La sortie simultanée des deux derniers volets de la quadrilogie Townsendienne m’ayant, pour des raisons différentes, relativement déçu, j’ai préféré me replonger dans le back catalogue de l’illuminé Canadien avant de sortir l’artillerie lourde lors des futures chroniques de « Ghost » et « Deconstruction ». Place donc à ce « SYL » à caractère transitoire, le successeur tant attendu de
« City » ayant connu les joies du stand by longue durée suite à l’éclosion de DEVIN TOWNSEND en tant qu’artiste solo (les chef d’œuvres « Terria » et « Ocean Machine ») et d’un pétage de plombs lui valant de sérieuses embrouilles avec sa maison de disques à l’époque (1998), séjour à l’hôpital psychiatrique à la clé. Il aura fallu attendre pas loin de six ans et la double sortie « Accelerated Evolution »/ « SYL » pour assouvir sa soif de riffs en fusion, de rythmiques Mach 3 et de quadruples couches de guitares/claviers/clameurs de zoo surpeuplés superposées dans tous les sens répertoriés chez l’être humain, ceux des Chevaliers du Zodiaque compris.
Et six ans, compte tenu du niveau exceptionnel atteint sur un
« City » absolument hors norme à l’époque de sa sortie, c’est sacrément long, d’où un constat amer une fois apprivoisé le bestiau ; non, le coup de maître
« City » ne trouve pas de véritable prolongement ici mais oui, on se trouve néanmoins en présence d’un bon album de STRAPPING YOUNG LAD. Première constatation compte tenu du télescopage des projets de l’ex chanteur de STEVE VAI, Devin a gardé ses meilleures cartouches pour le plus brutal des deux, le pénible « Accelerated Evolution » récoltant quelques rares miettes pour rééquilibrer les débats (« Suicide », une petite merveille). Toujours épaulé par un trio Hoglan/Stroud/Simon déjà fiché pour avoir humilié FEAR FACTORY sur son propre terrain de jeu (« Obsolete » portait plutôt bien son nom au final), DEVIN TOWNSEND, sans doute conscient de l’attente démesurée qui entoure la troisième offensive du bombardier SYL, a donc pris la chose très (trop ?) au sérieux. Les amateurs d’ultra violence seront donc aux anges dès les premières mesures du mur de guitares d’une « Dire » en forme d’obscur pendant à la lumineuse « Truth » (sur « Infinity »), avant une déferlante death metal très appuyée sur les trois salves suivantes ; d’emblée, si la trademark Sylienne est reconnaissable entre mille,le trop plein de pression débouche ici sur un contenu rageur voire haineux assez inédit, les attentats du 11 septembre ayant servi de source d’inspiration toute trouvée pour un Devin Townsend attendu au tournant. Ça bûcheronne sec, surtout sur la volcanique « Relentless », « Consequence » jouant le jeu du chat et de la souris sur le plan rythmique, entre metal extrême on ne peut plus sombre et envolées mélodiques nettement plus contenues que sur
« City ». La production plus sèche de Townsend participe du côté abrupt de la chose, les multiples strates sonores de naguère laissant la place à un rendu plus brut de décoffrage, puissant certes, mais également plus sobre. En sonnant plus brutal que brutal et en mettant en sourdine samples et cachet industriel, STRAPPING YOUNG LAD convainc donc sans trop de peine mais transporte d’autant moins facilement son auditoire que tout paraît plus forcé qu’à l’accoutumée, moins fluide, plus réfléchi. L’immédiateté et la spontanéité en moins, l’humour potache de « Heavy As A Really Heavy Thing » carrément porté disparu, « SYL » apparaît comme un album normal, presque commun, où la dimension monolithique de
« City » s’efface pour laisser place au simple principe de la sélection naturelle.
Où l’on se retrouve réduits à faire la part des choses entre l’essentiel et le plus dispensable comme une « Rape Song » qui écope sans peine du titre le plus chiant de la galette, la rampante et torturée « Bring On The Young » n’étant pas non plus une franche réussite. Pas de plus-value qualitative à attendre non plus sur une « Devour » basique et une « Last Minute » qui brasse du vent quatre minutes durant, « Aftermath » séduisant déjà bien plus avec son tempo hypnotique façon RAMMSTEIN/MINISTRY. Le chant clair si intense de Devin se fait rare, à l’exception notable de « Force Fed », sur laquelle un semblant d’émotion perce enfin l’épaisse carapace death servant de défense naturelle aux critiques à venir sur le manque d’envergure de l’ensemble. Fort heureusement, ça fonctionne du feu de Dieu sur une « Dirt Pride » jouissive qui tabasse comme jamais et apporte, paradoxalement, une touche de légèreté à ce « SYL » assez inégal, chiche en morceaux de bravoure et d’assez loin l’opus le plus faible de STRAPPING YOUNG LAD, malgré un niveau de jeu moyen toujours impressionnant.
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