Rosetta - The Galilean Satellites
Chronique
Rosetta The Galilean Satellites
Alors que le post hardcore n’a plus le panache ou l’intérêt qu’on lui portait il y a encore quelques années/mois, les anciens admirateurs préférant se la jouer norvégien en casquette-doudoune ou pédant façon « Le post hardcore ? J’adore Fugazi huhu », il est bon de se souvenir de The Galilean Satellites. Sorti à une époque où se réclamer de Neurosis et Isis n’était pas synonyme de bâillement mais profession de foi, le premier essai de Rosetta se voulait un hommage à ces chefs de file : à la bande d’Aaron Turner, il emprunte les progressions lointaines et modernes et Neurosis, la construction d’un double-album dont les moitiés peuvent être lues en même temps à la manière de Times Of Grace et Grace.
Seulement l’incroyable se produisit (ben oui, sinon je ne perdrais pas mon temps à vous en parler et chroniquerais des choses plus importantes et novatrices comme le dernier A Storm Of Light (non je déconne, Josh Graham est toujours aussi plat)) : en assumant totalement l’aspect « Worship » de sa démarche, Rosetta réussit à créer une œuvre qui ne rappelle que peu l’un ou l’autre puis finit par s’imposer seule grâce à une spontanéité et une rage qu’on retrouve difficilement dans ce style d'habitude porté sur le lénifiant. D’ailleurs, l’entité plaisante elle-même lors d’interview sur sa tendance à la procrastination, préférant improviser et finaliser ses morceaux à la dernière minute ! Ce défaut devient chez elle une qualité car derrière la complexité se trouve une fraicheur faisant qu’elle touche là où il faut malgré une propension au gargantuesque ne connaissant que les durées à quatre chiffres. Ce feeling constant se présente dés « Départe » et sa ligne de basse groovy, l’impression d’assister à un jam dans l’espace ne nous quittant jamais. Mieux, il transmet un ressenti parcouru par la joie d’écouter un groupe arrivant à transformer l’atmosphérique en exutoire, à l’image des cris sur tremolo de « Absent ». Bien que chaque titre se base sur un pattern se diluant au fur et à mesure dans l’Earthless, la production valorisant les toms et la basse, un Armine hurlant d’une manière unilatéralement douloureuse pour lui et intense pour nous ainsi qu’une symbiose à rapprocher d’une répét’ transcendée rendent la musique figeante, l’apaisement offert provenant d’une baffe qui calme plutôt qu’une redondance dont on évite ici les travers. The Galilean Satellites ne répète jamais inutilement et varie ses mélodies à chaque instant, se délitant sans virer inconsistant (la pause « Itinérant » où l'aérien se mêle judicieusement à l'abrasif par un contraste entre claviers et distorsions situées en arrière-fond).
Tout le monde a cherché dans l’enchainement « boue/nuage » une raison d’être sans se rendre compte qu’une caractéristique martelée devient rapidement un cliché : Rosetta va plus loin dans l’ambivalence, créant un post hargneux et épique (mais non dénué de finesse) et son pendant éthéré en laissant de côté toute retenue, l’équilibre sous l’égide du décomplexé. Ce versant bruitiste prolonge les compositions précédentes en y apportant une noirceur différente, gonflée d’azote où le cerveau asphyxié entraine un doux délire avant la mort. Conçus à partir de chutes studio de ces dernières, ses entrelacs de couches ont été retravaillés et harmonisés afin de devenir un seul bloc. Le jeu sur les volumes, une guitare pouvant passée du premier plan à une nappe ou la voix surgir puis se développer en volute, renforce l’aspect rituel de The Galilean Satellites, même si cette expérimentation a tendance à se ranger dans la catégorie des musiques de fond (comme la majorité des disques ambiant finalement).
Aucune lassitude ne se dessine à l’horizon et avec deux disques en créant un troisième, on peut ajouter que The Galilean Satellites est d’une rare profondeur, les deux parties mises ensemble offrant un voyage mettant une lumière nouvelle sur chaque chapitre. C’est en lui que je retrouve ce qui me plait tant chez Rosetta, au point qu’il a souvent mes faveurs au détriment d’un Cult Of Luna (et oui !). Non pas cette ambiance spatiale « Isis fait du Yob » – qui suffit cependant à le rendre unique – ou les ambitions se cachant derrière sa fan-attitude, celles-ci m’assoupissant sur Wake/Lift, mais cette envie d’instantané dans le long-format, d’évidence malgré les enchevêtrements, où les expressions pompeuses telles que « identité sonore » passent à côté de l’essentiel. Celui qui a eu la chance de voir Armine s’égosillait en face-à-face avec le public abasourdi doit comprendre ce que je veux dire quand j’appuie que Rosetta est d’abord un plaisir musical à l’état brut !
« Leur meilleur et un classique du genre », ça vous va comme conclusion ?
| lkea 15 Septembre 2011 - 2588 lectures |
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