Regurgitation - Clitoraldectomy
Chronique
Regurgitation Clitoraldectomy (EP)
Dans le genre enregistrement qui a failli rester aux oubliettes, Clitoraldectomy se pose là. Mis en boîte en 2002, l'opus ne sera distribué que de façon ultra confidentielle et servira surtout de base pour le premier album de la nouvelle incarnation de Regurgitation, Necrotic Disgorgement, intitulé Suffocated In Shrinkwrap (2004). Le groupe se reforme quelques années plus tard sous son ancien nom et remasterise Clitoraldectomy en 2009. Malgré une signature chez Comatose Music, qui a décidé de se lancer dans les rééditions (cf. aussi Abuse et Antropofagus), la sortie traîne et les fans commencent à désespérer. Clitoraldectomy sortira finalement en avril 2011 sous la forme d'un EP après que Steve Green a abandonné l'espoir de récupérer les lyrics auprès de ce sacré Brian Baxter.
Quel intérêt, me direz-vous, d'exhumer un vieil enregistrement alors que tous les titres de celui-ci se trouvent déjà sur Suffocated In Shrinkwrap? Non seulement pour le nouvel artwork divinement immonde de Visual Darkness, mais aussi parce que ces versions de Clitoraldectomy s'avèrent bien meilleures que celles de l'album. Surtout à cause de la production merdique du full-length de Necrotic Disgorgement. Le son plus cru de l'EP manque certes de puissance (en particulier au niveau de la batterie sous-mixée) mais décuple le côté chaotique et intense des compos de Regurgitation. Oubliez l'aspect parfois pataud et slammisant du brutal death US, ici le trio de l'Ohio reste coincé en mode pressé. Tout juste croise-t-on quelques passages plus mid-tempo comme sur "Fornication With A Decomposing Stump" à 0'53, 1'17 ou 2'35. Les morceaux de Regurgitation sont ainsi courts (2-3 minutes), rapides et ultra efficaces. Pas le temps de s'ennuyer car il s'en passe des choses! Ça part dans tous les sens avec moults changements de rythme et de riffs, parfois terminés par des harmoniques sifflées (pas trop nombreuses par chance). Du brutal death rendu également chaotique et intense par le jeu épileptique de Jason Trecazzi, à la batterie sèche et non triggée, qui enchaîne plans véloces et autres blast-beats. On a même le droit à quelques gravity blasts du plus bel effet sur "Razorblade Catheter". Dans le même ordre d'idée, on tirera un coup de chapeau à l'ex-Gorgasm Brian Baxter au débit vocal abondant. D'autant que son chant agressif et guttural mais à peu près compréhensible évite l'écueil des gargouillis intestinaux habituels. Pour couronner le tout, Regurgitation parsème ses titres de solos chaotico-mélodiques bien branlés (avec une préférence personnelle pour celui de "Fornication With A Decomposing Stump" à 2'35). À noter d'ailleurs le guest de Casey Robertson des regrettés Fleshtized sur les premiers solos de "Clitoraldectomy" et "Fingering The Rot". Cerise sur le gâteau, la présence d"Infecting The Crypts" de Suffocation en dernière piste, une reprise sans surprise et fidèle à l'originale mais qui se plaindrait d'entendre un des grands classiques du brutal death!?
Alors c'est sur que la musique de Regurgitation est un peu brouillonne et qu'il faut s'accrocher pour suivre. La production raw ne plaira pas à tout le monde et les riffs de Tony Tipton ne sont pas non plus toujours mémorables, mais la façon dont ils sont joués et le chaos ambiant rend le tout des plus jouissifs. Clitoraldectomy se révèle ainsi comme un EP d'une efficacité redoutable, à la durée (un peu plus de 16 minutes) parfaite pour le genre pratiqué, et dont les morceaux pourtant datant de 2002 n'ont pas pris une ride et font même encore la misère à bien des albums d'aujourd'hui. Ça bourre, ça groove, ça joue vite et bien et ça mélodise même sur quelques très bons solos. De quoi faire oublier Suffocated In Shrinkwrap et les récentes sorties pas folichonnes de Comatose qui a bien fait de persévérer afin que Clitoraldectomy soit accessible à tout le monde. La réédition de Tales Of Necrophilia (1999) est prévue, elle, en fin d'année. À noter que la reformation du groupe devrait donner lieu à un prochain album avec des morceaux inédits mais on ne sait pas encore si les Américains évolueront sous la bannière Necrotic Disgorgement ou Regurgitation. En ce qui me concerne, le choix est déjà fait!
| Keyser 19 Juin 2011 - 2106 lectures |
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