchies, ce serait bête de faire fuir un public qui pourrait sans cela très bien apprécier le brutal death du combo. Un brutal death suintant de qualités qui ne demande qu'à s'étoffer!
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