Krisiun - Conquerors Of Armageddon
Chronique
Krisiun Conquerors Of Armageddon
Malgré quelques dernières offrandes moins marquantes que par le passé, en ce début de siècle, Krisiun est un groupe réellement à part, à part tant il est la quintessence même de ce qu’est et devrait définitivement être le brutal death. Le fusil n’est jamais changé d’épaule ici et la cible est tellement évidente que le coup est toujours fatal, les Brésiliens réitèrent album après album avec la même application et la même persévérance une recette qu’ils maitrisent désormais à merveille à savoir l’art de la violence et de la brutalité en tout état de cause. Alors que vous soyez prévenus dès maintenant, si l’écoute des compositions d’un musicien non détenteur d’un honoris causa vous est insupportable ou si le principe même de la barbarie musicale pour la barbarie musicale vous laisse dans la plus grande incompréhension, vous serrez priez d’aller cliquer ailleurs car on ne mange pas de ce pain là chez Krisiun. Propageant la bonne parole depuis le début des années 90, le trio avait déjà fait des siennes avec les puissants Black Force Domain et Apocalyptic Revelation qui donnaient déjà le ton de ce qui allait suivre et marquer ce qui sera considéré comme son âge d’or par beaucoup, à savoir l’impitoyable Conquerors Of Armageddon. Arrivant à la bonne heure aux côtés des plus grands noms du genre (Angelcorpse, Immolation, Morbid Angel, Nile et tant d’autres) pour redorer à l’aube du nouveau millénaire le blason d’un death metal qui avait perdu de sa splendeur depuis quelques années.
Avantagés par l’éclairage que lui permet son nouveau contrat avec Century Media, après être passés par les modestes labels Dynamo Records et G.U.N., ainsi que d’une des meilleures illustrations qu’ai jamais réalisé Joe Petagno, les Brésiliens se tournent à nouveau vers des studios allemands, cette fois ceux de Stage One en compagnie d’Andy Classen et Erik Rutan pour revenir sur le devant de la scène en cette année 2000 avec sous le coude une quarantaine de minutes qui feront d’eux le pilier de la scène qu’ils sont restés aujourd’hui. S'articulant autours de trois frères Kolesne, Max et Moyses, respectivement aux postes de batteur et de guitariste et l'imposant Alex Camargo (nom de jeune fille de sa mère) à la basse et au chant, l'affaire familiale reprend le chemin de sa croisade antichrétienne et hétérodoxe là où elle l’avait laissé deux ans plus tôt. Conquerors Of Armageddon est composé des mêmes éléments que son prédécesseur, un death brutal et vindicatif, profondément diabolique, qui s’il ne créé pas la surprise en premier lieu bénéficie en outre d’une production si remarquable et d’une machine de guerre si bien huilée qu’absolument rien ne peu lui résister. L’originalité n’est certainement pas à l’ordre du jour et les structures riches et complexes que certains s’efforcent d’inculquer à leurs compositions encore moins, mais l’ouragan d’agressivité et d’énergie pures que dégagent ces neufs titres est tel qu’on ne peut que s’incliner devant ce manifeste de violence arrivé à son paroxysme et ce jusqu’auboutisme que rien ne semble pouvoir ébranler.
Passé les quelques secondes d’introduction minimalistes qui ouvrent le bien nommé "Ravager", plus rien ne viendra ralentir le rythme infernal qui s’installe dès le premier blast-beat de Max Kolesne qui offre avec une vélocité et une constance impressionnantes une base de premier choix au riffing dévastateur et aux soli monstrueux de Moyses. Alex Camargo atteint quant à lui des sommets et livre ici une prestation hors norme derrière son micro, déversant sans répit son chant guttural haineux et finissant d’occuper au dépend de l’assistance le peu d’espace sonore que ses deux acolytes avaient laissé de libre. Suffocants, écrasants et d’une rage inépuisable, les titres s’enchaînent sans accrocs ni temps morts et si les différencier et les identifier est un exercice difficile de prime abord, puisqu’ils possèdent les mêmes structures et caractéristiques, aucun ne montre de signe de faiblesse et manque de remplir son rôle, à savoir de littéralement ensevelir l’auditeur sous un raz-de-marée de riffs d’une rapidité et d’une puissance rarement égalées. Du désormais culte titre éponyme, véritable synthèse de plus de six minutes du brutal death meurtrier et apocalyptique qu’assènent à tout instant les Brésiliens, à "Iron Stakes" et son passage central d’anthologie en passant par l’impitoyable "Hatred Inherit", Conquerors Of Armageddon démontre à chaque seconde que Krisiun maitrise parfaitement son sujet et n’a désormais plus rien à apprendre dans l’art du cataclysme sonore et aujourd’hui encore, peu de disques du genre lui arrivent à la cheville. "Endless Madness Descends" qui clôt l’album d’une manière aussi abrupte qu’il a débuté une éprouvante quarantaine de minutes plus tôt ne viendra certainement pas me contredire, fort de vocaux admirables et d’un ultime solo sans équivoque. Une pierre angulaire de l’histoire du brutal death vient d’être posée.
Appliquant une nouvelle fois une formule qui avait déjà fait ses preuves par le passé mais bénéficiant pour l’occasion d’une production d’Andy Classen et Erik Rutan venant réellement faire la différence tant la musique du combo gagne en violence et en noirceur, Krisiun signe ici un des albums phares de ce changement de siècle et affirme sa place plus profondément que jamais parmi les grands noms du death metal de l’époque. Si la suite n’a malheureusement pas toujours été du même niveau, elle n’entache en rien la qualité et la valeur historique de ce Conquerors Of Armageddon qui n’a prit que bien peu de rides en vu des onze ans qui nous séparent actuellement. A écouter et réécouter les yeux fermés avec le malin plaisir de celui qui reconnaît une grandeur là où les autres n’en voient pas.
| Squirk 9 Septembre 2011 - 3242 lectures |
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