Agalloch - Faustian Echoes
Chronique
Agalloch Faustian Echoes (EP)
Agalloch restera pour moi une formation à part et sans doute l’une de mes favorites depuis la découverte du majestueux The Mantle, - une découverte due au webmestre d’un webzine désormais défunt depuis quasiment un lustre. Et il n’y a sans doute pas meilleure formation pour évoquer les grands espaces, la nature et surtout la forêt aussi bien avec ses teintes automnales que dans sa rudesse hivernale, bien que d’autres formations ont depuis lors emboité le pas à ces précurseurs, à tel point que le groupe de John Haughm est aussi devenu un compagnon régulier des mes pérégrinations en pleine nature. Le paradoxe dans tout ce que je viens d’énoncer c’est que c’est un titre abordant le Faust de Goethe qui est l’une de mes compositions favorites du groupe avec ce Faustian Echoes, la composition la plus longue de toute la carrière du groupe et qui est donc l’unique titre de cet EP éponyme paru entre Marrow of the Spirit et The Serpent & The Sphere.
Quoi de mieux pour évoquer le mythe de Faust qu’un titre étiré sur plus d’une vingtaine de minutes et composé de deux actes. L’on retrouvera d’ailleurs de nombreux samples de la pièce de Goethe, mais dans la langue de Shakespeare, lançant et terminant ce titre, et au milieu pour faire la transition entre les deux parties. Tout débute d’ailleurs par quelques sonorités lointaines et inquiétantes et où Faut invoque Méphistophélès avant que tout démarre en trombe dans un registre black metal avec blast beats à l’appui. En cela, ce titre demeure dans la lignée de ce que le quatuor avait fait sur Marrow of the Spirit. L’on retrouve d’ailleurs un certain Billy Anderson derrière les manettes pour un son très organique et chaud et sans doute bien plus précis que sur l’album mentionné précédemment et qui sied très bien à ce titre; le quatuor l’avait enregistré en grande partie dans les conditions du live. Tout le titre fera la part belle à cette facette plus rentre dedans avec de nombreux passages véloces et où Aesop Dekker s’en donne à cœur joie, alternant avec des parties plus posées. Et s’il y a trace des acoustiques, ce n’est qu’uniquement que sur quelques passages et sur la conclusion du titre. En cela l’on pourrait annoncer qu’il n’y a pas grand chose de nouveau sous la pluie de Portland, si ce n’est que nous avons ici un très beau condensé du savoir faire d’Agalloch et l’une des compositions les plus abouties qu’il a pu écrire et, aussi, l’une des plus épiques où la tension ne cesse de monter et de redescendre, laissant tout autant un sentiment d’urgence et de maléfice que celui d’abattement et de damnation.
Sauf qu’à bien des égards, l’on pourrait parler de perfection pour évoquer ce titre. Perfection, car les riffs sont vraiment excellents, que ce soient ceux pleinement black metal, et notamment celui qui lance la seconde partie du morceau et où le groupe s’élance dans un cavalcade qu’on ne lui avait pas tant connu que ça, mais bien évidemment ceux plus posés et même pesants, pas si éloigné de cela du doom metal. Perfection, parce que l’on retrouve des mélodies imparables, comme souvent chez Agalloch, notamment quand il se permet des les harmoniser comme sur cette partie instrumentale sur la fin du premier acte. Perfection dans ses choix mélodiques jamais grandiloquents et toujours aussi poignants, avec de beaux soli, comme sur la fin du second acte, mais aussi, et toujours même, avec ces breaks aux arpèges ou aux acoustiques qui restent une des grandes marques de fabrique du groupe. Perfection dans la manière de construire ce titre et de faire ce va et vient avec les différents éléments qui font la force de cette formation. Il n’y a pas une seule partie superflue dans ce titre et quand les Américains se laissent aller à la répétition du même motif, c’est toujours fait sans excès mais avec cette beauté et cette classe qui ont toujours habité la formation. L’on retrouve bien évidemment cette patte folklorique, très influencée par la néo-folk, mais pas dans la manière d’utiliser les acoustiques, mais plutôt dans cette façon de jouer certains accords et certains riffs. Et c’est tout ceci qui fait la grandeur de ce Faustian Echoes c’est cette très belle alternance entre parties sauvages et d’autres plus aérées et désespérées. Même le chant de John Haughm, souvent considéré comme le point faible du groupe, est bien plus probant sur cet enregistrement, uniquement dans un registre black metal, mais avec bien plus d’engagement si je puis dire, et avec des paroles qui ne sont constituées que de tirades de la pièce de théâtre.
Faustian Echoes est une pleine et entière réussite et fait partie de ces longues pièces que l’on se plait à écouter en boucle sans jamais s’en lasser et surtout en demeurant subjugué par une telle perfection. Si l’on s’éloigne de la Nature avec cette pièce, l’on y découvre toutefois un Agalloch humain de par les sentiments qu’il transmet au grès de ces quelques vingt et une minutes, hors du temps, certes, mais tellement émouvantes. Rien à ajouter de plus si ce n’est que cet EP, passé un peu inaperçu à l’époque, mérite largement le détour et devrait plaire à tous ceux qui ont aimé un jour Agalloch, mais aussi ceux qui apprécient ses nombreux successeurs.
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