2014 n'a décidément rien de réjouissant. La crise qui perdure, le chômage qui monte, le FN aux Européennes, la rupture du couple présidentielle, le film sur l'affaire DSK à New York, la division de l'Ukraine, Montebourg encore au gouvernement, le temps de merde... Je ne me lancerai pas dans une liste exhaustive évidemment, ça fait déjà beaucoup. Heureusement, certaines nouvelles nous permettent de tenir le coup : la femme de Niktareum attend son 12ème enfant, FleshOvSatan semble encore écouter du black, Chris a écrit une chronique, Arch Enemy a sorti un bon album (non je rigole). Sans oublier le plus important : 2014 = coupe du monde de football ! Oui, on va être emmerdé pendant un mois par ce pseudo sport et notre équipe de guignols mais cela signifie surtout que l'on est dans une année Agalloch. Comme tous les 4 ans, nos routiers du folk accouchent d'une nouvelle oeuvre, la cinquième à ce jour, un événement en soit qui à l'instar d'un nouveau GTA balaie d'un revers de main tous vos soucis. Car à chaque fois, on n'est jamais déçu, n'est-ce pas ?
Enfin quand je dis "jamais déçu
", "Marrow of the Spirit" n'a pas franchement fait l'unanimité. Pouvait-il en être autrement après l'aboutissement que représentait
"Ashes Against the Grain" ? Il fallait être un peu réaliste. Toutefois, leur précédente production valait le détour à bien des égards : certes hétérogène, inégale et délicieusement maladroite, elle poussait néanmoins le groupe vers l'avant en proposant quelques accélérations et expérimentations intéressantes qui laissaient entrevoir de nouveaux horizons. Difficile donc d'imaginer ce que donnerait la suite... Quoiqu'il en soit, je n'aurais jamais pu envisager un virage vers ce "The Serpent & the Sphere". La limite entre évolution et recherche d'identité n'est pas toujours évidente à appréhender. Jusqu'à maintenant, le parcours de nos Orégonais ne faisait aucun doute ; ce cinquième album vient bousculer les certitudes. Pour faire court, le groupe revient à un style plus conventionnel et prévisible. Sombre et introverti, hargneux, contemplatif, "The Serpent & the Sphere" arbore plusieurs visages répartis au sein des 3 parties qui le composent, ponctuées par de superbes interludes acoustiques ("Serpens Caput", "Cor Serpentis" et "Serpens Cauda"). A la croisée du black, du dark folk et du doom rappelant parfois un Katatonia ou un Swallow The Sun, Agalloch abandonne les expérimentations d'un "Black Lake Niðstång", le chant clair de Haughm et une partie de leur touche progressive pour une entité aux contours flous.
Représenté par le titre fleuve "Birth and Death of the Pillars of Creation", le premier acte plante le décor et les doutes. Dénuées de réelle progression, ces 10 minutes laissent perplexe au premier abord, un titre lent et un poil faiblard, une introduction qui ne leur ressemble guère, sauvé par son atmosphère froide et tenace ainsi que quelques belles mélodies. Pour moi, l'album tient sur sa seconde partie avec l'enchaînement "The Astral Dialogue", "Dark Matter Gods" et "Celestial Effigy". Là encore, rien de la trempe de
"Marrow of the Spirit" mais on retrouve enfin la verve et la griffe des américains. Elan nostalgique ou réel désir de revenir aux sources, ces sont les sensations d'un
"Pale Folklore" qui ressurgissent, avec quelques relents des pièces les plus sévères de
"The Mantle". Les guitares électriques et le chant rugueux de Haughm au centre, les compositions n'offrent que peu de raffinement, privilégiant une approche résolument aride qui ravira probablement les adorateurs de la première heure. Malgré le côté réchauffé et les quelques temps morts, il serait idiot de bouder son plaisir : les morceaux se révèlent aussi efficaces que plaisants et les leads se montrent particulièrement inspirés, notamment en conclusion de composition. Malheureusement, la dernière partie qui succède à "Cor Serpentis" se prend les pieds dans le tapis sur un "Vales Beyond Dimension" qui ferait passer "Ghosts of the Midwinter Fires" pour un chef-d'oeuvre. Durant ses 7 minutes, on se demande ce que le groupe a bien voulu faire, commençant sur une sorte de doom/death puis enchaînant avec des breaks et leads nullissime pour continuer sur une accélération poussive... Ca sent le désespoir à plein tube, un titre bancal, sans consistance et dénué d'inspiration. Le supplice fait finalement place à l'instrumentale "Plateau of the Ages" qui, à défaut de proposer un morceau construit de bout en bout, relève le niveau par des mélodies rafraîchissantes, dans la veine de la partie précédente.
Au delà de la qualité intrinsèque de l'album dont chacun se fera son propre avis, les choix artistiques réalisés sur "The Serpent & the Sphere" demeurent un mystère en ce qui me concerne. Habitué à aller de l'avant, le groupe se complait ici dans un frustrant surplace et se laisse aller à une auto-caricature peu glorieuse. Si encore l'album était irréprochable mais il souffre de tellement de passages à vide et de fautes de goûts qu'on finit par se lasser. Sans doute sous couvert de vouloir nous entraîner dans un univers plus austère qu'à l'accoutumée, la disparition du chant clair et la tendance doomesque de l'ensemble cassent également la magie de leur folk qui puisait autrefois sa force dans un mélange plus subtil entre électrique et acoustique (pourtant vous savez comme j'aime le doom). On ne peut pas non plus dire que nos quatre compères excellent dans ce nouvel exercice, entre les hurlements black de plus en plus poussifs de Haughm et le jeu de batterie planplan de Dekker... Malgré tout, s'il y a bien une chose qui perdure, c'est cette ambiance hivernale comme les Américains en ont le secret. Agalloch maîtrise ses paysages dans leurs moindres contours et nous plonge une nouvelle fois au coeur des terres froides et sauvages de leurs contrées. Même s'il ne transporte pas autant que leurs précédentes productions, on ne peut enlever à cet album cette faculté de faire jaillir des images dans vos oreilles et de vous isoler du monde. Avec ses deux ou trois bons titres ("The Astral Dialogue" en tête) et ses interludes (tous fantastiques pour le coup), Agalloch assure le minimum syndical et signe, de mon point de vue, l'album le moins marquant de sa discographie. Un disque qui manque cruellement d'âme, de passion et d'émotion... Dur à avaler après quatre ans d'attente.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo