« Quoi ? Sept sur dix à la masterpiece (la maaaaaaasterpiiiiiiece) d'Isis ? Mais ce chroniqueur est fou, il nie la Vérité ! Et l'objectivité ? Vite, une pelle et du chloroforme ! » Oui, sept à
Oceanic. Principalement à cause de « Weight » et sa longue dizaine de minutes où les Ricains tombent dans leur travers d'académiciens, les montées remplaçant le ténu par l'appliqué, le genre d'élévation me laissant sur le sol avec la sale impression de voir des barbus à lunettes sans verres volaient au dessus de moi au point que le retour à l'excellence que sont « From Sinking » et « Hym » (encore que le chant clair d'Aaron n'y soit pas des plus justes…) ne peuvent que me picoter, tout endolori que je suis par l'ennui. Un gros tiers faisant plus ou moins plouf, en somme.
Range les outils et le coton imbibé l'ami, ça reste de la très bonne came. Tool et Neurosis sont dans un bateau et les deux se jettent à l'eau pour une plongée loin d'être un vulgaire barbotage. Plus boue et asphyxie que corail et hippocampe cependant, j'espère que t'as pris ta bouée car comme son nom et sa pochette l'indiquent, c'est aux abîmes aqueuses que s'attaque ce disque ! Isis s'est dépareillé du bourru de
Celestial et enrobe désormais ses coups de taloches d'influences progressives (les claviers sur « The Other », riffs grandissants au fur et à mesure à l'image de « False Light »). Sans tomber pour autant dans la douceur des amplis ronflants de
Panopticon,
Oceanic va plus loin dans la recherche sonore. L'œuvre de l'égyptien la plus intéressante et équilibrée à ce niveau d'ailleurs : à mi-chemin entre le multicouche du prog' et le baveux du sludge, la production offre une respiration organique aux instruments faite de marasme aquatique à en devenir vénéneux comme le plus « crapaud-hypno » des groupes de drone et de gorgée d'air causant une dépressurisation aussi hallucinée qu'enivrante. Certainement ce que j'ai pu entendre de mieux en terme de rendu dans le post hardcore et ce n'est pas peu dire quand on sait à quel point ce dernier se base autant sur la forme que le fond pour faire passer l'émotion !
Arrêtons de nous appesantir sur un son déjà bien balourd en soi, sur le plan de la composition,
Oceanic est globalement de bonne facture. Il possède ce talent pour utiliser à bon escient ce que l'on nomme aujourd'hui des « impondérables du genre » donnant la sensation des premières fois où la répétition n'est pas rabâchage mais atmosphère, les cassures non pas gentiment mordantes mais corrosives comme le sel des mers. Aaron a fait quelques progrès dans son chant, ses hurlements toujours lâchés en bout des cordes vocales ayant gagné en profondeur. Les clins d'œil à Godflesh ont tendance à être aux abonnées absents, la musique se voulant plus captivante et trouble que musculeuse. On retiendra particulièrement cette fluidité où le liquide ne naît pas que du concept mais aussi de moments de grâce faisant rimer océanique avec épiphanique : « The Beginning And The End », LE morceau d'Isis où ce qui fait son identité devient pinacle (rah ce sous-marin boosté à l'uranium qu'est le riff final !) et même pinable avec ce chant sous-mixé de sirène invitant langoureusement à pénétrer les tréfonds, « Carry », son cérémoniel début, sa mélodie caressante rappelant ces remous des algues, leur lent va-et-vient, la tranquille « Maritime » ou encore « From Sinking » et son break changeant la tonalité de l'ensemble, quelques minutes d'aérien divin à la
Panopticon avant une rechute immersive façon « vague haïtienne » !
Bien qu'à mon sens inférieur aux deux maîtres-nageurs l'entourant (un euphémisme, vu comme je vénère
Celestial et surtout
Panopticon),
Oceanic n'en démérite pas moins et prouve une nouvelle fois que là où les ersatz se contentent du petit bassin, Isis vise les piscines grand luxe et autres jacuzzis enveloppants. Une œuvre à part du fait de son thème et cohérente dans une trilogie déjà classique. Vivement le come back.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo