Ma chronique de
New Thing se terminait par un conseil (oui, non seulement je fais savoir mon avis sur des albums à qui veux le lire mais en plus je conseille les groupes sur leur musique alors que je n’ai pas touché un instrument depuis une tentative de drague à la gratte sèche infructueuse en 2006 – y a des jours où mon ego est sans limite et y a des jours tous les jours) : ne pas se reposer sur une formule certes étonnante dans son mélange de styles a priori non-miscibles mais risquant de devenir éculée à cause d’une surabondance de « collègues » attachés à la répéter. Deux ans et une tripotée de coreux blackened plus tard, j’attendais de
Falls qu’il passe au prochain stade de l’évolution, celui qu’a atteint un certain
I, Guilt Bearer l’an passé et ce tout en laissant pleinement respirer les petits bouts de personnalité que The Phantom Carriage laissait transparaître derrière son mariage.
Et malgré quelques moments où la frontière entre des coreux récitant leur Deathspell Omega et des blackeux s’essayant à Gaza n’est plus aussi nette qu’auparavant, la réalisation de ce souhait ne sera pas pour cette fois, The Phantom Carriage ayant décidé en pleine mutation d’appuyer sur le bouton B de sa Gameboy pour créer un être hybride, version extrême de son ancien état. « Les autres font comme nous ? Nous, on va taper plus fort que les autres ! » pourrait résumer la démarche de ce deuxième album, les poitevins réécrivant au feutre taille bâtiment les pattes de mouche ayant donné naissance à
New Thing en laissant au passage de côté les quelques incursions jazzy de leur premier jet (pas un mal). Tout est simplement « plus » sur ces quarante minutes, au point que le qualificatif « 2.0 » ne suffise pas à retranscrire la perte de cheveux que créé la première écoute de « Today We Stand » ! Entre foires aux blasts (« Mistakes & Fixes »), cassures rythmiques, relances tirant vers le screamo (« The Time ») ou appels aux copains pour mieux passer à tabac (guest d’Olivier – hurleur chez Donkey Punch au rapport gabarit/coffre l’ayant fait connaitre comme le « Bébé Herman du hardcore » – sur « Today We Stand » et « Rejuvenation »), difficile de s’y retrouver, l’essai ici chroniqué ne jouant pas comme son grand-frère sur la fluidité et l’efficacité mais sur l’oppression et l’accumulation d’excès de vitesse, quelque soit le genre abordé.
Des grands écarts encore mieux exécutés qu’auparavant, ce qui n’est pas peu dire quand on se souvient du coup de bluff qu’a été
New Thing à sa sortie. Allez savoir si la participation de leur nouveau guitariste au processus d’écriture y est pour quelque chose, mais les Français se sont même permis d’avancer davantage dans leur appropriation du black metal, ajoutant Krallice à la liste des influences décelables lors de l’écoute de leurs disques (impossible de ne pas penser à la formation de Colin Marston lors de « Dreamers Will Never Stop Dreaming » ou « About Being A Father » par exemple). Le plus épatant ici est qu’une fois l’ensemble intégré, une cohérence en terme d’ambiance ressort, le tout étant bien plus « sérieux » voire morbide que lors d’une première rencontre s’étant arrêtée au listener’s digest de qualité. La voix de Thieu est l’élément principal caractérisant ce tournant plus sombre, son chant s’époumonant sur un assemblage guitares/basse/batterie si prompt aux virages à 180 degrés que ses changements continuels attrapent un caractère obsessionnel.
Falls cherche bien à nous faire tomber et s’y emploie par une noirceur montrant qu’il vise un peu plus haut que ce qui semble son objectif premier au départ, à savoir offrir un
New Thing plus violent.
Devant tant de qualités, les véritables reproches sont à chercher non pas dans ce qui est présent (au-delà d’un « Rejuvenation » moins bon que ses acolytes – surtout placé avant « The Time » et sa première moitié proprement jubilatoire –, rien ou presque à déplorer ici) mais ce qu’aurait pu être
Falls. Je continue de penser que les Français sont trop talentueux pour s’arrêter au mash-up et, même si celui-ci parvient à tenir debout par une ambiance ajoutant du fond à ses acrobaties ainsi qu’une interprétation irréprochable, souhaite les voir aller vers des territoires peu explorés. Faire du Deathspell Omega ou Comity aussi bien – voire mieux, les riffs alambiqués et black metal possédant cette rage qu’a perdu la troupe de Mikko Aspa depuis
Paracletus – que les susnommés est déjà un sacré exploit : il faut maintenant dépasser des références parfois envahissantes (« Devils, Gods, Us » et ses clins d’œil trop appuyés aux créateurs de
Kénôse) et imposer son empreinte, empreinte se devant de contenir autre chose que les orteils de l’un ou le talon de l’autre.
En dépit de cela, The Phantom Carriage a su me surprendre une nouvelle fois et – plus important – m’emmener avec lui dans sa charrette en lâchant les chevaux la conduisant. Tout en reconduisant ce qui a fait le succès de
New Thing,
Falls avance encore un peu plus vers une musique synthétisant ce qui fait le gros des musiques extrêmes actuelles. Dois-je dire que « j’attends la suite avec impatience » ou mes déclarations ont été assez claires sur ce que je peux avoir d’intérêt pour ces cinq personnes qui, sans faire autant de bruit que d’autres, vont dans une direction pouvant à terme les emmener loin devant le reste ?
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