Dans la catégorie poids lourd du metal, je demande KRISIUN. Avec leur death de camionneurs calibré pour le rainurage de voies d'autoroutes, les infatigables brésiliens poursuivent leur entreprise de démolition de nos conduits auditifs avec leur dernier ravitaillement en date, l'excessivement brutal "Southern Storm". Et avec eux, peu importe le cours du dollars ou le coût du baril de brut : la franchise KRISIUN, c'est l'assurance de faire le plein de riffs tranchants, de leads assassines et de blasts écrasants au prix raisonnable d'une quinzaine d'euros et d'une bonne parties de vos neurones. Car entre le rythme infernal des morceaux et les incessantes parties de mitrailleuse du batteur Max Kolesne, c'est clair, vous ne viendrez jamais chez eux par hasard. Le trio de tough guys, après avoir (un peu) varié le tempo sur l'excellent
"AssassiNation", a balancé sa feuille de route pour revenir à l'itinéraire de base, un aller simple pour l'enfer d'un death metal dépassant allègrement la limite autorisée de vitesse d'exécution.
Toujours affublé du GPS thrash Andy Classen (DEW-SCENTED, TANKARD), KRISIUN avale les premiers kilomètres en atomisant les radars avec l'imparable "Slaying Steel", où le groupe fait étalage de toutes les qualités qu'on lui connaît ; un riff bien trempé identifiable entre mille, une mise en place martiale comme rampe de lancement pour une avalanche de blasts et de double pédale, suivi d'une ou deux variations de rythme histoire de placer une once de mélodie au milieu de cet effroyable fracas de tôle et d'acier. Jamais personne ne sonnera aussi brutal ? A l'attention des sceptiques, KRISIUN passe illico la cinquième avec un "Sentenced Morning" qui vous rappelera votre enfance dans les favellas, poursuivi par des tanks ou pris en chasse par les redoutables escadrons de la mort. Si vous n'êtes pas né sud américain, ce morceau de charognards sans foi ni loi ravivera les braises d'un (pas si) lointain concert du groupe, quand vous imploriez les brésiliens d'en finir après deux heures d'une âpre guérilla métallique. A genoux. Le temps d'un démarrage foudroyant, la soumission est totale et ce ne sont pas les réminiscences de
"AssassiNation" sur "Minautor" et "Twisting Sights" qui autorisent le moindre espoir de fuite. Si KRISIUN continue sur cette lancée, vous allez finir comme les pauvres quadrupèdes répandus sur un pare-chocs aux allures de Simetierre. Aplati par tant de puissance, concassé par un batteur filant à l'allure d'un footballeur tchèque sur une autoroute française.
Mais l'endormissement guette. Ce qui est terrible, lorsqu'on ne conduit pas, c'est cette irrépressible tendance à l'assoupissement que seuls peuvent combattre un arrêt aux stands ou une route un tant soit peu sinueuse. Les frères Kolesne ayant opté pour le télépéage, aucune concession rythmique n'est à attendre de leur part. Et c'est bien là le problème. Mal géré, le deuxième tiers du trajet devient carrément longuet, la faute à un tracklisting pour le moins déroutant. Passe encore la redondance de "Bleeding Offers" ou "Massacre Under The Sun", qui n'apportent rien de plus que ce que les premiers extraits de l'album ont démontré, en bien mieux. Mais pourquoi diable avoir placé à mi parcours une reprise de SEPULTURA (“Refuse Resist”) aussi servile que convenue ? KRISIUN affole les compteurs, certes, mais pour ce qui est de tenir la distance, la machine de guerre requiert encore quelques réglages. L'équilibre (précaire) entre brutalité sans partage et développements mélodiques (ici plutôt rares) qui faisaient le sel de l'album précédent est ici rompu, et une coupe franche de "Combustion Inferno" à "Contradictions Of Decay" est fortement conseillée, sous peine de passer à côté d'un final plus intéressant qu'il n'en a l'air ("Sons Of Pest", l'instrumentale "Black Wind"). Bien que plus brutal, "Southern Storm" n'est pas foncièrement différent de
"AssassiNation", dont il reprend plus ou moins les codes de composition et la structure. Mais "Southern" est un peu gâché par l'absence d'itinéraire bis (ça tabasse toujours de la même manière) et le caractère répétitif des riffs proposés, les aspirations mid tempo d'un “Bloodcraft” cédant la place à une approche rouleau compresseur guère passionnante. En résulte un skeud souvent efficace mais très inégal, certains titres foudroyants en cotoyant d'autres bien plus anecdotiques. Une bonne roue de secours donc, dans la déjà longue carrière des prolifiques brésiliens.
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