Ce qu'il y a de bien avec les trois premiers albums d'Isis, c'est que dès le premier regard jeté sur la pochette, tu sais à quoi t'attendre :
Celestial arbore le jaune du désert,
"Oceanic" (Post-Hardcore) de Isis">
Oceanic le vert sombre des profondeurs et
Panopticon le bleu du ciel. En plus, dans sa grande bonté, ce dernier donne un autre indice avec son titre faisant référence à un type d'architecture carcérale permettant de voir d'un coup d'œil l'ensemble des prisonniers.
Mais tout cela est aussi trompeur et si le groupe évoque les barreaux, c'est pour mieux les briser. Plutôt que de t'étouffer par milles yeux te déshabillant, à la manière de
The Beyond de Cult Of Luna, Isis personnifie cette vision et te fais vivre par la musique cette omnipotence. Par rapport à
"Oceanic" (Post-Hardcore) de Isis">
Oceanic, la musique est épurée et il faut dire adieu au chant féminin ainsi qu'aux nombreux chamboulements qui marquaient jusque-là leurs compositions. Même les beuglantes d'Aaron Turner se font plus discrètes, au point de parfois disparaître complètement (l'instrumental « Altered Course »). La lourdeur des œuvres précédentes est diluée dans cette production cristalline qui enlève toute agression à des charges pourtant véloces (« Grinning Mouth », le début de « So Did We »). Mais le propos de cet album est à chercher ailleurs, dans ses notes claires, élevées et son accroche directe. Contrairement à
Celestial qui m'a demandé de nombreuses écoutes pour l'assimiler,
Panopticon est facile d'accès et ce malgré cette homogénéité où la prise de risque semble moindre au regard de ces morceaux basés sur les même tonalités et enchainements.
Isis aurait-il succombé aux sirènes de sa popularité alors grandissante et proposer un ersatz du post hardcore qu'il pratiquait jusque-là ? Certaines critiques lues ça et là le pensent. Il faut dire que tout est bien plus sage et accessible. Pour ma part, j'y vois une fois de plus le talent du groupe à se fondre dans un concept. Il n'aurait pas été judicieux de renouer avec le son sale et chaotique du premier album ou l'abime du second alors que le but est de figurer l'air, la présence qui enveloppe et voit le monde. Au final, cet album contient tout ce que l'on recherche chez eux, du chant d'Aaron (bien que plus porté sur les voix claires un brin éraillées, comme sur « In Fiction » ou « Wills Dissolve ») jusqu'aux élans progressifs et autres relents Tooliens atteignant leur paroxysme sur « Altered Course » et sa batterie lancinante, sur laquelle les autres instruments brodent leurs riffs.
Et bien que ça se touche pas mal dans ce post hardcore pour quadra pas fini, j'en suis totalement (allez, soyons juste, être un adulescent bobo suffit pour aimer ce disque). Jusque-là, j'avais toujours trouvé quelque chose à redire sur leurs œuvres, un grain de sable qui enrayait
Celestial ou un petit mal de mer sur
"Oceanic" (Post-Hardcore) de Isis">
Oceanic. Ici, tout est parfait. Mieux, à chaque instant, Isis donne la sensation de perfection : tout coule, est à la fois évident et inattendu. Mais c'est surtout cette ambiance, maintes fois copiée (Qui a dit Rosetta ? C'est quoi ça, du jambon fumée ?), qui fait de ce troisième jet un chef d'œuvre. Avoir
Panopticon dans les oreilles, c'est ressentir quelque chose qu'il est difficile de transmettre avec des mots. C'est devenir, non pas une atmosphère mais l'atmosphère elle-même baignant dans un sommeil paisible, dans une léthargie indifférente. Ce n'est pas tout à fait de la paix, ou de la paix humaine, mais une sorte de tranquillité irraisonnée. Il n'y a pas de larme ou de sourire ici, juste cette sensation de vivre l'inatteignable : la pureté de l'oxygène contemplant le monde s'animant sous lui. Il y a quelque chose de vital et d'indéfinissable dans ce calme. Quelque chose (attention un gros cliché va apparaître) qui touche au divin.
Bref, attends toi à planer comme jamais. Et profites-en bien car malheureusement la suite sera loin de t'apporter autant de plaisir. Mais jusque-là, Isis nous avait offert une discographie sans faille, aussi innovante que géniale. Alors pour l'occasion, tu comprends, j'ai bien envie de marquer le coup.
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