Depuis
"How To Measure A Planet?", on avait bien compris que The Gathering se cherchait. Apparemment lassés de leur ancien style metal gothique plus traditionnel, ils se sont embarqués dans une nouvelle aventure en dépassant les contrées du métal et en multipliant les expérimentations. En plus de nous offrir cet année là, un live électrique intitulé
"Superheat", The Gathering continue sa longue route à la recherche de son identité, se souciant guère des critiques et laissant à leurs fans les plus sceptiques, une bonne raison de lâcher le morceau. Mais pour les autres, le groupe nous propose encore un magnifique voyage, peut-être pas le plus beau, mais qui vaut le détour.
Autant commencer par ce qui ne va pas. En fait, ce qui fait que cet album est moins bon que tous les autres (et c'est peut être du à des pressions de Century Media), c'est que The Gathering ne s'est pas totalement lâché. Le groupe n'a pas voulu laisser tomber son agressivité d'autrefois pour se consacrer pleinement à leur nouveau destin. D'où deux morceaux de qualité moyenne : "Shot To Pieces" et "Colorado Incident". De plus, le groupe n'a pas vraiment su contenir ses expérimentations, agrémentant l'album de nombreux passages psychédéliques qui n'ajoutent pas grand chose et je trouve également que les deux instrumentales "Beautiful War" et "Pathfinder" font un peu office de remplissage au milieu d'autres titres beaucoup plus touchants. Bien que The Gathering ne soit pas réputé pour faire de belles pochettes, celle-ci est particulièrement moche, même si elle reflète l'esprit de l'album, à savoir un remède contre cette société stressante qui ne cesse de courir.
Mais même sur cet album qui est sûrement un des moins bons de leur discographie, The Gathering s'élèvent largement au dessus de la moyenne de groupes qui officient dans cet art. Car la plupart des morceaux visent très juste et jouent avec votre corde sensible, en remuant vos émotions peut être encore plus qu'auparavant, ou tout du moins différemment car l'ambiance y est plus intimiste, plus chaleureuse. Et comment s'y prennent-ils ? Et bien comme toujours : un feeling extraordinaire ou comment avec trois notes, je te remue les tripes au batteur électrique, et bien sûr, la fantastique, l'unique et l'inégalée Anneke Van Giersbergen, déesse du chant qui pourrait presque me faire écouter du Lara Fabian tellement sa voix est magique et envoûtante. Et comparé à
"How To Measure A Planet?" (où je trouvais qu'elle avait eu une baisse de régime), "if_then_else" atteint des sommets en ce qui concerne la prestation vocale. Le son est comme à l'accoutumé, d'une pureté incomparable, saisissant toute la richesse musicale de cet album : le groupe multiplie les arrangements et les instruments qui créent une profondeur musicale impressionnante ("Analog Park", "Herbal Movement", ...). On y retrouve des morceaux qui sont passés dans les standards du groupe, comme l'excellent single "Amity" ou encore "Saturnine".
Certains reprocheront à cet album, son côté un peu mou, mais j'emploierai plutôt l'adjectif "planant". "if_then_else" confirme bien que The Gathering veut en finir avec la violence et la puissance, préférant plutôt la chaleur et la sensibilité comme arme pour toucher. On sent encore ici que le groupe manque un peu d'entraînement, mais il se révèle être un élève plutôt doué, à la vue de ce coup d'essai. En tous cas, tandis que d'autres campent sur leurs positions (pour ne pas froisser, je ne citerai pas de noms bien que j'en meurs d'envie), le groupe a choisi d'évoluer et on ne peut que saluer cette décision. Pour finir, je dirai que bien qu'un peu inégal, "if_then_else" est un bon album à prendre comme une progression et non comme un aboutissement.
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