The Phantom Carriage - New Thing
Chronique
The Phantom Carriage New Thing
J'ai quelques scrupules à te vendre New Thing pour ce que beaucoup semblent y voir, c'est-à-dire un disque frais et bordélique. Frais, il l'est autant qu'une œuvre mêlant hardcore et black metal (genre t'en as pas bouffé jusqu'à l'overdose ces derniers mois) et c'est lui faire peu d'honneur que d'employer un terme sous-entendant généralement une durée de vie limitée. Oui, The Phantom Carriage est black et hardcore et d'autres trucs d'intello-bobo vénère aimant les mots à caser en compte-triple au Scrabble comme jazzy, polymorphe ou xylophone, oui, comme toutes ces formations dites à-part, il écoute Deathspell Omega ou Comity, et pourtant, il a plus à offrir que cette introduction un brin blasée le laisse croire !
D'abord parce que ce groupe (dont les trois-quarts proviennent du désormais splitté Taciturn) arrive à être cohérent et catchy dans son brassage, préférant les riffs punchline à ceux se regardant jouer. S'il emprunte au créateur de Paracletus ce goût pour les guitares monumentales, il y ajoute du muscle, enchainant sans s'éterniser sur des rythmiques screamo Orchidiennes ou une aération composée d'instruments hétéroclites (à l'image de « Black Rain Falls In Drop » et son démarrage faisant claquer des doigts avant de virer à l'engueulade parpaing où ampli et blast se disputent le premier rôle). New Thing est d'une cohérence impressionnante, arrivant à unifier les codes de différents styles sans que l'un ou l'autre ne paraisse cliché ou inapproprié. Une volonté de ne pas s'arrêter à l'expérimentation et composer des morceaux construits donc, qui pourront s'écouter autant au premier degré (ultra-efficace, voire carrément tubesque sur « The Wreck Of My Mental Ship » et « The Monument On Hendrick's Hill ») qu'avec recul et étonnement envers cette batterie aussi à l'aise dans la frénésie mécanique propre au metal extrême que les embardées laissant place au feeling ou ce chanteur capable de passer d'une voix emoviolente à une beuglante froide tel un Mikko (Aspa, pas les glaces). Les growls décharnés surgissant sur « 16-04-10 » montrent une créativité au service du jouissif, le but n'étant pas de perdre l'auditeur mais l'accrocher constamment.
Maîtrisant parfaitement sa folie, le chaotique se cantonnant à quelques passages relançant l'intérêt (« The Horses Feeds Their Birds » et ses dissonances à mi-parcours par exemple), New Thing arrive à tenir son affaire le long de sa demi-heure. Cette courte durée n'empêche pas la multitude d'idées, ainsi qu'une réelle progression jusqu'au piano conclusif apportant la petite larme mélancolique nécessaire pour faire bonne mesure avec la noirceur ambiante. The Phantom Carriage dérive cependant sur « Les Fantômes Se Cachent Pour Pleurer », titre jazz instrumental en décalage avec le reste (pas désagréable, mais donnant la même impression qu'une caravane de manouche attachée au char d'Hadès). Dommage, ça ternit un peu le rendu global bourré de surprises représentées par une production en accord avec cette sobriété dans le décomplexé : point de frou-frou sacrifiant la limpidité sur l'autel du « qui qu'à la plus grosse » mais t'as quand même pas envie de la ramener tant elle calme niveau puissance.
Apparemment, on entendra reparler de The Phantom Carriage dans peu de temps, le deuxième album du quatuor étant à moitié composé. Attention à ne pas se reposer sur des lauriers certes divers et possédant ce piquant permettant d'oublier des références trop lisibles ici ou là, on a rarement vu une discographie reposer sur une seule bonne idée ! Quoiqu'il en soit, peu importe la qualité de la suite : pris seul, New Thing poutre et ça devrait suffire à ton bonheur.
| lkea 12 Juillet 2011 - 1961 lectures |
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